Roadtrip et randos dans le Cézallier

Ça a été notre gros coup de cœur de l’été dernier : une semaine à profiter des monts du Cézallier, un petit coin de nature lové entre le Puy de Dôme et le Cantal, en plein cœur du Parc Naturel Régional des volcans d’Auvergne. On y a trouvé tout ce qu’on aime : du calme, des grands espaces, des balades superbes, du land art, un beau soleil et des nuits fraîches.

Le Cézallier n’est pas le coin le plus connu d’Auvergne, et c’est tant mieux. Nous arrivions de Saint-Nectaire, à une trentaine de kilomètres seulement, et pourtant l’ambiance n’avait rien à voir en ce milieu du mois d’août. Ce serait exagéré de dire que Saint-Nectaire était bondé, mais disons plutôt que le Cézallier est ultra tranquille même en plein été, ce que nous avons grandement apprécié !

Contrairement aux monts du Cantal et à leurs belles crêtes surplombant le volcan, le Cézallier se caractérise par ses reliefs doux et ses estives pelées. Certains lui trouvent un air de steppe, et on ne les contredira pas ! L’horizon s’étend loin, le regard se perd dans les pâturages foulés par les vaches. Pourtant, des cascades se nichent dans des failles de basalte. Nous sommes bien en terre volcanique ici…

Nous avons fait chaque jour un peu de randonnée, des itinéraires à la demi-journée, en suivant les sentiers thématiques du Sancy Tour. C’est une liste de 20 parcours de niveau facile permettant de découvrir à la fois la nature et l’histoire du territoire. On a trouvé que c’était très bien fait, même si les marquages n’étaient pas terminés partout. Vous pouvez aussi télécharger l’application Sancy Explorer pour avoir les itinéraires avec vous.

Chaque jour, nous avons découvert un paysage et une ambiance différentes. Voici les balades que nous avons préférées (et elles sont toutes dog friendly, évidemment).

Camp de base : Espinchal et Egliseneuve-d’Entraigues

Nous avons choisi de poser notre campement dans le petit village d’Espinchal, au creux d’un vallon, au milieu des champs. Plutôt que de changer d’endroits tous les soirs, nous avons élu domicile à l’aire naturelle de camping proposée par la mairie. Une solution parfaite pour avoir accès à un point d’eau à petit prix, tout en profitant d’un superbe cadre naturel.

Espinchal est un joli village fréquenté par quelques vacanciers et par les randonneurs qui font le tour du Sancy. Sur la place du village, il y a une fontaine, une église, du linge qui sèche et une halte pour les randonneurs. Un sentier de randonnée (Sancy Tour n°15) permet de découvrir les alentours du village, avec des panneaux qui reviennent sur l’histoire des habitants, dont certains furent de prospères colporteurs. Sur les hauteurs d’Espinchal, on aperçoit un premier buron et on croise nos premières vaches. Les rapaces planent en surplomb des champs. L’atmosphère est si paisible, on sent déjà qu’on va être bien là, loin du monde.

Espinchal est un très bon point de chute et permet de voir des tas d’endroits dans un rayon de moins de 20 kilomètres. Par contre, il n’y a aucun commerce dans le village, donc il faudra faire vos courses avant, par exemple à Egliseneuve-d’Entraigues. Idem si vous cherchez un bar ou un resto.

A Egliseneuve, on vous recommande le restaurant Hôtel du Nord, pour des classiques très réussis dans une ambiance simple et conviviale (la truffade était parfaite !). Ensuite, vous pouvez suivre le sentier Sancy Tour n°18 pour découvrir les secrets de la fabrication du fromage, et passer par la cascade d’Entraigues. Au retour, faites le plein de brioche à la tome à la boulangerie du village. Ce truc est une tuerie, vraiment, dixit quelqu’un qui n’aime pas beaucoup le fromage à la base.

Monastère, cascade et sorcières à Marcenat

C’est assurément la balade qu’on a préférée pendant ces vacances ! Une route étroite sinue à travers les pâturages, côté Cantal, et vient finir devant un bâtiment complètement inattendu qui dresse sa coupole de cuivre vers le ciel. C’est le monastère Notre-Dame Znamenié, un monastère orthodoxe habité par des femmes.

Cette ancienne grange a été transformée depuis les années 1980 en monastère, à la force des bras des moniales et des habitants du village de Marcenat. Le bâtiment se fond dans la nature, et on ne peut imaginer de cadre plus propice à une vie méditative et créative.

