Aller en Suède sans avion

Aussitôt rentrée de ce petit périple d’automne en Suède sans avion, je partage avec vous mon roadbook concocté maison, avec infos pratiques, budget et conseils. Voyager sans avion, voilà un concept qui convient parfaitement au pays qui a inventé un mot pour ce sentiment que nous sommes de plus en plus nombreux.ses à partager : la honte de prendre l’avion, ou flygskam en VO. Sur ce sujet, je vous recommande d’ailleurs ce très bel article de Delphine sur son blog In rando veritas. Je partage complètement son ressenti !

Alors, comment organiser un voyage de Paris vers la Suède sans avion ? A quoi s’attendre quand on visite la Suède en novembre ? Comment ne pas exploser son budget dans un pays qui est réputé cher ? Je vous donne quelques pistes ici, après ce voyage de 11 jours en quatre étapes : Hambourg, Stockholm, Umeå et Göteborg.

Stockholm dans la brume d’automne

Trouver les bons trajets

Évidemment, la meilleure alternative à l’avion est le train. Le train, c’est plus qu’un moyen de transport, c’est un état d’esprit. J’adore voyager en train, comme je l’ai fait au printemps 2019 en Europe centrale. J’avais pris un pass Interrail, et c’est bien sûr une option intéressante pour aller de la France à la Suède sans avion.

Toutefois, en faisant mes calculs, je me suis aperçue que ce n’était pas forcément le moins cher puisqu’il faut parfois ajouter au prix du pass les réservations pour certains trains, dont les trains à grande vitesse et les trains couchettes. Après, le pass Interrail reste une très bonne option en termes d’organisation, car leur rail planner est très bien fait.

Pour ma part, j’ai pris le temps de comparer plusieurs options afin de réduire le budget au maximum. Si vous réservez vos billets à l’unité, comme je l’ai fait, il vous faudra naviguer entre plusieurs sites et compagnies de transport, mais ça vaut le coup (et si comme moi, vous avez une passion étrange pour les horaires de train et de bus, vous y prendrez même du plaisir !).

Entre la France et l’Allemagne

Pour aller en Scandinavie depuis la France, il faut passer par l’Allemagne. Premier conseil : prenez votre billet entre la France et l’Allemagne sur le site de la Deutsche Bahn et non sur celui de la SNCF. Il peut y avoir une différence du simple au double pour le même train, c’est hallucinant. Je n’ai pas utilisé le site Trainline cette fois-ci, mais je crois que c’est aussi une option intéressante.

Deuxième conseil : j’ai découvert au gré de mes recherches que la compagnie Flixbus opère des trains en Allemagne, pour un coût vraiment modique. J’ai trouvé des Flixtrain Stuttgart-Hambourg à 9,99 euros. Ce sont des anciens trains, type trains corail, qui ont été rénovés. Ils sont plutôt confortables, il y a même des prises à toutes les places et un site de divertissements en ligne. Par contre, ce ne sont pas des trains à grande vitesse, donc il faut avoir du temps.

Comme il n’y a pas de train direct entre Paris et Hambourg, j’ai dû faire des changements. En termes d’étapes, je n’ai pas été très maline, ma géographie de l’Allemagne étant vraiment mauvaise. Je suis passée par Stuttgart, ce qui m’a rajouté quelques heures de train pour pas grand chose. L’étape la plus courte est probablement Cologne, qui est accessible en Thalys depuis Paris, avec ou sans étape à Bruxelles. Ensuite, de Cologne, il y a des Flixtrain pour Hambourg.

La seule option directe que j’ai trouvée entre Paris et Hambourg est un bus de nuit sur le site de Flixbus, pour une durée de 12h30. A vous de faire votre choix !

Enfin, l’Allemagne se lance dans des politiques fortes d’incitation au train. Après l’opération de l’été dernier proposant un ticket mensuel à 9 € sur les transports régionaux et locaux (transports urbains compris), la proposition d’un pass mensuel à 49 € devrait entrer en vigueur au 1er janvier 2023. N’hésitez donc pas à vous renseigner sur ce fameux ticket, qui va probablement faire de l’Allemagne une destination très prisée des train bums ces prochaines années !

