La Zélande, les Pays-Bas côté plage

Avant New York, il y avait York. Avant La Nouvelle Orléans, il y avait Orléans. Et avant la Nouvelle-Zélande, il y avait… la Zélande. Et oui. Pour l’anecdote, ce sont des cartographes néerlandais sans trop d’imagination qui ont donné ce nom de Nouvelle-Zélande aux îles où un de leurs compatriotes, Abel Tasman, avait passé ses vacances vers 1640.

C’est d’ailleurs en parcourant les cartes des yeux – ou plutôt Google Maps – que j’ai découvert l’existence de cette région côtière du sud des Pays-Bas, et le nom m’a immédiatement attirée. Zélande, Zeeland en VO, la terre de la mer. Tout un programme.

La Zélande, ce sont des plages de 12 km dog friendly avec les meilleurs bars de plage, des pistes cyclables plates mais battues par le vent, des écluses complexes et des villages engloutis, des moulins et, bien sûr leurs équivalents modernes, les éoliennes. C’est aussi une ambiance détendue et chill. Le genre de lieu dont on n’attend pas grand-chose, mais qu’on a du mal à quitter.

Voici nos bons plans pour profiter d’une semaine de camping, balades et découvertes en Zélande, à moins de 4 heures de route de Paris.

Camp de base : Zoutelande

Comme pour nos dernières vacances d’été dans le Cézallier, nous nous sommes posées dans un camping pour la semaine et avons rayonné tout autour. C’est le système le plus facile avec notre système de Berlingo aménagé et tente annexe de princesses, d’autant plus qu’il est interdit de faire du camping sauvage aux Pays-Bas.

Les campings y sont plus chers que chez nous (on a payé environ 35 euros par nuit), mais l’endroit était très chouette. La Zélande est une province agricole et de nombreuses fermes proposent des « mini-campings ». Nous étions ainsi au minicamping Werendijke chez une famille qui gère des cultures céréalières et le camping sur deux générations. Le camping était à 20 minutes à pied de la plage, et il y avait beaucoup d’aménagements utiles, agréables et bien pensés : hamacs, location de vélos, frigos et bouilloires, douche en plein air, jardin floral, salle commune très pratique pour les soirées fraiches, etc…

Si le coin n’est pas très connu des touristes français, il est très prisé des touristes allemands et néerlandais. Ne vous étonnez donc pas si les menus des restaurants sont tous traduits en allemand. Mais tout le monde parle bien anglais de toute façon, et même quelques mots de français à l’occasion. Par ailleurs, toute la région est incroyablement dog friendly, qu’il s’agisse des campings, des plages, des restaurants et des commerces en général. Franchement, si vous n’aimez pas les chiens, fuyez la Zélande !

Zoutelande est une petite station balnéaire où vous trouverez des restaurants, des bars, une supérette et quelques boutiques de souvenirs. La particularité de cette côte est qu’aucun des villages n’a de vue directe sur la mer, car ils sont tous protégés par une dune ou une digue plus haute qu’eux. Et oui, nous sommes dans une région où les terres sont âprement convoitées par la mer. Le résultat est plutôt joli, au final, car une fois sur la plage, on ne voit plus les villages. De plus, tout est assez mignon et harmonieux, et chaque village a même encore son moulin. Un peu partout, des sentiers aménagés permettent de longer la plage dans les dunes, et est-ce qu’on aime quelque chose plus que de randonner en bord de mer ? Pas vraiment.

Ou peut-être que si : randonner en bord de mer et se poser à un strandpavljion ensuite. Strand, c’est la plage, paviljion, c’est un bar, un abri, une cabane, et un strandpaviljon c’est donc un bar-resto de plage sur pilotis. Et il y en a partout le long du littoral. Ils sont bien indiqués, souvent accessibles par des passerelles de bois sur la plage, par les sentiers dans les dunes, ou pour certains aussi en voiture ou en vélo. Ce sont des endroits sans chichi où boire et manger à toute heure de la journée face à la mer. Les prix ne sont pas abusés, l’ambiance est sympa et on profite d’une vue magnifique. Gros coup de cœur évidemment.

La côte sud de la Zélande, qui va de Vlissinghe à Westkapelle, se trouve à l’embouchure de l’Escaut occidental et du port d’Anvers. Le va-et-vient des cargos et des porte-containers rythme les heures. C’est impressionnant, car ils passent parfois vraiment près de la plage. C’est quelque chose que j’aime beaucoup, qui me plonge toujours dans de grandes rêveries, comme au Havre ou à Dunkerque. Certes, ça ne fait pas très sauvage, mais c’est aussi ça, la mer. Et en Zélande, l’empreinte humaine et la nature sont entremêlées dans un équilibre et une interdépendance fragiles. Ça lui donne un charme particulier.