Ce sont toujours les mêmes femmes qui vivent là depuis la création du monastère. Outre les temps consacrés à la prière, elles font des travaux intellectuels et manuels. Dans la petite boutique, vous pourrez donc acheter des confitures ou des cakes faits maison, mais aussi des fascicules traduits par leurs soins sur la religion orthodoxe ou des livres qu’elles ont écrits sur les villages voisins.

Je vous conseille de vous renseigner en avance sur les horaires d’ouverture pour avoir une chance de voir l’intérieur de l’église. C’est la seule partie qui se visite, et ça vaut le coup, d’autant plus qu’une moniale donne des explications sur les rites ou l’iconographie orthodoxes.

Une chose très touchante avec cet endroit, c’est que beaucoup d’ornements de l’église proviennent de dons d’émigrés russes ayant fui leur pays pendant la période soviétique. Il y a un côté assez hétéroclite dans cette collection qui se déploie sous l’œil du Christ Pantocrator peint sur le dôme par les moniales elles-mêmes. Il n’est pas possible de prendre des photos à l’intérieur de l’église… raison de plus pour y aller vous-même !

Après cette découverte, vous n’avez qu’à suivre le chemin qui part sur la gauche du monastère en direction de la cascade du Saillant. C’est une balade facile sur les sentiers qui longent les estives. Au loin, on aperçoit le mont Chamaroux, qui aurait été un lieu de prédilection pour les sorcières célébrant leur sabbat. Honnêtement, je m’y vois bien, à camper entre copines et à papoter toute la nuit sous les étoiles (c’est ça, un sabbat, non ?).

Sur notre gauche, le plateau basaltique a craqué, laissant de grandes orgues entre lesquelles le ruisseau du Bonjon s’élance en une superbe cascade d’une vingtaine de mètres. Le lieu est calme, nous le partageons avec quelques familles venues par le sentier qui part du village de Marcenat. Nous rebroussons ensuite chemin vers le monastère pour récupérer la voiture, en admirant au passage la lumière qui change sur les montagnes pelées à mesure que les nuages traversent le ciel.

Tourbières et lacs glaciaires à la Godivelle

Depuis le petit village de la Godivelle, à 1200 mètres d’altitude, des sentiers permettent de découvrir deux lacs magnifiques qui nous ramènent à l’âge de glace ! Le premier sentier longe le lac d’En bas et permet grâce à des pontons d’admirer les tourbières de la réserve naturelle des Sagnes. Les tourbières sont des milieux humides qui se sont créés après le retrait des glaciers et qui abritent une biodiversité incroyable. Ce sont aussi des milieux fragiles qu’il faut respecter, notamment en restant sur les sentiers balisés.

J’adore les tourbières, et nous en avions vues notamment dans le Doubs. Ce n’est jamais très spectaculaire, mais ça regorge de petites fleurs, de mousses et d’insectes, autant de trésors discrets et ancestraux. Des longues-vues et des panneaux explicatifs sont à la disposition des visiteurs qui ont envie de mieux connaitre l’écosystème local. A la Godivelle, la lumière changeante donne des reflets métalliques au lac, et on se croirait volontiers en Irlande ou en Ecosse.

Vous pouvez ensuite poursuivre vers le lac d’En haut, qui est un lac de cratère issu d’une explosion volcanique (qui le croirait, à voir le calme des lieux aujourd’hui ?). Il prend une couleur sombre et menaçante dès que les nuages le recouvrent, et reflète le vert des pâturages alentour si le soleil apparait.

Le sentier continue au-delà du lac vers des pâturages avec vue vers le Mont-Dore et le Sancy. Il n’y a pas vraiment de boucle à faire, vous pouvez simplement marcher tant que le cœur vous en dit, et revenir sur vos pas quand vous en avez assez. Ou en profiter pour faire une petite sieste au soleil dans un bout de champ… A vous de voir ! L’itinéraire Sancy Tour n° 12 propose des panneaux sur les légendes locales tout au long du chemin.

Du land art avec le festival Horizons Art-nature en Sancy

Le land art est l’un de mes courants artistiques favoris, et en attendant d’aller voir les Sun Tunnels de Nancy Holt dans l’Utah, j’étais ravie d’en trouver lors de ces vacances dans le Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne ! Cela m’a rappelé aussi le très bon festival Vent des forêts dans la Meuse.