Entre l’Allemagne et la Suède

Depuis Hambourg, on peut rejoindre la Suède en train, mais il faut faire un changement à Copenhague. C’est une ville vraiment cool qui vaut carrément le coup de faire une étape, mais ce n’était pas dans mes plans cette fois-ci. Il y a un projet de train de nuit direct entre Hambourg et Stockholm, en fait il circule déjà, mais il semble rencontrer des problèmes techniques au Danemark. Il n’était pas réservable à mes dates, mais gardez un œil dessus, car cela évoluera sans doute dans les mois à venir.

Comme je cherchais un trajet direct et pas cher, je me suis tournée vers le bus. Ce n’est pas mon moyen de transport préféré, mais c’était deux fois moins cher que le train et c’était direct. C’est comme ça que j’ai passé une nuit en bus entre Hambourg et Stockholm à l’aller, et une grosse journée entre Göteborg et Hambourg au retour.

Un conseil si vous choisissez cette option : mettez quelques euros de plus pour choisir votre siège, notamment pour le trajet de nuit. J’ai réservé sur le site de Flixbus, tout est simple et bien fait, et les bus sont propres et plutôt confortables. Il y a une petite portion du trajet qui se fait en ferry entre l’Allemagne et le Danemark, c’est l’occasion de se dégourdir les jambes et de prendre l’air !

Enfin, c’était assez notable qu’il y avait peu de femmes seules voyageant en bus de nuit, mais cela n’a pas été un problème et je ne me suis pas sentie menacée.

En Suède

Le réseau ferré est plutôt efficace et le site de la SJ permer de faire les réservations en anglais. J’ai profité de deux trains de nuit, l’un entre Stockholm et Umeå, l’autre entre Umeå et Göteborg. L’avantage, c’est que ça économise une nuit d’hôtel à chaque fois, pour un prix tout à fait raisonnable. Et contrairement au bus, on peut dormir dans une couchette !

J’ai choisi des compartiments de six places réservés aux femmes. Ça faisait longtemps que je n’avais pas pris le train de nuit, mais j’ai plutôt bien dormi. En plus, ça m’a permis de faire des rencontres sympas. Si vous avez un budget plus large, il y a des compartiments de 2 ou 3 personnes. Et j’ai remarqué qu’il y avait aussi des compartiments pour voyager avec son animal ! La prochaine fois, j’emmène Vita.

Au total, mon budget transports pour ce voyage était de 340 euros. Pour aller de Paris à Umeå en avion (via Stockholm), cela m’aurait coûté 250 à 300 euros en réservant très en avance. L’avion reste moins cher, c’est certain, et c’est une grosse partie du problème. Mais je trouve que la différence n’est pas énorme, surtout en intégrant le fait que j’ai fait trois trajets de nuit, soit trois nuitées en moins. Et le sentiment d’aventure n’est pas du tout le même !

Quelles étapes pour un voyage en Suède sans avion ?

Je vous propose quelques bonnes adresses et idées pas chères dans les quatre villes où je me suis arrêtée, à savoir Hambourg, Stockholm, Umeå et Göteborg.

Escale à Hambourg

Hambourg sera très probablement sur votre chemin si vous allez en Suède par les transports terrestres. La ville est très bien desservie par le train et le bus, et elle vaut le coup de s’y arrêter. J’y ai passé une petite journée à l’aller et une soirée au retour. C’était une ville qui m’intriguait depuis longtemps, notamment pour son architecture de briques et son ambiance portuaire.

J’ai profité du beau temps pour me balader, car j’avais vraiment envie d’être dehors après avoir passé une journée dans le train et avant de reprendre le bus. Je suis allée assez naturellement dans l’ancien quartier des docks, là où se trouve la fameuse Philharmonie de l’Elbe, à l’architecture spectaculaire. C’était très beau, mais j’ai trouvé que ce quartier manquait d’ambiance. J’avais la même impression que dans le quartier de la BNF à Paris. Ici comme ailleurs, les promoteurs immobiliers ont fait main basse sur les anciens quartiers industriels, ils ont rénové les vieux bâtiments en briques et construit des résidences haut de gamme qui portent le nom de « grands explorateurs », parfaits symboles du capitalisme naissant (Colomb, Polo, Gama…). Au final, les villes paient le prix de ces opérations coûteuses et ces quartiers peinent à trouver une âme. J’étais quand même contente de voir certains entrepôts qui n’ont pas été rénovés et qui ont conservé leur belle brique foncée, ainsi que les poulies à leur fronton.

