La Loire en van : Chenonceau et Loches

L’été dernier, nous sommes parties avec le van en Corrèze pendant deux semaines, puis Hélène est rentrée à Paris reprendre le travail et j’ai poursuivi en solo pendant une semaine. J’ai fait un petit roadtrip en Nouvelle-Aquitaine, prenant le temps de descendre de Brive-la-Gaillarde à Saint-Jean-de-Luz en empruntant les nationales et les départementales.

Après quelques jours au pays basque avec mon frère et des amis, j’ai pris à nouveau mon temps pour remonter sur Paris. Il faisait chaud pour rouler en journée, et ni le van ni moi n’apprécions trop les canicules de la fin de l’été. Alors nous avons fait des sauts de puce, une première étape dans les Landes près du lac d’Hostens, et une deuxième étape à Loches, dans le Val de Loire. Et si j’en profitais pour visiter un château de la Loire ? Chenonceau n’est pas loin, après tout, et je rêve de le voir depuis longtemps…

Aujourd’hui, je partage avec vous cette étape à Chenonceau et Loches pour le RV #EnFranceAussi sur le thème des châteaux, choisi par Sabrina du blog Tu Paris combien. Sachez que la région de la Loire se prête très bien à un roadtrip en van de quelques jours. D’ailleurs, nous y avions déjà été en automne pour visiter Chambord, Cheverny et Blois.

Une soirée à Loches

J’ai choisi de m’arrêter à Loches parce que j’avais vu sur l’application Park4night qu’il y avait une petite aire de camping-car tout près du centre-ville. Grand bien m’en a pris, car c’était un très chouette emplacement situé juste au bord d’un bras de l’Indre. Il n’y a pas d’équipement, mais c’est gratuit (merci la mairie !). La proximité de la rivière apporte de la fraicheur et l’ambiance est bucolique. Ça m’a fait du bien, après les grosses chaleurs que j’ai eues sur la route.

Ma première mission est d’aller acheter des bouteilles d’eau avant la fermeture des magasins. Je file donc dans le centre-ville en longeant la rivière et j’arrive rapidement au pied de la vieille ville, qui est surplombée par le beffroi de la tour Saint-Antoine et par un imposant donjon. Ça me plait bien, et une fois ma mission effectuée, j’ai tout le temps de me balader dans les ruelles de cette jolie cité médiévale.     

Même si je suis arrivée trop tard pour visiter les monuments de Loches, je garde un souvenir vraiment agréable de cette balade en début de soirée. La lumière décline, les touristes commencent à s’attabler et j’ai les ruelles médiévales de la haute ville juste pour moi. L’air se rafraichit à mesure que je monte vers le donjon érigé au 11ème siècle et remarquablement bien conservé. On découvre de jolis panoramas sur les environs aux détours des ruelles.

L’église Saint-Ours est encore ouverte, et je m’empresse d’y jeter un œil. (J’aime beaucoup le fait qu’il existe un Saint-Ours. Ça veut dire qu’Ours était un prénom à une certaine époque.) Construite dans la belle pierre blanche de la Loire, l’église est remarquable par ses drôles de pyramides sur le toit, comme un ours qui montre les dents, mais aussi par le riche bestiaire qui orne son portail roman. Malgré les dégâts du temps, quelques traces de peinture témoignent des couleurs vives qui animaient les monstres, les animaux et les saints du haut de leur tympan. Un charmant comité d’accueil.

A l’intérieur de l’église, la nef est en travaux, mais on peut faire le tour par les allées latérales. Je découvre le tombeau d’Agnès Sorel, à qui le roi Charles VII avait légué le domaine de Loches. Joli cadeau pour sa favorite officielle, qui étonnait la cour par ses tenues et son maquillage extravagants – à tel point qu’elle éclipsait la reine, ce qui n’était pas une bonne idée. Agnès Sorel mourut à 28 ans de causes qui font encore débat (maladie ou assassinat, le mystère reste entier). Elle légua une grande partie de ses biens à la ville de Loches.