Le principe du land art, c’est de faire de l’art en plein air. De cette manière, l’œuvre dialogue directement avec son environnement et avec la nature. C’est une expérience totalement différente de celle de voir une œuvre dans un musée. Accessoirement, c’est aussi une manière de rendre l’art plus accessible et, bien souvent, gratuit.

Le festival Horizons Art-nature en Sancy existe depuis 2007 et propose chaque année une dizaine d’œuvres à voir sur tout le territoire du PNR. Certaines sont à quelques minutes de marche d’un parking tandis que d’autres nécessitent un peu de marche. Lors de notre séjour, nous avons vu trois de ces installations.

La première, Vitr’O, de Nicolas Triboulot, se situait entre Saint-Nectaire et Murol. C’était pendant la semaine où nous étions à Saint-Nectaire avec ma filleule et ça a été l’occasion d’une très chouette balade passant à côté d’un dolmen. L’œuvre se présente comme une mosaïque translucide dont les couleurs changent avec la lumière. Elle avait été un peu endommagée à cause des orages, mais elle se fondait bien dans le panorama.

La deuxième, Pollen, de Marion Orel, se trouvait à quelques kilomètres d’Egliseneuve-d’Entraigues. Posé sur le ruisseau, un grain de pollen géant composé de miroirs reflète son environnement. On a adoré la beauté de cette sculpture caméléon qui prenait les couleurs de l’eau ou du ciel. On l’a vue en milieu de journée et les rayons du soleil étincelaient sur les surfaces de miroir. C’était superbe, très contemplatif aussi.

La troisième, Stone 9, de Benjamin Langholz et Amihay Gonen, était sur les hauteurs de Montgreleix, avec une vue à 360 degrés sur les massifs auvergnats. C’est une installation qui invite le spectateur à flotter sur des pierres de 250 kilos suspendues à des colonnes par des câbles d’acier. On expérimente ainsi un équilibre précaire et on se projette dans le ciel, en mode « I believe I can fly ». C’était vraiment chouette, très ludique.

A Montgreleix, le chemin Sancy Tour n° 16 permet de découvrir les estives et les burons aux alentours. C’est vraiment un spot magnifique, avec la vue dégagée vers les monts du Cantal d’un côté et le Sancy de l’autre.

L’édition 2022 du festival Horizons Arts-nature en Sancy se déroule du 18 juin au 18 septembre, et on ne peut que vous recommander d’y faire un tour !

Sur les traces de la Résistance dans le massif de l’Artense

Le massif de l’Artense est voisin du Cézallier, côté ouest. Il borde le Limousin et se démarque par son plateau granitique et ses lacs. Pour nous, il restera synonyme d’une randonnée où on a failli se perdre dans une forêt un peu trop dense et boueuse, mais c’était une randonnée intéressante, avec des vestiges de la Résistance. Cela plaira donc sûrement aux passionné.e.s d’histoire.

Depuis le village de Saint-Gènes-Champespe, il y a un sentier (Sancy Tour n° 17) qui raconte l’histoire locale du maquis pendant la Deuxième Guerre mondiale. En pleine forêt ou parmi les bruyères, à côté d’un circuit de moto-cross et de caravanes abandonnées, on a ainsi découvert les restes d’une voiture datant vraiment de la Deuxième Guerre mondiale et quelques tombes rendant hommage aux résistants tombés ici.

Et après, on s’est perdues et Hélène a inventé une chanson pour oublier que c’était la loose. Arf, il faut bien une rando qui tourne mal pendant les vacances, sinon c’est trop parfait, non ?

On a adoré se balader pendant une semaine dans le Cézallier, et découvrir des lieux toujours surprenants, dans un périmètre pourtant petit. Le Cézallier incite à la rêverie et à la douceur, il nous invite à prendre le temps et à revenir. Ce qu’on ne manquera pas de faire, j’en suis sûre.

Cet article participe au rendez-vous En France Aussi, sur le thème des Parcs naturels régionaux choisi par Sylvie du blog Le coin des voyageurs.


11 réflexions sur “Roadtrip et randos dans le Cézallier

  1. Très très chouette, vous avez dû passer de très bons moments ! La brioche à la tome me fait saliver et ces itinéraires de randos paisibles aussi.

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  2. Coup de cœur pour la rando monastère, cascade et sorcières. Elle me fait trop envie. Je ne connais pas le Cézallier mais effectivement j’imagine des steppes plutôt que des cônes de volcans.

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