A 1916 kilomètres de chez moi, il y a…

Un nom de blog, c’est un peu comme un nom de groupe de rock : on le choisit au milieu de la nuit, ça parait être une idée géniale sur le coup, tout semble limpide, ça va parler à tout le monde et hop on achète un nom de domaine et on se lance. Et puis voilà, on se le coltine pendant des années, on n’y pense plus vraiment, mais des fois, quand on donne son pseudo Insta à une nouvelle personnes dans la vraie vie, on se demande : pourquoi j’ai choisi ce nom-là, déjà ?

Je sais que 1916 kilomètres c’est un nom alambiqué, trop long, incompréhensible. C’est le nom du blog et des réseaux sociaux qui vont avec, et que je n’arrive pas à changer pour mettre juste mon nom ou un autre pseudo. Il fut un temps où j’utilisais « Deux dames en van », mais nous n’avons plus de van maintenant, alors j’ai tout remis sous le nom de 1916 kilomètres.

Je sais aussi qu’on s’en fout un peu. Quand des comptes que je suis changent de pseudo, je remarque la différence et puis je passe rapidement à autre chose, car souvent je sais déjà qui est derrière ce nom-là et c’est tout ce qui m’importe. J’aime bien observer comment chacun∙e se présente, c’est le jeu des réseaux sociaux et des blogs. Pourtant, c’est loin d’être essentiel pour moi. Les personnes qui me suivent savent bien qui est derrière 1916 kilomètres : c’est moi, Paule-Elise, qui raconte ma vie et aussi un peu celle d’Hélène (avec toujours son accord et parfois sa participation active). C’est notre vie de lesbiennes de 40 ans toujours en quête des prochaines aventures. C’est une vie douce, drôle, pleine de lubies diverses et variées, légères ou graves.

Depuis que ce blog existe, les sujets ainsi que le ton et le style ont bien sûr évolué. C’est la beauté des blogs, je trouve : voir les personnes changer avec le temps, trouver leur style, varier leurs intérêts, leur façon de voyager ou d’écrire – en s’excusant parfois de cela alors qu’au contraire il serait si ennuyeux de ne rien changer sous prétexte de respecter une soi-disant « ligne éditoriale ». J’aime la fluidité et l’instantanéité des blogs pour cela.

Cet été, alors que nous étions en Finlande avec le Berlingo, j’étais en train de regarder un itinéraire sur Maps quand je me suis souvenue d’une discussion qui remontait au Salon des Blogueurs voyage de Millau en 2018. J’en garde un bon souvenir, car c’était l’occasion de rencontrer en vrai des blogueureuses qu’on suivait déjà ou d’autres qu’on ne connaissait pas.

Entre deux activités, nous étions avec Amandine, Audrey et Patrick à prendre un verre devant notre bungalow dans le grand camping privatisé pour l’occasion. Je me souviens que Ruby, notre vieille chienne des rues, était là aussi, faisant amie amie avec les nouvelles copaines. On parlait de nos blogs, justement, et des noms qu’on avait choisis, et là, quelqu’un∙e nous a dit (mais je ne me rappelle plus qui) : « Ce serait marrant que vous alliez dans des destinations qui seraient vraiment à 1916 kilomètres de chez vous ! »

J’ai adoré l’idée, bien sûr, et une fois rentrée à la maison, j’ai regardé où cela nous mènerait : non loin de Thessalonique ou de Bucarest, ou dans l’ouest de l’Ukraine. J’avais regardé surtout vers l’est, mais, je ne sais pas pourquoi, je n’avais pas regardé vers le nord. Puis le temps a passé, il y a eu d’autres voyages, l’idée a glissé sous un tapis quelconque de la mémoire.

Ces temps-ci, c’est le matrimoine/le queeritage dans les pays du nord qui fait germer dans mon esprit des envies de voyages et d’écriture. J’ai commencé à creuser ce sillon en novembre dernier avec mon voyage en Suède. Cet été, en Finlande, nous avons relié des points retraçant la vie de plusieurs artistes, dont Tove Jansson, Tuulikki Pietilä, Nancy Holt ou Tom of Finland – comme nous l’avions fait en 2017 sur les traces d’Hemingway ou plus récemment cet hiver sur celles de Giorgio Bassani. Les thèmes changent, mais l’état d’esprit reste le même : la quête, le besoin de pister, mais aussi la volonté de s’en remettre à une forme de hasard, d’imprévu. C’est notre manière de vivre l’aventure.

Cet été donc, en Finlande, je regardais un itinéraire sur Maps quand je me suis demandé : « Tiens, on est à combien de kilomètres de la maison ? » Et il se trouve que nous étions précisément dans ce rayon de 1916 kilomètres autour de chez nous.