En redescendant pour trouver ma pitance du soir, j’admire de l’extérieur les anciens logis royaux. Un peu plus loin, je remarque un écriteau sur une façade décatie : « Monument historique – A vendre ». J’envoie un texto à Hélène pour voir ce qu’elle en pense, on ne sait jamais ! Ensuite, il est temps de déguster des rilles et du vin blanc, comme il se doit. La soirée se termine en douceur.

Chenonceau, Cher château

Hors période de Covid, je n’aurais jamais envisagé de visiter le château de Chenonceau un samedi du mois d’août. Vous le savez, on préfère généralement fuir la foule et trouver des endroits moins spectaculaires, mais plus déserts. Après une vingtaine de kilomètres de route dans la campagne tourangelle, m’y voilà pourtant.

J’ai pris mon temps le matin – comme toujours – et il est déjà l’heure du déjeuner quand j’arrive à Chenonceau. Tant mieux pour moi, car en étant en décalé je peux découvrir les jardins très tranquillement. Jusqu’à 14 heures, il n’y a vraiment pas trop de monde. Les conditions sont réunies pour que je tombe sous le charme !

Le château de Chenonceau est surnommé le château des Dames, car son histoire est marquée par plusieurs grandes figures féminines de notre histoire. Les deux plus emblématiques sont les rivales Diane de Poitiers et Catherine de Médicis. La première était l’amante du mari de la seconde, d’où la rivalité. Henri II, en l’occurrence, fit don de Chenonceau à Diane de Poitiers, en mode : « Tiens chérie, un château, fais-toi plaisir ». Après sa mort, Catherine de Médicis s’empressa évidemment de virer ladite Diane, en mode : « Tu prends tes affaires et tu dégages. » Les galeries sur le pont, c’est l’idée de Catherine de Médicis, qui y a organisé des fêtes fastueuses en l’honneur de ses enfants (tout cela pendant que le peuple était éprouvé par les guerres de religion et la disette, soit dit en passant).

Aujourd’hui, la visiteuse est accueillie par deux jardins à la française, le jardin de Diane de Poitiers à gauche et le jardin de Catherine de Médicis à droite. Egalité, balle au centre, pas de jalouse. Les deux jardins offrent une vue superbe sur le château et le Cher. L’architecture délicate du logis Renaissance se trouve magnifiée par les massifs fleuris.

Le château en lui-même est beaucoup moins imposant qu’un mastodonte comme Chambord. Le logis carré abrite quatre grandes pièces par étage, ainsi qu’une chapelle et des cuisines. A peine une vingtaine de pièces au total, c’est très modeste, n’est-ce pas ! Par contre, tout a été vraiment bien restauré. On trouve dans chaque pièce des objets et des peintures de l’époque. Le petit plus, ce sont les magnifiques compositions d’art floral qui agrémentent le mobilier.  

Parmi les chambres des reines, la chambre de Louise de Lorraine m’a particulièrement marquée, avec son décor macabre. On dirait la chambre d’une ado gothique (et très riche), en fait. Louise de Lorraine était l’épouse d’Henri III et elle a vécu une dizaine d’années à Chenonceau. Après la mort d’Henri III, elle a pris le deuil d’une façon plutôt ostentatoire, si l’on en juge par les cranes, les couronnes d’épines ou encore les lambris et les tapisseries noires qui ornent sa chambre. Elle a convié des religieuses pour vivre avec elle, autant dire que c’était une autre ambiance que sous Catherine de Médicis.  

Sous les arches du château coule le Cher. C’est assurément ce qui fait la spécificité de Chenonceau, que l’on pourrait considérer comme un très joli pont, au final ^^. Les deux galeries superposées enjambent la rivière, et de l’intérieur on a l’impression d’être dans un bateau qui dériverait très lentement vers la forêt. Une plaque commémorative rappelle que, pendant la Première Guerre mondiale, Chenonceau a été transformé en hôpital militaire. Quelques décennies plus tard, pendant la Deuxième Guerre mondiale, le château sera situé sur la ligne de démarcation entre la France libre et la France occupée. La galerie servira alors de passage clandestin entre les deux parties du territoire.