Les quais de l’Elbe à Hambourg

Après, Hambourg est une ville super agréable pour les piétons et la flânerie. Les quais de l’Elbe ont été aménagés avec beaucoup de spots pour chiller, ce qui est parfait avec un petit rayon de soleil. Dans le centre-ville, de nombreuses façades témoignent du passé prospère de cette ville commerciale qui a fait partie de la ligue hanséatique, comme Gdansk. Il suffit de lever le nez pour découvrir plein de détails architecturaux parfois insolites !

Je suis repassée à Hambourg le dernier soir de mon voyage. J’étais crevée et je n’avais pas envie d’aller loin de l’hôtel. J’ai évité l’abord des gares routière et ferroviaire d’Hambourg, car ce n’est pas hyper bien fréquenté. Quelques rues plus loin, le quartier St Georg offre une ambiance assez tranquille et jolie. Il y a plein de petits restos et bars de quartier dans la rue Lange Reilhe. J’ai jeté mon dévolu un peu au hasard sur Max & Consorten, attirée par le fait qu’il y avait du monde un dimanche soir. C’est un genre de pub/bar où l’on trouve des plats pas trop chers, dont quelques options végé (mais j’ai craqué pour une currywurst et une bière). C’était très bien et l’ambiance sans chichi m’a plu.

Où dormir à Hambourg ?

A l’aller et au retour, j’ai dormi au Generator Hamburg, une grande auberge de jeunesse qui est idéalement située entre la gare ferroviaire et la gare routière. L’endroit en soi n’a pas vraiment de charme, mais c’est super fonctionnel et pratique. Une nuit dans une chambre de 4 ou 6 personnes coûte 20 à 30 €, avec toilettes et salle de bains dans la chambre. Ça fait le job.

Pour plus d’infos sur Hambourg, je vous renvoie à ce chouette article du blog Mi-fugue, mi-raison.

Deux jours à Stockholm

Mi-novembre à Stockholm, j’ai eu la chance d’avoir deux journées plutôt agréables où il ne faisait pas froid, dont une journée avec un grand soleil. Je vous souhaite de découvrir cette ville avec une lumière d’automne rasante, dorée, qui tranche sur le bleu vif de l’eau omniprésente.

J’étais déjà allée à Stockholm (en 2008) et j’avais vu les classiques (le Vasa Museet, le parc du Skansen, la vieille ville, l’archipel…). Pour deux jours de flânerie en automne, je vous conseillerais de passer une journée à Skeppsholmen, petite île aux musées située en plein centre de la ville. Les collections du Moderna Museet et du Nationalmuseum sont gratuites, pourquoi ne pas en profiter ? Devant le Moderna Museet, j’étais contente de saluer les joyeuses sculptures de Niki de Saint-Phalle et Jean Tinguely. Les musées suédois sont aussi des endroits très agréables où chiller, avec des cafés et cafétérias souvent sympas (bien qu’un peu chers). Ce sont également des lieux vraiment kids friendly, avec des emplacements où garer ses poussettes et même des aires de jeux à l’intérieur des musées. D’une manière générale, la Suède est vraiment une destination très familiale, car beaucoup de choses sont bien pensées pour les enfants et les parents.

Ensuite, je me suis baladée au bord de l’eau, d’une île à l’autre, et j’ai bouquiné sur un banc, réchauffée par un rayon de soleil. En fin de journée, on marche jusqu’à l’hôtel de ville, immense bâtisse de briques qui est aussi un des meilleurs spots à sunset de la ville. Voir le soleil se coucher – même tôt – sur les collines de Södermalm et entre les colonades de briques, c’est assez magique !

Les collines de Södermalm, justement, sont un bon point de départ pour une deuxième journée consacrée à ce quartier. Depuis le métro Zinkensdamm, j’ai suivi un des chemins de promenade qui offrent une vue dégagée sur la ville. C’est un plaisir de voir les bâtiments se refléter dans l’eau, de longer des jardins partagés aux palissades en bois rouge et de saluer les écureuils. Ici et là, des bancs et des tables à pique-nique permettent de profiter de la vue.