Depuis Zoutelande, il est facile de rayonner à travers la Zélande, en vélo ou en voiture. Voici les haltes que nous vous recommandons.

Dombourg, ambiance West Coast

Il n’est pas étonnant que ce village de la côte ouest de la Zélande ait attiré des artistes et des peintres, dont Piet Mondrian. Son ambiance chill et ses plages aux couleurs magnifiques (sans cargos au loin) donnent envie d’y trainer le temps d’une balade, puis d’un matcha latte, puis d’une autre balade, puis d’un broodje aux harengs, et ainsi de suite… Sur la promenade qui longe la plage, on admire les belles maisons dont les derniers étages ont vue sur la mer, avec des tourelles ou des baies vitrées vraiment stylées. Faites une pause au café Galerie Pop dans la rue principale pour un goûter ou pour acheter quelques cadeaux à offrir ou à ramener à la maison.

On a tellement aimé Dombourg qu’on y est repassées plusieurs fois. Attention cependant, les plages qui sont les plus proches du village ne sont pas autorisées aux toutous.

Middelbourg, briques et canaux

La ville du milieu, qui est la capitale de la Zélande, est une charmante bourgade à l’intérieur des terres. On aime ses places aux belles églises avec leurs clochers à bulbes (et parfois un autocollant rainbow indiquant que les personnes LGBTQIA+ y sont les bienvenues). On aime ses rues commerçantes, ses canaux calmes, ses petits cafés et ses librairies. On aime ses jolis parcs, ses façades impeccables et étroites, où les habitants mettent de jolis objets en évidence sur leurs rebords de fenêtres.

Middelbourg est un plaisir pour les flâneuses que nous sommes et pour qui aime fureter à la recherche de détails architecturaux, de chats des rues et de jardinets cachés.

Veere, histoire et marina

Nous voilà maintenant sur la côte nord de l’ancienne île de Walcheren, sur un bras de l’estuaire de l’Escaut calme comme un lac. Veere est un village très préservé, avec une impressionnante église reconvertie en centre d’exposition, d’adorables ruelles fleuries et une petite marina. Il y a une grande harmonie architecturale autour de l’hôtel de ville, surmonté d’un beffroi, avec les anciennes maisons de commerçants. Veere a connu la prospérité grâce au commerce avec l’Ecosse au 16è siècle, et a gardé un aspect propret et cossu.

Tout autour, des vaches paissent dans les anciennes fortifications qui ont servi du temps des guerres napoléoniennes, quand la France et l’Angleterre se disputaient cette partie de l’Europe. Il y a d’ailleurs quelques panneaux explicatifs sur une bataille qui a eu lieu ici à cette époque. Tout était en néerlandais, évidemment, mais c’était drôle de trouver du Napoléon dans ce village. Une promenade fait le tour d’un très beau moulin en partant des fortifications. D’autres sentiers partent en longeant la rive. L’ambiance est très paisible, à la fois maritime et campagnarde. Un vrai havre de paix.  

Le parc naturel de l’Escaut oriental

En Zélande, la main de l’humain est omniprésente, mais discrète. Au bout de l’estuaire de l’Escaut oriental, un impressionnant ouvrage d’écluses appelé Delta Works régule le niveau des eaux pour éviter des destructions massives comme la région en a souvent connues. En réalité, les écluses ne fonctionnent qu’une ou deux fois par an, et elles ont été conçues de façon à permettre aux espèces marines de continuer à circuler.

Sous l’eau, en effet, se trouvent de nombreux villages engloutis au fil des siècles. La Plompe Toren, littéralement « la tour épaisse », est un vestige du 14è siècle qui témoigne de l’existence d’un village aujourd’hui disparu. C’est une tour de briques de 23 mètres de haut qui inspire la robustesse. Et il en fallait des murs épais, pour résister au vent et à la montée des eaux.

La main de l’humain, ce sont aussi les éoliennes tout au long de la côte, ou encore le pont de Zélande, qui mesure 5 kilomètres et qui enjambe l’estuaire. Mais ces ouvrages restent plutôt discrets dans le paysage, et l’estuaire de l’Escaut oriental constitue le plus grand parc naturel des Pays-Bas.

Un très bon moyen de le découvrir est de faire une balade en bateau depuis Burghsluis sur le MS Onrust. Nous avons pris la formule balade nature de 2h30, que nous avons beaucoup aimée. Le personnel du bateau est super gentil, il y a des traductions de la visite guidée dans plusieurs langues et la guide a échangé quelques mots de français avec nous.