De l’autre côté du château, il y a une grande forêt (qui est gratuite, ce qui veut dire que vous pouvez voir le château gratuitement de ce côté si vous n’avez pas envie de le visiter). Je me suis baladée un peu, puis je me suis assise au bord du Cher, à l’ombre des arbres. En début d’après-midi, les canoës fluos commencent à arriver. Ça fait moche sur les photos, mais je me dis que ça doit être sympa de découvrir le château depuis la rivière et de passer sous ses arches.  

En prenant son temps et en se baladant dans les jardins et dans la forêt, il vaut mieux compter une bonne journée. J’ai aimé cette halte, c’est certainement le château de la Loire auquel j’ai trouvé le plus de charme.

Pour rentrer, je pourrais prendre l’A10 et filer vers Paris, mais j’ai envie de prolonger les vacances encore un peu. Je rejoins la départementale qui longe la Loire et qui offre une superbe vue sur le fleuve. On aperçoit quelques châteaux, on voit beaucoup de forêt. La Loire est magnifique, avec ses bancs de sable, dans la lumière de la fin de journée. Je dépasse Blois, puis je change de rive en direction d’Orléans. Je passerai une dernière nuit dans la campagne avant de retrouver la ville. 

Quelques infos pratiques

C’était la deuxième fois que je passais quelques jours en van pour voir les châteaux de la Loire. Ça se fait vraiment bien ! L’aire gratuite à Loches était nickel. A Chenonceau, il y a un grand parking gratuit et ombragé pour les vans et les camping-cars. On peut y rester toute la journée, faire sa popote, se poser un peu avant ou après la visite. C’est très pratique. On trouve aussi de bons spots pour dormir dans la forêt de Sologne au sud d’Orléans, que ce soit en pleine nature ou dans les villages. Bref, vous pourrez vraiment vous faire plaisir !

Ah, et une chose marrante pour Chenonceau : le site est ouvert aux chiens ! Il faut qu’ils soient tenus en laisse dans les jardins et vous pouvez même les emmener dans le château si vous les prenez dans vos bras (plus facile avec un yorkshire qu’avec un molosse, évidemment). En tout cas, c’est plutôt sympa de ne pas avoir à tirer à la courte paille pour savoir qui restera avec Snoopy pendant que les autres feront la visite. Bonne initiative.

Un spot pour la nuit en Sologne

Retrouvez d’autres chateaux ce mois-ci en suivant le hashtag #EnFranceAussi sur les réseaux sociaux ! #EnFranceAussi est un RV interblogueur créé par Sylvie, alias Le coin des voyageurs.


12 réflexions sur “La Loire en van : Chenonceau et Loches

  1. je ne suis pas très objective, j’habite à Loches et j’ai travaillé 9 ans à deux pas du château de Chenonceau… mais ce sont deux très belle étapes en Touraine! Je suis ravie que cela t’ai plu! Et tu as trouvé un beau point de vue sur la tour saint antoine dans la verdure!

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  2. J’adore ce château, sûrement un de mes préférés pour le moment (mais je suis loin de les avoir tous vu !). La chambre toute noire, j’ai adoré, c’est tellement atypique dans un château ! Et les galeries sur surplombent l’eau, magnifique. Si tu as l’occasion une prochaine fois, n’hésites pas à faire la balade en barque, ce point de vue est génial ! 🙂

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  3. Merci, Paule-Elise et Hélène pour ce beau voyage qui me rappelle des souvenirs inoubliables dans cette magnifique région, riche d’un patrimoine exceptionnel, fruit du labeur des hommes et femmes. J’espère que vous allez bien, prenez soin de vous surtout, en espérant vous revoir prochainement.
    Amicalement.
    Philippe.

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  4. Ah tiens moi aussi j’ai fait une petite escapade du côté des châteaux de la Loire l’été dernier, mais ni Loches ni Chenonceau n’étaient au programme. Ca sera l’occasion de revenir !

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    1. Merci pour ton passage et tes commentaires ! Si tu as l’occasion de voir Chenonceau sans trop de monde, je te le recommande vraiment ! Il ne fait pas vide du tout, les intérieurs sont vraiment bien restaurés, c’est juste la bonne taille.

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