Une fois arrivée vers Slussen, on peut continuer la balade vers Vitabergsparken. Avec sa belle église qui ressemble à un château, son joli parc et ses maisons de bois rouge datant du 19ème siècle et très bien conservées, Vitaberg est un spot de pique-nique prisé aux beaux jours et un lieu agréable de promenade en toute saison. Ensuite, vous êtes à deux pas du micro-quartier SoFo, avec ses bars branchés et ses friperies. A Södermalm, j’ai visité le musée Fotografiska, mais je ne le recommande pas forcément, car je l’ai trouvé trop cher au vu des expositions qui y sont présentées. Autant aller voir un musée public gratuit. L’avantage de Fotografiska est toutefois qu’il est ouvert tous les jours et jusqu’à 23 heures.

Un bon plan pour manger à Södermalm est le buffet vegan De Herman, juste au-dessus de Fotografiska. C’est sain, copieux et cosy, et la salle a une très jolie vue. De 11 heures à 16 heures, le prix est de 17 € pour un grand buffet salé à volonté, et ça inclut le café ou le thé.

S’il vous reste un troisième jour à Stockholm et s’il fait beau, prenez un bateau pour aller voir l’archipel, c’est tellement beau.

Où dormir à Stockholm ?

Le City Backpackers Hostel avait de très bonnes critiques, et elles sont amplement méritées. C’est un super rapport qualité-prix, une auberge qui offre à la fois des dortoirs cosy et plein d’espaces collectifs : une grande cuisine, un sauna, des espaces de travail et de chill. Tout est bien pensé, et j’ai pu par exemple prendre une douche en arrivant le matin même si je n’avais pas encore accès à la chambre (et croyez-moi, après une nuit en bus, ça m’a sauvé la journée). Le City Backpackers Hostel est à 5-10 minutes à pied des gares routière et ferroviaire. Le quartier est calme et central, bref c’est un parfait point de chute à Stockholm ! J’ai payé 32 € pour une nuit dans une chambre de six personnes (non mixte).

J’étais très heureuse de redécouvrir Stockholm. Je l’avais bien aimée la première fois, mais je trouvais qu’elle manquait un peu de personnalité à côté de villes comme Berlin ou Copenhague. C’est peut-être une affaire d’âge, mais cette fois j’ai été plus sensible à son charme, à sa beauté discrète, à sa simplicité et à son calme. Je m’y suis sentie vraiment bien.

3-4 jours à Umeå

Ma motivation pour faire ce voyage était d’aller voir une exposition sur l’artiste Nancy Holt dans cette petite ville du nord de la Suède, qui reste assez peu touristique. A 600 km au nord de Stockholm, Umeå est moins connue que Kiruna ou Abisko, villes du grand nord prisées des voyageurs.ses en quête d’aurores boréales et d’ambiance arctique. Pourtant, on peut aussi y voir des aurores boréales, et elle offre une richesse culturelle vraiment incroyable pour une ville de cette taille. J’y suis allée un peu sur un coup de bluff, et ça a été un vrai coup de cœur. Je n’avais jamais été aussi au nord, et la lumière, de nuit comme de jour, était toujours spéciale, regardez :

Je vous conseille de commencer votre visite d’Umeå au centre culturel Väven, qui se trouve en plein centre-ville dans un beau bâtiment moderne blanc qui se reflète sur le fleuve Ume. Prenez un café et une pâtisserie à Kulturbageriet, puis trainez un peu dans la bibliothèque municipale et passez faire un tour au Musée de l’Histoire des femmes. Un musée assez unique en son genre, qui existe depuis 2014, et qui présente des expositions temporaires liées à la place des femmes dans la société. J’y ai vu deux expositions, l’une sur les 5 ans de #metoo en Suède et l’autre sur une communauté de pêcheuses coréennes.

Et c’est clairement une chose qui m’a séduite à Umeå : les initiatives sur le matrimoine et le féminisme dans l’espace public. Outre le Musée d’Histoire des femmes, j’ai été subjuguée par la sculpture « Listen » de Camilla Akraka, qui se trouve sur la place principale de la ville et qui rend hommage au mouvement #metoo et aux personnes qui prennent la parole pour dénoncer les violences sexuelles. Cette statue représente une panthère en métal rouge vernissé, qui pousse un cri de colère, tous ses muscles tendus. J’ai trouvé ça hyper fort, ça m’a beaucoup émue.