A 1916 kilomètres de chez moi, il y a le sud de la Finlande. Il y a Helsinki, où Tove Jansson, Tuulikki Pietilä ou encore Tom of Finland ont vécu et travaillé. Il y a aussi Pinsio, à l’ouest de Tampere, où se trouve l’une des seules œuvres in situ de Nancy Holt en Europe. Et ça m’a fait sourire de voir que nous réalisions inconsciemment ce défi lancé par des ami∙es il y a plusieurs années.

Alors, je ne vais pas changer de pseudo tout de suite. Pas tant que je n’aurais pas exploré en long, en large et en travers toutes les potentialités géographiques et poétiques contenues dans ces 1916 kilomètres.  

Je suis revenue de Finlande avec beaucoup de notes, et il me reste maintenant à mettre tout ça au clair. Je ferai ici un article sur les aspects les plus pratiques de ce roadtrip, mais le reste sera sans doute trop long pour tenir ici. Et ces derniers temps, j’ai envie de papier. En parallèle du fanzine-revue de voyage féministe qui devrait bientôt voir le jour, je tente de me remettre à l’écriture au long cours. J’ai commencé un projet qui parle – ô surprise – de voyage, de matrimoine, du nord, de l’amour, du deuil et de la santé mentale. C’est mon programme de rentrée et la raison pour laquelle j’écris moins ici. Souhaitez-moi bonne chance, car je ne connais pas grand-chose de plus ingrat que ça ! Je prends vos conseils, vœux et maraboutages en tous genres.

Les photos de cet article ont donc été prises à plus ou moins 1916 km de la maison – en Finlande en tout cas.

Et bonne rentrée à vous ! Quelles sont vos envies pour ces prochains mois ?  


10 réflexions sur “A 1916 kilomètres de chez moi, il y a…

  1. J’aime beaucoup ton article Paule Élise. Il est plein de sensibilité et d’émotions. C’est vrai que nos blogs évoluent au fil de l’eau et c’est ce qui fait leur richesse. On s’y interroge, on tâtonne, on s’affirme. Je suis sûre que la plupart d’entre nous en lançant nos blogs n’imaginait pas où cela allait nous mener… et comme tu le dis, peu importe le titre, ce qui est important, c’est la personne derrière. Bonne chance pour ton projet. Hâte de voir sa concrétisation.

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    1. Merci beaucoup Renée ! J’ai un peu honte parfois de certains des premiers articles de ce blog, mais j’y suis aussi attachée, c’étaient les premiers petits cailloux d’une aventure assez folle… qui n’est pas terminée !!

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  2. Personnellement, j’ai toujours aimé le nom du blog. Je trouve que ça n’est pas si dur que ça à s’en souvenir (j’ai une assez mauvaise mémoire, et pourtant je m’en souviens 😉 ), et je trouve ça tellement mieux que tous les voyagesmachintrucetc 🙂

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  3. Oh, les petits regrets sur les noms de blog, comme ça me parle ! Mais j’ai toujours aimé 1916 kilomètres, c’est bien trouvé et ça reflétait bien votre angle du tourisme de mémoire.
    Je me souviens de la fameuse conversation, même si je ne sais plus exactement non plus qui a proposé cette idée de voyages à 1916 kilomètres de chez vous ! J’aime d’autant plus le fait que votre voyage en Finlande était pile à cette distance. Bonne chance et bon courage pour ton projet d’écriture ♥

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    1. Toute cette conversation pointait vers la Finlande, c’est la morale de l’histoire, c’était notre destin !! Je me souviens que tu avais quelques hésitations sur ton nom de blog il y a quelques temps, moi je l’aime vraiment bien comme il est 😄

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  4. Ton nom de blog est parfait, original, j’imagine 1916 kilomètres à parcourir sur un temps donné, le nom du mien  » sauter du c0q à l’âne  » s’est imposé à moi, j’y parle de slow life en couleurs sur fond de road trip à travers le monde, de balade en France, musées, gastronomie, du quotidien de ma famille, je  » saute du c0q à l’âne  » avec plaisir depuis plus de 10 ans, aucune envie de changer de nom, je ne diffuse pas sur les réseaux sociaux donc que le nom soit difficile à retenir m’importe peu 🙂 longue vie aux blogs !!

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  5. Eh oui, c’est une très bonne idée qui a été suggérée, et c’est marrant de voir que pour ce voyage, ça a été dans ce rayon de distance de manière inconsciente ! Vivement les prochaines destinations à 1916 km ! 😀

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