Chez George Sand à Nohant

Pour ce premier RV #EnFranceAussi de l’année (et de la décennie !), Solange du blog Seniors en vadrouille nous propose de découvrir les « Pépites de la campagne ».

Pour rappel, le RV #EnFranceAussi a été créé par Sylvie de Le Coin des voyageurs et il nous emmène chaque mois à travers la France autour d’une thématique différente. Et il vous fait aussi gagner un beau cadeau (voir en fin d’article).

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Grâce au van, nous en voyons, de la campagne, pendant nos roadtrips ! C’est un plaisir de découvrir des coins méconnus, inexplorés, de nous arrêter pour une nuit au milieu des champs ou dans un village, un peu au hasard. L’été dernier, après deux semaines dans le Doubs, nous sommes allées à un festival dans la Creuse. Après ça, il nous restait deux jours avant de rentrer à Paris et nous avons cherché où faire une ultime étape. Quand tout à coup j’ai réalisé que nous étions tout près d’un endroit que je rêvais de voir depuis mon adolescence : la maison de George Sand à Nohant, dans le sud du Berry. Une vraie pépite dans une campagne préservée – et l’occasion de vous parler également de matrimoine, parce qu’on ne se refait pas.

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Mais la campagne, des fois, ça se mérite. Pour arriver à Nohant, le GPS d’Hélène (surnommé Colette) a décidé de faire un remake de la « Quatrième dimension » et de nous coincer dans un espace-temps bizarre, où les routes se croisent pour ne jamais se retrouver, où des travaux vous font tourner en rond pendant des heures et où la seule nationale qui peut vous faire sortir de cet enfer est barrée sur dix kilomètres. Tout cela en plein cagnard du mois d’août dans un van qui n’est pas climatisé. Ah, on a bien eu le temps de la voir, la campagne ! Pour faire Guéret-Nohant, soit une étape de quarante kilomètres, nous avons mis trois heures. Mais je voulais voir Nohant à tout prix, impossible de me faire dévier de ma route ! Hélène a envisagé un instant de sauter du van pour s’installer dans le premier village venu. Nous sommes finalement arrivées à destination, faibles, fatiguées, mais en vie. Prêtes à découvrir le monde de George Sand.

George Sand, de son nom de naissance Aurore Dupin, a grandi et vécu entre la ville et la campagne. Depuis son enfance, elle alterne périodes parisiennes et berrichonnes, restant attachée à ce domaine familial de Nohant dont elle héritera à la mort de sa grand-mère. Mais nous parlons d’une époque où le divorce n’existe pas et où les femmes doivent demander une permission de travestissement en préfecture pour porter le pantalon ! Alors gérer seule une propriété, c’est impensable ! George Sand se battra pourtant pour garder Nohant, y compris après sa séparation définitive avec son premier (et seul) époux. Elle se battra d’ailleurs aussi pour porter le pantalon.

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A Nohant, le temps est suspendu. La table de la salle à manger attend ses illustres convives sous l’œil des portraits de famille. Delacroix, Gautier ou Flaubert vont-ils surgir pour prendre place devant la vaisselle d’époque ? Chopin va-t-il descendre de sa chambre à l’étage, où il fait venir son piano Pleyel et où le plancher a été refait spécialement pour lui ? La maison de Nohant ne se visite qu’avec un guide, et c’est une très bonne manière de la découvrir, car les anecdotes enrichissent vraiment la visite. Nous avions une guide passionnée et experte, que nous avons retrouvée un peu plus tard prenant sa pause dans le beau jardin… en lisant du George Sand. C’est une chose que nous aimons lorsque nous visitons des maisons d’artiste : l’investissement et la passion des personnes qui font vivre ces lieux.

Saviez-vous qu’après Balzac, George Sand est l’écrivaine française la plus prolifique du 19ème siècle ? Elle a écrit plus de 70 romans, des pièces de théâtre, des nouvelles, des contes, mais aussi une œuvre autobiographique fleuve, Histoire de ma vie, et une correspondance abondante. En fait, elle écrivait tout le temps. A Nohant, on peut voir son petit cabinet d’écriture, aménagé à côté de la chambre de ses enfants. Elle y écrit la nuit en veillant sur la petite Solange et le petit Maurice. L’écriture est évidemment une passion, mais aussi un moyen d’assurer son indépendance financière. C’est plutôt touchant d’imaginer cette femme bien née, héritière d’un domaine superbe mais coûteux, en train de jongler entre les rôles d’artiste et de mère, affirmant sa forte volonté de ne dépendre de personne (et tout cela sans Harley Davidson).