La municipalité d’Umeå a aussi conçu un espace au bord du fleuve en concertation avec des jeunes filles pour qu’elles s’y sentent bien et safe. Près de la gare, un tunnel a été refait pour que les passantes s’y sentent plus en sécurité, et dans le tunnel il y a une œuvre qui rend hommage à l’autrice Sara Lidman, qui était originaire de la région. Umeå, destination féministe ? Oui, clairement.

La statue « Listen », hommage à #metoo, devant l’hôtel de ville d’Umeå

Et c’est aussi une destination de choix pour les amateurices d’art, avec de très beaux musées gratuits, en intérieur ou en extérieur. Si vous aimez l’art moderne ou contemporain, vous trouverez probablement votre bonheur avec les expositions du Bildmuseet, magnifique bâtiment de bois et de verre installé au bord de la rivière et au cœur de l’université. Le musée d’histoire régionale, le Västerbottens Museum, a aussi été une très bonne surprise, avec des salles sur l’histoire de la région, mais aussi sur le design, le textile, la photo, et des expositions temporaires plutôt ambitieuses sur des thématiques très contemporaines. Le musée se poursuit à l’extérieur, avec des reconstitutions de bâtiments anciens et d’habitat sami, par exemple.

Enfin, à 15 minutes en bus du centre-ville, le parc de sculptures d’Umedalen rassemble une quarantaine d’œuvres sur le site d’un ancien hôpital psychiatrique qui est aujourd’hui un quartier avec des bureaux, des écoles, des habitations ou encore une bibliothèque. C’est vraiment sympa de voir les enfants sortir de l’école et jouer dans les sculptures. Il y a aussi quelques œuvres en plein air sur le bord de la rivière au niveau du Bildmuseet. Globalement, l’art est très présent dans l’espace urbain à Umeå, et cela m’a conquise !

Le petit centre-ville d’Umeå est très sympa et animé. Comme il faisait nuit tôt en novembre, j’ai aussi beaucoup trainé dans les cafés, fait un tour chez le disquaire, été au cinéma et à la piscine. Je vous recommande notamment l’espace bien-être de la piscine, idéal après une journée bien froide !

Où dormir à Umeå ?

Je n’ai pas trouvé d’hébergement en dortoir à Umeå, donc cela m’a coûté un peu plus cher que dans les autres villes (environ 65 € par nuit), mais j’ai beaucoup aimé l’endroit où j’étais : le Norrland YMCA Hostel. C’est à la fois un hôtel et une résidence étudiante. Les chambres sont très cosy, avec bureau, bon lit et lavabo. Les sanitaires et les douches sont partagés, et il y a plein d’espaces communs très pratiques : une grande cuisine à chaque étage, une salle de sport, une buanderie et un grand salon. Le prix inclut aussi un petit-déjeuner buffet généreux (on peut faire des gaufres !). C’était marrant de partager mes diners avec des étudiants qui se faisaient des steaks surgelés et du riz au ketchup. Cerise sur le gâteau, l’équipe est super sympa et arrangeante. En prévenant à l’avance, j’ai pu récupérer ma chambre en arrivant du train de nuit, c’était très appréciable.

24 heures à Göteborg

Je suis arrivée à Göteborg après une nuit en train et j’ai été accueillie par un petit vent froid. J’ai pu poser mes bagages à l’auberge de jeunesse, mais je n’ai pas pu me doucher ni me poser un peu, et c’est donc légèrement fatiguée et frigorifiée que j’ai entamé cette journée à Göteborg.

L’ambiance m’a semblé différente de Stockholm ou Umeå. Göteborg montre encore un autre visage de la Suède, plus continental peut-être. C’est une grande ville, mais le centre se visite bien à pied. Après un bon cappuccino, direction le musée de Göteborg, situé au bord d’un des canaux qui sillonnent la ville. En passant en tram, j’avais repéré une affiche pour une exposition temporaire sur la créatrice de mode Augusta Lundin, qui créa le premier studio de mode de Suède, et qui habilla toutes les fashionistas de son époque. L’expo était chouette, et cela m’a permis de découvrir les collections du musée, qui sont consacrées à l’histoire de la ville. C’est un des rares musées où vous pourrez voir les restes d’un bateau viking, ce n’est pas rien !