Ce qui est sympa aussi, c’est que le bateau est aménagé en grandes tablées, donc c’est un peu comme si on était sur un bar flottant (super concept). On peut commander des boissons chaudes pendant toute la balade, ce qui n’était pas du luxe vu la température. A nouveau, les prix étaient tout à fait raisonnables (19,50 euros par personne pour la virée de 2h30 ; 2,90 euros le cappuccino à bord).

Evidemment, le bateau est dog friendly. Quant à savoir si les chiens sont bateau-friendly, c’est une autre histoire ! Vita a surtout eu un peu froid et n’a pas eu l’air de saisir l’intérêt de la chose, mais ça a été.

J’aime bien ces paysages plats où, a priori, il n’y a pas grand-chose à voir, comme en Camargue par exemple. Rien ne saute aux yeux, rien n’est très spectaculaire. Mais les sensations sont innombrables. Le vent, bien sûr, mais aussi les jeux de lumière entre le ciel, les nuages, la mer et les bancs de sable. Toutes les nuances de beige et de gris qui ne rendent rien en photo. Les tâches qui apparaissent dans l’eau et dont on ne sait pas très bien si ce sont des oiseaux, des reflets ou des phoques. Les poteaux indiquant les parcs à moules, qui ressemblent à des balais de sorcières. Les bateaux de pêche qui viennent remonter les casiers à homards.

A un moment, le bateau s’immobilise près d’un banc de sable au bord de l’estuaire. La guide sort une grosse longue-vue et on prend le temps d’observer les cormorans qui se sèchent les ailes et les phoques qui se reposent au loin. L’esprit un peu grisé, on savoure tous les mouvements imperceptibles de cet écosystème fragile. J’ai aussi eu une pensée pour la grande voyageuse Ella Maillart (ça faisait trop longtemps que je ne vous avais pas parlé d’elle), qui dans sa jeunesse s’est baladée en voilier dans ces contrées.

La Zélande à vélo

Qui dit vacances aux Pays-Bas dit balades en vélo, forcément ! Il est possible d’en louer un peu partout, et pour notre part nous avons loué ceux du camping. Attention, les vélos hollandais sont gros et lourds (j’ai regretté mon petit vélo de course, j’avoue) et le freinage se fait en rétropédalant, ce qui n’est pas hyper intuitif quand on n’a pas l’habitude. Mais il serait vraiment dommage de ne pas profiter des excellentes pistes cyclables qui permettent de se balader absolument partout et de manière très safe dans la campagne, en ville et en bord de mer.

Nous avons d’abord loué des vélos pour aller de Zoutelande à Middelbourg, soit une vingtaine de kilomètres aller-retour en passant par des pistes cyclables dans les champs ou près des dunes au retour. Nous avions Vita avec nous, et c’était sa première fois en vélo. Autant dire qu’elle n’était pas plus convaincue par le vélo que par le bateau ! Je l’avais mise dans le panier avant de mon vélo, mais il aurait fallu un panier fermé. J’ai dû rouler avec une main sur le guidon et une main pour la rassurer, c’était gérable pour une courte distance, mais il faudra trouver une autre solution pour de prochaines escapades.

Le dernier jour des vacances, Hélène et Vita ont fait bronzette tranquillement pendant que j’explorais encore un peu ce joli coin. J’ai pris un vélo toute seule et fait une boucle de 35-40 kilomètres. C’était génial, j’ai passé une super journée à prendre le soleil sur le nez et pédaler (parfois contre un gros vent) à travers la Zélande.

J’ai bien aimé Vlissinghe, ville portuaire de la côte sud où l’on trouve quelques immeubles et centres commerciaux (après une semaine d’ambiance campagnarde, ça fait bizarre). L’atmosphère était moins touristique que dans les autres villes ou villages, mais très agréable aussi, avec un petit centre-ville commerçant et des docks en cours de réaménagement. J’ai longé d’anciens entrepôts, des grues et des phares, avant de rejoindre un canal vers Middelbourg. Même si la piste cyclable suivait une route fréquentée, elle en était séparée par un talus et ce n’était pas désagréable.

Sur la partie entre Middelbourg et Dombourg, j’étais vraiment contre le vent. C’est assez traitre parce qu’on se dit que c’est tout plat et que c’est facile, mais… en fait non ! La forme des arbres indique plutôt bien que ça souffle fort dans le coin.

Ensuite, la portion qui longe la côte de Dombourg à Zoutelande suit une véloroute qui me fait de plus en plus rêver, la Véloroute de la mer du Nord. Il y a une partie panoramique où la route suit le haut de la dune, et où on a la vue sur la campagne d’un côté et la mer de l’autre. C’était magnifique, j’ai longé les plages à kitesurfers pendant que le vent me mettait littéralement des bâtons dans les roues. La lumière était superbe. Puis la piste cyclable redescend dans les dunes et les arbres (= à l’abri du vent et à l’écart des routes), dans une ambiance plus forestière.