Malgré un vrai degré de coolitude, l’œuvre de George Sand reste incroyablement peu étudiée. Je me souviens que je l’ai découverte comme « amante de Musset » lorsque j’étais au lycée. J’ai étudié Musset à deux reprises dans ma scolarité, mais jamais Sand. Alors je la lisais à côté, je m’éduquais toute seule, fascinée par le parcours de cette femme. Je vous conseille de lire des extraits d’Histoire de ma vie, c’est enlevé et savoureux. Même après, quand j’ai fait mes études de lettres, je n’ai jamais vu une seule de ses œuvres au programme. Sand reste méprisée par l’histoire littéraire, souvent reléguée au rang d’autrice folklorique et campagnarde. Oui, elle aimait cette campagne qu’elle connaissait si bien et qu’elle n’a jamais cherché à renier. Elle en racontait les légendes, les accents, mais aussi les difficultés quotidiennes. Et cela n’est qu’une partie de son œuvre.

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Sa renommée a pourtant dépassé les frontières et son œuvre était admirée par de grands auteurs anglophones. Virginia Woolf envoie ainsi une carte postale de Nohant à son amante Vita Sackville-West en lui recommandant la lecture des œuvres de Sand. Woolf évoque également Sand dans son essai « Une chambre à soi ». Le poète américain Walt Whitman et le romancier anglais Thomas Hardy reconnaissent eux aussi la valeur littéraire de l’œuvre de Sand.

A la librairie de la maison de George Sand, Hélène a acheté un recueil de récits fantastiques, « L’Orgue du titan ». Voici ce qu’elle en a pensé.

George Sand se défend bien comme autrice de fantastique. Ce recueil s’est révélé très sympa. On n’est pas dans du Lovecraft avec de l’horreur indicible, mais dans quelque chose de beaucoup plus soft, plus dans le genre de Montague James. Ce qui est sympa dans ces nouvelles, c’est que George Sand ne se prend pas la tête. Elle n’essaie pas pendant des heures de nous dire « Oh mon dieu, du surnaturel, c’est absolument impossible ! », ce qui est la marque de fabrique des auteurs rationalistes à la française. Non, elle récupère tranquillement les légendes de son coin et les adapte à sa façon. Un livre à lire un soir d’hiver avec un petit porto au coin du feu.

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Il y a d’ailleurs un peu de Downton Abbey à Nohant ! En particulier dans la cuisine, où on peut encore voir les sonnettes qui servaient à appeler les domestiques, chaque sonnette correspondant à une pièce en particulier. La maison de Nohant a tout de la demeure bourgeoise, mais elle garde aussi le côté bohème de sa plus illustre habitante. On y trouve notamment un petit théâtre. Et oui, il faut bien s’occuper à la campagne quand on n’a pas Netflix ! Alors on crée des pièces de théâtre entre amis ou en famille, et puis on fait les décors, les costumes, et on joue dedans. Maurice, le fils de Sand, aime les marionnettes et vous pourrez en voir toute une collection au-dessus de la librairie. (Moi, ça me fait un peu flipper les marionnettes, je vous avoue.)

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Du vaste domaine qu’était Nohant à l’époque de Sand, il reste aujourd’hui un très beau jardin. Vous pouvez donc admirer de belles parcelles fleuries ou des arbres magnifiques en vous demandant s’ils étaient déjà là du temps de l’écrivaine. Allez saluer les coqs dans la basse-cour et guettez les grenouilles à la surface des bassins. Recueillez-vous dans le cimetière attenant sur la tombe de cette femme qui a marqué son époque. Attardez-vous dans la jolie librairie, car il serait dommage de repartir sans un ouvrage de celle qu’on a appelée la dame de Nohant. Et si vous avez un petit creux, déjeunez sur place dans le charmant café, qui sert des assiettes du jour à base de produits locaux (salade de lentilles, chèvre cendré, pâté berrichon…). On était bien là, sous les arbres, dans la cour de Nohant. Vraiment hors du temps.

