Une rencontre avec Mathilde, médiatrice à Lens

Ce mois-ci, nous avons le plaisir d’avoir choisi le thème du RV #EnFranceAussi, ce RV qui a été créé par Sylvie de Le coin des voyageurs pour redécouvrir la France et ses territoires. Nous vous proposons le thème « Un portrait, une rencontre ».

Lorsqu’on est blogueur voyage, on parle toujours des endroits que l’on visite, mais un peu moins des personnes que l’on rencontre. Pourtant, les rencontres sont indissociables du voyage. Nous avions donc envie de parler de toutes ces personnes merveilleuses qui s’engagent pour leur territoire et qui le font vivre. Je crois que cette envie est encore plus forte dans la période actuelle, où le tourisme est à l’arrêt. C’est une façon pour nous de dire : « Ne vous inquiétez pas, nous serons au rendez-vous pour (re)découvrir vos territoires dès que nous le pourrons. »

Notre rencontre se déroule… attention surprise… sur le territoire de Lens-Liévin (ça faisait longtemps) ! Nous vous présentons Mathilde, médiatrice au Mémorial 14-18 Notre-Dame-de-Lorette et à l’Office du tourisme de Lens-Liévin.

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Mathilde et Hélène devant un soldat de laine de la Wool War One, avec les terrils du 11/19 au loin

Nous avons rencontré Mathilde pendant la préparation de notre exposition « Vest Pocket Memories ». Avec ses collègues, elle a relu tous les textes de l’exposition pour s’assurer qu’on ne racontait pas trop n’importe quoi. Passionnée d’histoire, elle a un parcours super intéressant qui fait écho à nos marottes personnelles. Nous lui avons donc posé quelques questions pour qu’elle nous raconte tout ça.

Salut Mathilde ! Tu viens d’où ?

Salut ! J’ai grandi dans un petit village au sud du Berry, une région rurale et plutôt paisible en plein cœur de la France.

Comment devient-on médiatrice ? Qu’est-ce que tu aimes dans ce job ?

Je crois que j’ai attrapé le virus de l’histoire très tôt, en visitant des châteaux de la Loire et des grottes préhistoriques avec d’excellents guides qui étaient capables de transmettre leur passion à tous, y compris à une enfant de 10 ans. À la fin de mes études d’histoire, je me suis donc tournée assez naturellement vers la médiation plutôt que l’enseignement.

Ce que j’aime particulièrement dans ce job, c’est l’interaction et l’échange avec des publics et des personnalités variées. Les visiteurs arrivent avec des connaissances, des préjugés et des attentes très différentes auxquelles on doit se confronter si on veut les toucher et leur transmettre quelque chose. C’est un job stimulant, j’aime l’idée d’apprendre un peu plus chaque jour.

Il parait que ton premier boulot de médiatrice, c’était à la maison de George Sand à Nohant. Ce qui est rigolo puisque nous y sommes allées l’été dernier. Comment c’était, de travailler là-bas ?

C’était un cadre de travail rêvé pour débuter… Nohant est un lieu particulier, qui impose son propre rythme aux visiteurs et aux guides. La maison et le jardin sont comme hors du temps, figés au XIXe siècle. A y passer du temps, on finit inexorablement par entendre Chopin jouer du piano et parler de George comme d’une vieille connaissance !

J’ai passé un très bel été à Nohant, à échanger avec les visiteurs et à les surprendre avec un portrait de George Sand bien plus complexe que celui de l’amante de Musset. Nohant a la chance d’être porté par un groupe de femmes passionnantes qui ont su me transmettre leur goût de la médiation et leur amour du lieu.

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Ah, Nohant… c’est toute une ambiance.

Tu as aussi été guide des champs de bataille. Le tourisme de mémoire, c’est une manière un peu différente de faire découvrir un territoire. Tu nous racontes cette expérience particulière ?

Je suis arrivée au tourisme de mémoire à un moment particulier, durant le Centenaire de la Grande Guerre. Mon job consistait à accompagner des Australiens, Néo-Zélandais et Canadiens sur les champs de bataille de la Grande Guerre. Beaucoup avaient un membre de leur famille qui était mort en France et souhaitaient retracer son parcours.

C’était très valorisant de pouvoir mettre mes connaissances scientifiques au service des visiteurs, de les utiliser concrètement pour leur permettre de comprendre ce qu’avait vécu leur ancêtre. J’en garde le souvenir d’une expérience enrichissante, pleine de rencontres mais aussi remplie d’émotions. La Grande Guerre a laissé des cicatrices très profondes et il était extrêmement touchant d’accompagner ces visiteurs venus du bout du monde pour rendre hommage à un ancêtre décédé cent ans plus tôt.

