Tolmin, ses garages, ses cimetières militaires

Nous continuons notre roadtrip historique et littéraire, ou « Hemingway Summer Tour », sur les traces du roman L’Adieu aux armes. Nous sommes toujours en Slovénie dans la superbe vallée de la Soča. Une rivière émeraude qui délimitait pendant la Première Guerre mondiale les territoires italiens d’un côté et austro-hongrois de l’autre.

Dans le précédent épisode, nous vous avons laissé au pied de la montagne du Kolovrat après une belle frayeur dans la descente… Freins fumants et cœur battant, nous arrivions le soir chez Patrick, blogueur français et ardent défenseur de ce coin de la Slovénie. Il vit dans les environs de Tolmin, une jolie bourgade près de la Soča.

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Patrick nous laisse nous installer en bas de chez lui et profiter des infrastructures, ce qu’on apprécie toujours quand on voyage en van. Ah, lave-linge, douche, toilettes, quel luxe !

Le lendemain, nous l’entrainons dans la tournée des garages et des cimetières militaires. Et oui, accueillir les Deux dames en van, c’est toujours plein de surprises ! Comme nous avons eu sacrément peur avec le van la veille, nous préférons l’emmener au garage même si tout a l’air de bien aller. Franchement, nous sommes prêtes à payer pour qu’ils changent n’importe quoi, histoire d’être rassurées.

Mais c’est le mois d’août, beaucoup de garages sont fermés et il nous faudra en faire trois avant d’en trouver un d’ouvert. Tournée des garages : check. Nous laissons le van pour la journée et Patrick se retrouve avec deux blogueuses et un chien sur les bras ! Il nous embarque dans sa voiture et nous emmène voir des cimetières militaires austro-hongrois… rien ne saurait nous faire plus plaisir.

20170802_121101Dans les environs de Tolmin, on voit de nombreuses traces du front de l’Isonzo, qui a duré de 1915 à 1917. Patrick nous raconte qu’il tombe fréquemment sur des douilles d’obus datant de la Première Guerre mondiale quand il va couper du bois au-dessus de chez lui. Son père nous a montré la veille une lame de baïonnette qu’il a trouvée dans la forêt.

A Most na Soci (qui signifie « le Pont sur la Soča »), un village des environs, des objets de cette époque ornent les jardins de quelques maisons et des abris gardent les traces des combattants.

20170802_134740Et les champs paisibles qui frémissent dans la chaleur de l’été, au pied des montagnes, s’ouvrent ici et là sur des cimetières austro-hongrois aux modestes pierres tombales et aux croix de métal. Sur des monuments surmontés d’aigles impériaux, on lit de l’allemand, du hongrois et du slovène. Des rubans et drapeaux commémoratifs récents portent les couleurs de la Hongrie.  Tournée des cimetières militaires : check.

Il fait une chaleur écrasante, entre 35 et 38 degrés, et nous ne pouvons rester plus de quelques minutes en plein soleil.  La pauvre Ruby tire la langue et profite des maigres ombres des monuments. En fait, nous avons passé la plus grande partie de la journée à boire du panaché au frais – c’était impossible de faire réellement autre chose.

Cela nous a permis de mieux faire connaissance avec Patrick, dont l’histoire familiale porte les marques de la grande Histoire : une grand-mère slovène originaire de la région minière d’Idrija et un grand-père italien partis s’installer en Moselle… une autre région minière touchée par l’Histoire, et où nous avons trainé l’an dernier lors de notre roadtrip dans le Grand Est.

Avec les aller-retours qu’il a faits entre la France et les Balkans, Patrick a une perspective sur l’histoire du vingtième siècle bien plus nuancée que celle que nous pouvons avoir parfois, nous qui avons grandi d’un seul côté du rideau de fer à une époque où tous les méchants des films parlaient des langues slaves. Nous discutons aussi de la relation complexe qui existe entre la Slovénie et l’Italie, une relation encore douloureuse marquée du sceau de l’oppression et du rejet mutuels.

Patrick partage volontiers son amour de la Slovénie, et nous apprenons beaucoup avec lui. Il nous parle de la langue slovène, vrai objet de fierté nationale malgré sa difficulté notoire (sept déclinaisons, trois cas, un rêve de linguiste !) qui la rend particulièrement dure à apprendre pour les étrangers. Savez-vous qu’il n’existe pas d’insulte en langue slovène ? Le pire qu’on puisse dire, c’est : « Va m’écrire ! » Et là, attention, c’est chaud.

Patrick n’a pas appris le slovène dans sa famille, mais il a décidé de revenir aux sources. Il s’est installé il y a dix ans dans ce pays où il passait ses vacances quand il était petit (et qui s’appelait alors la Yougoslavie). Et en plus, il cuisine slovène !! On n’a pas eu le temps d’en profiter, mais la prochaine fois, hein Patrick ??

20170802_140546En fin de journée, nous récupérons le van, qui a l’air de bien se porter. Il est temps de refermer cette agréable parenthèse à Tolmin. Sans Patrick, nous serions probablement passées à côté de plein d’aspects de ce pays attachant à l’histoire mouvementée. La route nous attend, nous poursuivons la vallée de la Soča vers le sud pour plonger dans les lieux où se passe le roman d’Hemingway L’Adieu aux armes.

On remercie encore Patrick d’avoir pris le temps de nous balader et d’avoir partagé avec nous un peu de sa Slovénie 😉

Prochain épisode du Hemingway Summer Tour : De Kanal à Monfalcone, slip fluo contre culotte de peau.

 


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