Nous vous conseillons donc cette escapade campagnarde et culturelle ! Nohant est à 300 kilomètres de Paris. Il y a d’autres lieux dédiés à George Sand tout autour, si vous avez envie d’approfondir votre découverte. Je connaissais un peu le Berry entre Bourges et Sancerre, mais j’ai trouvé que cette partie était plus riante. On a vraiment l’impression de passer une frontière nord-sud entre les deux, en fait. La partie située dans l’Indre, là où se trouve Nohant, a quelque chose de plus méridional. Une vraie douceur. Et croyez-nous, on l’a bien vue, la campagne sud-berrichonne, avec tous les détours qu’on a faits pour y arriver !

Pour découvrir plein d’autres pépites de la campagne, suivez le hashtag #EnFranceAussi sur les réseaux sociaux pendant tout le mois de janvier.

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Et pour gagner ce superbe livre « En Forêt », offert par les éditions Gallimard, il vous suffit de commenter un (ou plusieurs) article(s) de blog participant au RDV de ce mois de janvier 2020 et aller sur la page FB EnFranceAussi pour dire que vous avez participé.

Vous pouvez jouer jusqu’à la fin du mois.

Bonne chance !

 

 


30 réflexions sur “Chez George Sand à Nohant

  1. notre GPS à nous s’appelle Carlotta et clairement son sens de l’orientation laisse à désirer ^^

    Tu m’as vraiment donné envie avec cet article de relire du George Sand, et même de faire un tour dans le Berry … ce qui n’est pas rien !!

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  2. Ah. George Sand… Une femme exceptionnelle dont vous mettez bien en valeur les mérites. Merci à vous de me redonner envie de retourner une nouvelle fois rendre hommage à la grande dame de Nohant !

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  3. merci de cette découverte
    3h pr faire 40 kms ouille ouille
    ouf vs êtes toujours ensemble
    c est vrai cette réglexion sur l oeuvre de George Sand je n y avais jamais pensé

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  4. Jolie découverte, je ne savais pas placer Nohant sur une carte et encore moins que c’était lié à George Sand ! J’ai également appris qu’il fallait une autorisation de travestissement pour porte un pantalon ! 😀
    Et ça me rappelle un souvenir d’école où j’avais une camarade qui s’appelait Aurore Dupin, elle y a eu droit aux références à George Sand par les profs ! 😀

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  5. Aaaah les routes de campagne … c’est souvent toute une aventure ! Et ça me fait plaisir de voir que je ne suis pas la seule à donner des noms aux objets 😁
    Une belle découverte pour moi que cette maison de Nohant et je me dis qu’il faudrait vraiment que je lise un des livres de Madame Sand parce que bon … de ce côté là aussi ce sera une découverte !

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    1. Oui les routes de campagne et ce moment où tu te dis : on n’est pas déjà passé par là ? Je suis devenue une spécialiste du demi-tour sur la départementale… avec un vieux van sans direction assistée, sinon c’est pas drôle !

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  6. Bon au vu des commentaires, il faut impérativement que je m’attelle à baptiser mon GPS. Je vais y réfléchir.
    Sinon belle demeure et musée très intéressant. Je suis déçue que George Sand n’ait jamais été au programme de ma scolarité, ne la mentionnant que lors de l’étude de Musset, comme tu l’as dit. J’ai bien aimé en apprendre plus sur cette femme remarquable grâce à cet article.

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  7. Merci mesdames pour cette pépite que je viens d’ajouter à ma loooongue liste. Cette visite complètera celles que j’aime faire au musée de la vie romantique. Histoire de retrouver Madame Sand dans une autre (très belle) région.
    Sinon not’ GPS s’appelle connasse. C’est vrai, elle dit de plus en plus de conneries.Mais tout bien réfléchi, je vais peut-être le rebaptiser…robert.

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  8. En effet j’ai étudié Musset au lycée (et je n’ai pas trop aimé) mais jamais George Sand. Il serait temps de la découvrir! Et le café a l’air délicieux :p

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  9. Au fil de la lecture de cet article, un constat : je n’ai jamais lu un seul George Sand. Va falloir que je répare cette erreur ! J’ai l’impression que cette visite dans l’univers de cette autrice valait bien les trois heures d’errance routesque. En tout cas, vous m’avez carrément donné envie d’aller à Nohant.

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