Je vous le dis d’emblée : je croyais connaitre la mélancolie et j’ai découvert Lódz. Ok, c’est pas super accrocheur comme entrée en matière ! Mais c’est vraiment ce que j’ai ressenti là-bas.
Ça, c’est la Manufaktura… Le plus grand centre commercial de l’Europe de l’Est. Il est situé dans une ancienne usine textile.
J’exagère peut-être un peu, mais pas tant que ça. Je voyage pas mal durant l’année, mais de deux manières différentes. Avec Paule-Elise, on part en vacances ou on se fait des petits week-ends. On y pense longtemps à l’avance, on se projette, ce sont des moments de détente et d’enthousiasme (oui, les sites de mémoire, ça peut être de la détente). Parfois, je pars aussi en voyage pour mon travail pour accompagner et installer des œuvres d’art. C’est très différent. Il y a le stress de l’installation et je ne peux me détendre qu’une fois que les tableaux sont accrochés.
Ce sont quand même des moments que j’aime. Malgré l’attente dans les aéroports, malgré le froid dans les zones de fret, ce sont des bulles de solitude, de lecture, de réflexion qui me plaisent, des respirations dans le quotidien du travail. Ce sont parfois des errances en camion sur les autoroutes canadiennes, grecques ou polonaises. Ce sont aussi souvent de belles surprises et des « coups de cœur » pour certains lieux comme Vienne ou Thessalonique. Je vous avais d’ailleurs parlé de mon errance à Thessalonique ici. Pour l’anecdote, c’est grâce à l’un de ces convoiements que nous avons fait notre voyage de noces au Québec. Ces convoiements étaient souvent en lien avec la Première Guerre ces dernières années, à cause de toute l’actualité du Centenaire (puisque je bosse au Musée de l’Armée, logique).
Comme ça s’organise souvent au débotté, je ne me renseigne pas à l’avance sur l’endroit où je vais. Et dans ma pochette surprise, j’ai trouvé récemment un convoiement pour Lódz en Pologne à l’occasion de l’exposition « The Great War » au Muzeum Sztuki (très belle expo au demeurant). Mais Lódz, en novembre.
Et oui, l’inconvénient majeur, c’est que l’on se rend souvent dans des endroits alors que la saison ne s’y prête pas des masses. Cela fait trois fois que je vais en Pologne. Toujours entre novembre et décembre. Alors pour moi, la Pologne, c’est la nuit et le froid. Il y a plein d’aspects de ce pays qui doivent être très agréables en été : les longues rues où flâner, les places dégagées, les parcs…
Mais c’est plus difficile à apprécier en hiver, lorsqu’un vent glacial s’infiltre sous votre manteau et que tout le monde vous jure que l’endroit où vous voulez vous rendre n’est qu’à dix minutes de marche. Ce n’est jamais le cas… Je ne m’explique pas le phénomène, sauf à penser que mes jambes sont différentes des jambes polonaises.
Pour mes voyages en Pologne en novembre ou en décembre donc, je me garde toujours des visites sympas sur mon temps libre : l’itinéraire du souvenir juif à Varsovie ou le musée du Soulèvement de Grande Pologne (voir notre article Un Noël à Poznan)… Que des choses qui mettent la patate.
Pour Lódz, je me suis laissé porter pour vous offrir une balade photographique. Pas de lieu précis, pas d’attraction touristique, une errance au hasard avec trois maitres mots : mélancolie, consommation et culture… Gros dépaysement en perspective.
Le seul endroit où je n’ai pas pu prendre de photo, c’est à l’intérieur du Musée d’Art moderne, le MS 2. Je vous le recommande fortement. C’est une plongée hypnotique dans l’art contemporain polonais. Je n’ai pas forcément retenu tous les noms d’artistes, ni compris toutes les œuvres. Ce qui m’a le plus interpellée, c’est combien la Révolution française est citée comme moment fondateur de la montée des utopies en France. Et combien la Première Guerre mondiale est vue avant tout comme le début de l’indépendance de la Pologne et donc comme une vague d’optimisme qui sera brisée à la Deuxième Guerre mondiale.
Lui, on le voit partout en Pologne. C’est Józef Piłsudski de son petit nom. Il a proclamé l’indépendance de la Pologne il y a 100 ans, le 11 novembre 1918. Ça se voit qu’il rigole pas, non ?
A défaut de me remonter le moral, les convoiements me permettent toujours de décentrer mon point de vue et de faire un pas de côté. Sans chercher le sensationnel à tout prix, en me laissant porter, au rythme de la ville où je suis. Ce sont des moments précieux.
J’adore ce type de visite, sans but précis, sans programme établi à l’avance, juste une errance comme tu dis. Perso, je trouve qu’on découvre la ville d’une autre manière, avec un autre regard et c’est souvent là qu’on capte son ambiance. Les églises sont vraiment jolies et le tramway a un petit quelque chose de « sovietic vintage ». Ça me refile l’envie de repartir en Pologne 🙂
Très chouette article !
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Merci Alexis ! Je devine d’après tes articles que tu aimes effectivement ce genre de déambulation 😉
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Merci pour cet article sincère et un peu décalé, pour cette poésie urbaine impromptue. Je pense que la mélancolie m’aurait rongée… mais je reste curieuse et ouverte.
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La mélancolie aurait rongé n’importe qui! Mais c’était une parenthèse rapide, juste le temps de prendre le pouls de la ville. Merci pour ton commentaire !
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Coucou, merci pour cet article sur cette ville que je ne connais que de nombreux- car en jumelage avec une ville française. C’est sûr que l’ambiance hivernale n’aide pas à apprécier la Pologne.
Et concernant la fin de la première guerre mondiale, c’est en effet la naissance de la Pologne dans l’idée qu’on s’en fait aujourd’hui. Pendant près de 100ans, elle n’existait pas sur la carte, étant divisé entre la Prusse, l’empire austro-hongrois et russe.
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Merci pour ce commentaire. En effet, c’est un pays à l’histoire fascinante et complexe !
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