Ensuite, j’ai trouvé par hasard une belle halle couverte où déjeuner, le Stora Saluhallen. Ce genre d’endroits pratique parfois des prix prohibitifs, mais les stands où manger sur place n’étaient pas exagérés. J’ai pu tester les fameuses boulettes de viande en sauce accompagnées de confiture d’airelle, de purée, de petits pois et de pickles. C’était super réconfortant, j’avoue !

Après ça, j’étais prête pour une grande balade. La lumière était belle et décroissait déjà, c’était mon dernier jour en Suède et j’ai traqué le coucher de soleil sur les collines de la ville, d’abord au réservoir de Landala, puis au Skansen Kronan. Les deux offrent de beaux panoramas, et c’était magnifique de voir les couleurs changeantes de fin de journée sur la ville. Skansen Kronan est juste au-dessus du quartier de Haga, où faire du shopping ou boire des cafés entre deux balades.

Göteborg a aussi un archipel qui mérite certainement d’y faire un tour. Pour en savoir plus sur la région, allez lire cet article de notre amie Amandine, alias la Lykorne illettrée, sur sa découverte du Bohuslän en automne.

Où dormir à Göteborg ?

Les auberges de jeunesse ne sont pas près de la gare, et il m’a donc fallu prendre le tram pour aller au Slottsskogens Hostel (sachant qu’un ticket de tram coûte 3-4 €). C’est une auberge de jeunesse sympa, mais les chambres sont vraiment petites, avec des lits superposés basiques sans aucune intimité. Le petit plus, c’est le sauna gratuit, qu’on aime toujours évidemment ! J’ai payé 29 € pour une nuit dans une chambre de quatre personnes (non mixte).

La Suède en novembre : à quoi s’attendre ?

Pendant cette semaine en Suède en novembre, j’ai eu des belles journées, des journées grises, du temps d’automne et du temps d’hiver, mais le fait le plus notable pour moi était le jour qui se couche vraiment tôt. J’ai admiré de très beaux couchers de soleil vers 15h30 à Stockholm, 14h30-15h à Umeå et 16h à Göteborg ! Ça joue forcément sur le rythme du voyage. J’avais une grosse baisse de motivation une fois la nuit tombée, mais ce n’est pas très grave après tout, de ralentir le rythme. C’est aussi ça, le slowtravel : ne pas transformer chaque voyage en marathon. Et puis on comprend toute l’importance du fika, ce goûter rituel qui meuble les longues après-midi. Quand la nuit s’installe, c’est le moment de prendre une boisson chaude et une brioche à la cannelle ou au safran.

En termes de température, c’était encore l’automne à Stockholm, avec 5 à 8 degrés. Assez logiquement, il faisait déjà moins de zéro à Umeå, jusqu’à -5 ou -7 degrés, avec du givre, du verglas et une fine neige. J’ai parlé avec une habitante d’Umeå qui s’étonnait que je visite la Suède à cette période, avant la vraie neige. Elle attendait son arrivée avec impatience ! A Göteborg, j’ai eu une température de 0 à 2 degrés, avec un vent vraiment froid. Enfin, j’ai eu la chance de ne pas avoir à sortir mon parapluie une seule fois pendant ce voyage !

Conseils pratiques pour visiter la Suède en novembre

J’ai organisé mes affaires un peu comme si j’allais faire du camping en hiver, avec un thermos, un sac de couchage et mes vêtements les plus chauds, tout en essayant de réduire le volume pour partir avec seulement une petite valise et un sac à dos. L’idéal est toujours de prévoir de faire une lessive à mi-parcours. Une autre astuce pour gagner de la place est d’utiliser un sac de compression. J’ai utilisé celui d’une de mes sacoches de bikepacking et c’est vraiment super pratique. Cela m’a permis d’avoir de la place pour un sac de couchage, luxe peut-être superflu qui m’a néanmoins permis de passer une pas trop mauvaise nuit dans le bus (et que j’ai utilisé aussi pour les nuits en train). Niveau vêtements, des boots fourrées et des bonnes chaussettes sont indispensables. J’avais récupéré la parka d’une amie qui a vécu en Finlande, et ça m’a bien sauvé la vie je crois ! Enfin, n’oubliez pas votre maillot de bain et une deuxième serviette microfibre, au cas (probable) où vous croiseriez un sauna…

Pour se nourrir, il est difficile de faire à moins de 8-10 € le repas en mangeant dehors. En plus, le froid me donne envie de manger tout le temps (ou c’est juste une excuse à ma gourmandise). Toutefois, on trouve des 7/11 partout à Stockholm et à Göteborg. A Umeå, il y a un supermarché en centre-ville. Le plus avantageux est donc de choisir un hébergement où on peut cuisiner. J’avais également pris des sachets de thé rooibos avec moi, je m’en préparais le matin à l’auberge de jeunesse et comme ça j’avais un thermos chaud toute la journée avec moi. Et bien sûr, on prévoit du chocolat et des Balistos en cas de fringale urgente !