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Mathilde, cheveux aux vents, fait semblant d’expliquer un truc à Hélène pendant que je prends les photos.

Comment es-tu arrivée sur le territoire de Lens-Liévin ? Tu peux nous raconter un moment spécial que tu as vécu depuis que tu y travailles ?

Après cette expérience de guide des champs de bataille, j’ai rejoint l’équipe de l’office de tourisme de Lens-Liévin en tant que médiatrice au Mémorial’14-18 Notre-Dame-de-Lorette. Peu après mon arrivée, nous avons accueilli l’expo Wool War One, 780 soldats de laine tricotés par des centaines de mains à travers le monde pour rendre hommage aux soldats de la Grande Guerre.

Nous avons accompagné les soldats de laine durant les derniers mois du Centenaire avant qu’ils ne soient adoptés par des familles du monde entier. C’était assez touchant de voir l’engouement des tricoteuses et des visiteurs, d’entendre les histoires personnelles éveillées par le projet.

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Nous avions vu la très belle exposition « Wool War One » en octobre 2018 lors du premier blogtrip #EnFranceALens. Nous avons d’ailleurs adopté l’un de ces petits soldats.

En tant que médiatrice, ton travail est de faire découvrir le patrimoine local au public. Est-ce que tu essaies parfois de mettre aussi l’accent sur le matrimoine ?

Bien sûr ! Ce n’est pas toujours évident pour le public, notamment sur des thématiques comme la Grande Guerre, mais nous avons dans la région quelques figures féminines comme Louise de Bettignies ou Emilienne Moreau qui permettent de rappeler l’importance des femmes dans les réseaux d’espionnage et la résistance dans les régions occupées, par exemple. C’est une manière d’enrichir le regard du public qui est souvent demandeur sur ces sujets.

Tu nous donnes quelques bonnes adresses à Arras, où tu vis ?

Pour fêter la fin du confinement autour d’un bon repas, je vous conseille L’Entre-Nous à l’angle de la Grand-Place. Pour les amateurs de vin, Céline et Bertrand proposent à la Dame Jeanne, au pied du beffroi, une excellente sélection de vins en agriculture biologique, à déguster sur place ou à emporter. Enfin, Nord oblige, un détour Chez Marcel pour profiter des conseils d’un biérologue et déguster une bonne bière en terrasse entre les places.

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On aime Arras et son beffroi.

Quels sont tes projets pour l’avenir ?

Continuer dans la médiation, partager avec les visiteurs mon intérêt pour le territoire et son histoire. J’ai aussi des projets de thèse en lien avec mon expérience de guide des champs de bataille.

Merci Mathilde de t’être prêtée au jeu !

En ce moment, Mathilde est confinée avec son chat Gros-Pâté, mais dès que le confinement sera terminé, vous pourrez la retrouver les week-ends au Mémorial Notre-Dame de Lorette et pendant la semaine pour des visites guidées, par exemple sur l’Art déco à Lens. 

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Mathilde et sa collègue Virginie, la dream team qui vous accueille au Mémorial !

On espère que cette rencontre vous a inspiré ! Pour d’autres belles rencontres, suivez le hashtag #EnFranceAussi sur les réseaux sociaux durant tout le mois d’avril.


40 réflexions sur “Une rencontre avec Mathilde, médiatrice à Lens

  1. Très sympa de voir cet événement aux travers des yeux d’une autre personne ! C’est toujours intéressant de connaître le parcours des gens. J’ai bien aimé ces petites figurines tricotées, une super idée ! 🙂

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  2. Merci, Paule-Elise et Hélène pour cette rencontre avec Mathilde. Du Berry au territoire de Lens/Liévin, quel beau parcours! Une belle évocation de deux femmes de notre région qui ont marqué la Grande Guerre : Louise de BETTIGNIES et Emilienne MOREAU. Le réseau « Alice » (ou « Ramble ») pour la première, « The lady of Loos » pour la seconde. J’avais écrit en 2018 la notice biographique de Louise de BETTIGNIES, en insistant notammen sur le travail de renseignement qu’elle avait accompli. Actuellement, je rédige celle d’Emilienne MOREAU, qui est également l’une des six femmes Compagnons de la Libération.Pendant cette période de confinement, cela est fort enrichissant et permet de découvrir ou de redécouvrir de vraies pépites.Amicalement.