Après cette belle journée, j’ai retrouvé Hélène et Vita à Zoutelande pour un dernier diner en mode sunset au strandpaviljon. De quoi clôturer en beauté ce voyage hyper ressourçant.

Que manger en Zélande ?

On parle rarement de la Hollande pour la qualité de sa nourriture. Pourtant, c’est une destination food qui gagne à être connue. Je ne pense pas à de la haute gastronomie, car ce n’est pas notre truc, mais de bon repas de brasseries ou de streetfood de qualité.

Parlons d’abord des friteries. Ces petites baraques de bord de route présentes sur tout le territoire des Flandres proposent des frites et un large choix de sandwichs chauds. Si on a vu le film « Dikkenek », on hésite un peu à manger une fricadelle, mais en réalité c’est bon et ça cale bien à un prix tout à fait raisonnable. D’ailleurs, on n’y résiste pas dès qu’on passe dans les Hauts-de-France !

Pendant notre séjour en Zélande, nous avons testé des compositions audacieuses comme la fricadelle à la sauce saté ou des frites accompagnées de… compote de pommes. En parlant de sauce saté, on la trouve absolument partout, dans les supermarchés ou pour accompagner des brochettes de poulet dans beaucoup de restaurants. Cela est lié au passé colonial des Pays-Bas, qui ont eu pendant un temps des possessions en Indonésie. A Vlissinghe, j’ai trouvé un petit snack indonésien dans le grand centre commercial du centre-ville, et je me suis régalée. J’ai retrouvé des saveurs de mes voyages là-bas.

Les restaurants de plage de Zélande sont aussi très sympathiques avec leurs sandwichs grillés, leurs moules en sauce et leurs salades aux poissons et aux fruits de mer très copieuses. Mais ce qui mérite vraiment le détour, ce sont les poissonneries traiteurs avec leurs merveilleux broodjes (sandwichs) et kibbelings (beignets). Les poissons sont hyper frais, découpés en filets et déposés tels quels sur de goûteux petits pains briochés, servis avec des oignons crus et une pincée de poivre. Différents poissons et crustacés sont à l’honneur : le hareng, le maquereau, la crevette grise et aussi l’anguille – c’est hyper gourmand. Ces délicieux petits snacks à déguster à toute heure sont les rois de la gastronomie hollandaise, ou zélandaise.

Enfin, les becs sucrés essaieront le bolus, un roulé à la cannelle venu du Portugal (mais qui rappelle le kannelbullar suédois), plein de beurre et de sucre, bref tout ce qu’on aime !

C’était la première fois depuis longtemps qu’on repassait une semaine à l’étranger toutes les deux. Comme beaucoup d’entre vous le confiaient récemment sur les réseaux sociaux, je doutais complètement de mes capacités de voyageuse après ces deux dernières années. Mais cette semaine en Zélande m’a apaisée et rassurée. Les bons réflexes et les envies ont pris le dessus sur l’anxiété et j’ai eu l’impression de retrouver une version de moi-même plus confiante. La douceur de vivre zélandaise n’y était sûrement pas pour rien.

Alors, tenté.e par une petite escapade néerlandaise ?


7 réflexions sur “La Zélande, les Pays-Bas côté plage

  1. Contrairement à toi, les paysages plats me laissent un peu froide d’ordinaire, mais tu en parles si bien… Maintenant que j’ai intégré l’accueil envers les chiens dans mes critères de destination pour choisir des vacances, je ne eux qu’être emballée par cette région qui semble si accueillante pour les toutous.

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    1. Ah, j’aime bien voir l’horizon, ça me procure un sentiment de plénitude. Mais nos prochaines vacances ne seront pas plates du tout 😁 et toujours des destinations dog friendly évidemment, c’est tellement chouette de voyager avec son toutou !

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  2. C’est un coin méconnu et pourtant je trouve ça très joli. Il y a de beaux paysages, des villages mignons et de quoi manger ! Je suis très surprise par le système de freinage des vélos néerlandais, je pense qu’au bout de 5 min j’ai un accident ! 😀

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    1. Ah oui j’ai failli me péter la gueule une ou deux fois avec ce système, c’est vraiment pas pratique !! Après j’ai vu aussi des vélos avec des freins comme chez nous, je pense qu’il y a de tout. En tout cas, c’est vraiment un coin à découvrir, quel que soit ton moyen de locomotion !

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