Par ailleurs, la Suède est un pays très cashless, ce qui n’est pas forcément à l’avantage des voyageur.ses puisque la banque prélève une commission à chaque paiement par carte (la Suède n’étant pas dans la zone euro). Beaucoup d’endroits ne prennent juste pas de liquide.

En conclusion, c’est vraiment possible de partir sans avion pour une dizaine de jours en Suède et de profiter sur place. J’ai eu deux journées pleines à Stockholm, quatre journées pleines à Umeå, 24 heures à Göteborg et même un peu de temps à Hambourg. Sur mes 11 jours de voyage, trois ont été entièrement consacrés à des trajets, principalement pour aller de Paris à Hambourg.

Au-delà de la question écologique, ce choix modifie aussi le rythme du voyage, la perception du temps et du paysage. Forcément, ce type de voyage convient mieux à des personnes assez contemplatives, mais avec quelques bons bouquins et des épisodes de série téléchargés sur Netflix, ça passe plus vite qu’on ne pourrait le croire !

Alors, tenté.e par une escapade en Suède sans avion un de ces jours ?


18 réflexions sur “Aller en Suède sans avion

  1. Un article passionnant.Je ne sais pas si j’aurais la forme encore pour faire comme toi :).
    Pour revenir aux prix des trains sncf par rapport aux cies étrangères, je trouve cela dingue. J’avais remarqué cela aussi pour l’Italie.

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    1. Merci Sophie ! Je pense qu’un itinéraire 100% train sur 15 jours par exemple, en s’arrêtant à Copenhague et sans forcément monter jusqu’à Umeå, peut être une variante très agréable et pas trop fatiguante… Ça se tente, allez !!

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  2. Ton Swedish tour m’intéresse grandement, ayant pour projet depuis déjà plusieurs années d’aller jusqu’à Göteborg en train via Hambourg et Copenhague (je veux aller jusqu’aux îles de l’archipel).

    Merci pour la mention « flygskam » 😊

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    1. Moi aussi j’en avais envie depuis longtemps, et franchement c’est un super voyage ! Je pense que la halte à Copenhague s’impose si tu ne connais pas cette ville. Je te souhaite de réaliser ce beau périple prochainement !

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  3. Ça alors, on ne s’attendait pas à voir passer notre nom dans un article scandinave, merci ! En tout cas on retient ton article, merci pour l’idée et les détails techniques, car l’appel du grand nord se fait de plus en plus fort.

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  4. C’est une très belle idée de voyage ! En plus, en dehors de l’été, on connais moins ces contrées et c’est tout aussi intéressant, on peut voir un autre visage ! 🙂
    J’avais été à Skeppsholmen, j’avais bien aimé et j’ai aussi croisé les nanas de Niki de Saint Phalle !
    Le slow travel c’est génial quand on peut se le permettre, ça change complètement l’expérience, le trajet est un bout du voyage alors que quand on prend l’avion 2 heures c’est un moment à passer.
    Tu as pris quelques trains et autres modes de transports, tu es sûre que ça ne rejette pas plus de CO2 au final que l’aller-retour en avion ? Je ne pense pas, mais c’est une question à se poser quad on commence à cumuler les moyens de transports. 🙂

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    1. Merci Anne, je pense qu’on peut trouver son bonheur en toute saison dans les contrées scandinaves ! Pour répondre à ta question sur les émissions de CO2, j’ai fait une simulation sur le site de l’Ademe, et le résultat est sans appel : en cumulant bus et trains pour faire ce voyage, ça représente environ 67 kg de CO2. Un aller-retour en avion Paris-Stockholm (donc sans aller jusqu’à Umeå) représente 552 kg de CO2. En revanche, c’est quand on voyage en voiture sur de longs trajets que l’avion pollue moins en effet.

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