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    1. Merci Philippe pour votre commentaire ! Oui ces femmes sont passionnantes, j’aime beaucoup Emilienne Moreau, je trouve son parcours vraiment intéressant. Vous avez la chance d’avoir de telles héroïnes !

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      1. Je vous ferai parvenir la notice que je rédige sur Emilienne MOREAU. J’ai retrouvé une photo du 11 août 1945 prise lors de la visite du Général de GAULLE à Béthune, c’est ce jour-là qu’il a remis à Emilienne la Croix de la Libération. Il y avait une foule immense! En ce mois d’avril une pensée particulière pour les déporté(e)s dont la Journée du Souvenir n’aura pas lieu. Mais ils et elles demeurent dans notre mémoire. Une pensée émue pour Lili LEIGNEL, déportée à l’âge de 11 ans, à Ravensbrück et Bergen-Belsen, qui ne pourra pas, comme chaque année, témoigner dans les établissements scolaires. Je devais la rencontrer à Lens le 17 mars, puis à Loos-en-Gohelle le 7 avril. Je vous embrasse. Prenez bien soin de vous, toutes les deux.

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      1. Nous sommes passionnés par notre passé, minier ou mémoriel, d’autant plus qu’il nous aide à relever les défis de l’avenir. En ces temps troublés, cette passion m’est d’un grand secours, elle me porte vers l’espérance. Il y a un après et c’est vers cela que doivent tendre nos efforts. Après mon AVC, c’est l’histoire de notre pays qui m’a remonté le moral, aidé à franchir les étapes et accomplir chaque geste simple de la vie quotidienne. Les kinés, ergothérapeutes, médecins, infirmières, aides-soignantes … étaient là chaque jour. Je n’ai pas attendu le coronavirus pour savoir que ces personnes-là étaient formidables! Prenez soin de vous, Paule-Elise et Hélène et à bientôt pour d’autres aventures. Je vous embrasse.

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  3. Je suis persuadée que ce sont les rencontres qui nous font aussi aimer un pays ou une région. Mathilde devait être sur votre chemin, passionnée des mêmes choses.
    Et puis, les grands évènements d’une vie sont souvent issus d’un travail d’équipe, pour soulever des montagnes il faut être plusieurs, et en rencontrant la bonne personne vous avez osé.
    Bravo et merci.

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  4. Une belle rencontre, et une belle personne. Merci les filles pour cette présentation bien sympa de Mathilde. Et merci à elle pour ses bonnes adressed sur Arras.

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  5. Merci pour cette belle rencontre.
    J’ai l’impression que la médiation évolue énormément depuis mes études dans le tourisme et je trouve génial de voir des personnes qui sont de vrais liens entre les lieux/expositions et les visiteurs.

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    1. Je crois que c’est essentiel en effet ! Le Louvre-Lens fait aussi un super travail à ce niveau. Je ne sais pas si tu as vu le blog lancé par ses médiateurs depuis le début du confinement ? C’est une très belle initiative.

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      1. Oui, un remarquable travail. Mais quand on connaît Loraine, Géraldine, Nathalie … comment ne pas s’étonner?

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      2. Oui, j’ai vu, il y a plein de belles choses sur leur blog. C’est une ressource hyper intéressante qui j’espère restera ouverte à l’issu du confinement.

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  6. Quel beau portrait ! J’avais adoré la visite que nous avait faite Mathilde de la Cité Minière ! Vivement que le confinement prenne fin pour retourner dans les Hauts de France et aller tester l’adresse à Arras !

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  7. Mathilde a l’air super ! j’ai eu le bonheur, pendant mes voyages, de rencontrer des personnaltiés comme la sienne, passionnées, généreuses, heureuses de rendre l’histoire vivante et tangible… j’adorerais découvrir le mémorial avec elle 🙂

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    1. Ça change vraiment tout de visiter un lieu avec quelqu’un comme Mathilde. Avant qu’on ait le blog, je n’aimais pas trop les visites guidées, mais grâce au blog on a rencontré tellement de personnes qui partageaient leur passion avec tant de générosité ! Maintenant je préfère vraiment avoir un guide et la rencontre fait partie intégrante de la visite.

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  8. Superbe portrait ! J’ai découvert le métier de médiateur / médiatrice culturel·le lors de mes études de commerce. Ils avaient fait intervenir un thésard dans le domaine de la médiation culturelle. Un cours passionnant ! Je suis sûre que j’adorerais faire ce métier (mais il faudrait pour cela que je reprenne mes études).

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