La chronique livres du 8 Mars

Il est venu le temps de faire une petite chronique livres autour des femmes et du voyage à l’occasion du 8 Mars. Je pourrais le faire n’importe quand dans l’année, me direz-vous, mais le 8 Mars me semble être un bon moment pour faire un point sur ces questions et partager avec vous quelques réflexions existentielles, entre fatigue féministe et lectures enthousiasmantes.  

Je commence par la fatigue féministe, d’accord ? Et j’aimerais d’abord vous proposer un petit jeu : quelles autrices de voyage du 21ème siècle pouvez-vous citer spontanément ?

Si l’on me pose la question comme ça, à brûle pourpoint, je chercherais un moment avant de répondre : Cheryl Strayed. Et comme j’ai un peu triché pour préparer cet article, je me verrais obligée de mentionner Sarah Marquis, dont les livres s’étalaient sur un bon tiers du présentoir « Récits de voyage » du Cultura de la Villette la dernière fois que j’y suis allée.

Autant j’ai aimé « Wild » de Cheryl Strayed, autant je n’ai pas tenu jusqu’à la fin du Sarah Marquis que j’ai acheté pour me faire une idée, j’avoue.

J’ai aimé dans « Wild » l’énergie et la sincérité de l’autrice, qui se lance dans le Pacific Crest Trail plus pour affronter certaines difficultés de la vie que pour la prouesse sportive.

C’est aussi un beau livre sur le deuil de la mère. Même si le traitement de ce sujet est très à l’américaine et que Strayed a des révélations sur la vie toutes les deux pages, son approche est très sensible et la lectrice peut facilement s’identifier.

En y repensant, je me dis également que Strayed évite de nombreux écueils en choisissant de raconter un voyage qu’elle a fait dans son propre pays. Au moins, elle n’est pas en train d’exotiser chaque personne qu’elle rencontre, et ça fait du bien.

Je vous recommande aussi le film avec Reese Witherspoon.

C’est vrai, je suis la première à acheter n’importe quel bouquin qui parle de n’importe quelle femme qui a fait n’importe quoi qui transcenderait un tant soit peu les rôles assignés. Nous avons si peu de rôles modèles que je suis prête à absorber tout ce qu’on me vend comme étant une forme ou une autre de « destin de femme exceptionnelle ». Cependant, ces derniers temps, je ressens comme une grosse fatigue.

J’ai acheté les rééditions des récits de voyage d’Ella Maillart, Vita Sackville-West, Agatha Christie ou Annemarie Schwarzenbach, je les ai lus avec avidité. Qui ne serait pas fascinée à première vue par ces femmes indépendantes, souvent drôles ou attachantes, qui ont parcouru le monde dans les années 1930 ou 1950 ? Pourtant, leur vision du monde est si datée, et, de manière plus problématique, si marquée par le racisme et/ou le mépris de classe. Donc au final, quel est le message ? On publie des femmes, mais leurs récits entretiennent une vision du monde qui est complètement dépassée ? Remboursez !

Je ne dis pas qu’il ne faut pas lire ces livres, bien sûr. Ils m’ont apporté un compagnonnage, un sentiment de sororité. Ils m’ont fait grandir, ils m’ont divertie. Mais comme dans toute famille, il vient un temps où il faut poser sur nos modèles un œil critique. Je remarque que la nouvelle édition de « Parmi la jeunesse russe » d’Ella Maillart est assortie d’une préface soulignant le fait que Maillart n’évoque pas du tout les purges staliniennes dans son récit. Pourquoi ne pas ajouter des préfaces à tous ces récits de voyage problématiques en expliquant simplement pourquoi ils sont problématiques ?

Annemarie Schwarzenbach fait l’objet d’un véritable culte, avec sa belle gueule androgyne et son style garçon manqué des années 1930.

Il serait pourtant intéressant de rappeler, par exemple, que Schwarzenbach était issue d’une très riche famille d’industriels (ce qui a son importance quand on parle d’indépendance). Merci Papa pour la voiture, les beaux voyages et le matériel photo.

A côté de ça, elle avait des petits soucis d’addiction et tombait tout le temps amoureuse de toutes les femmes qu’elle croisait – en vrai, Annemarie c’était un peu ta pote reloue en soirée.

J’ai lu l’été dernier une anthologie de ses textes intitulée « La Quête du réel » et j’aurais vraiment aimé qu’ils soient plus contextualisés, car Schwarzenbach fait souvent preuve d’un essentialisme gênant envers les populations des pays où elle voyage.

Une autre chose qui me fatigue, c’est quand des ouvrages consacrés aux femmes voyageuses reprennent la sémantique du voyage comme une « exploration » ou une « conquête », par exemple. J’ai deux livres dans ma bibliothèque dont le titre est « Elles ont conquis le monde ». Mais pourquoi formuler les choses ainsi ? De quelle conquête parle-t-on au juste ? En fait, je voudrais juste lire des récits de voyage qui ne s’ancrent pas dans cette tradition du voyageur ou de la voyageuse blanc.he qui plante un drapeau mental dès qu’iel met le pied quelque part.

Parce que des autrices de voyage du 21ème siècle qui ne promeuvent pas cette vision du monde éculée, j’en connais plein. Il y a tellement de bonnes plumes sur Internet, des blogueuses ou des chroniqueuses dont j’achèterais les livres les yeux fermés s’ils existaient. Je rêve qu’il existe des maisons d’édition de voyage féministes intersectionnelles et anticolonialistes. J’en ai besoin ! Le monde en a besoin !

J’en profite pour signaler la sortie récente du premier livre de Lucie Azéma, « Les femmes aussi sont du voyage ». Lucie Azéma est journaliste, et elle a écrit ce très beau texte dans lequel elle dit notamment que « la voyageuse est un genre à part ». Elle reprend et développe cette idée dans son livre, qui est le livre féministe et intersectionnel sur le voyage que nous attendions toutes.

Dans cet essai, Lucie Azéma déboulonne soigneusement les statues des Grands Aventuriers qui ont créé le culte de leur propre personne et qui ont mis dans l’ombre les femmes et les hommes moins riches ou moins blancs qui les ont accompagnés. C’est à la fois passionnant et jouissif. En parallèle, l’autrice met en lumière de nombreuses femmes (et certains de ces hommes moins riches ou moins blancs) qui ont pris la route, quitté un chemin tout tracé et parcouru le monde. Elle souligne aussi les biais qu’on intériorise en tant que femme et nous incite à prendre notre envol.

J’aime ces livres qui sont assez généreux pour susciter une énorme envie de lire d’autres livres dans la foulée. « Les femmes aussi sont du voyage » est très documenté, et il vous donnera à coup sûr envie d’embrayer sur d’autres lectures et d’autres autrices. J’ai déjà fait ma petite liste, d’ailleurs. Et ce que j’attends secrètement, c’est que Lucie Azéma se lance maintenant dans le récit de ses voyages à elle !

Finalement, les meilleures histoires de voyage écrites par des femmes que j’ai lues récemment, je ne les ai pas trouvées au rayon voyage, mais du côté de l’autobiographie, de la poésie ou du livre de cuisine.

Il y a par exemple « Le Grand marin », de Catherine Poulain, dont Audrey vous parlait dans un article collectif du 8 mars que nous avions publié il y a deux ans. Cette autofiction sur une femme qui fuit un passé compliqué et s’embarque sur un bateau de pêche en Alaska m’a beaucoup touchée. C’est un récit âpre et lumineux de rédemption, avec un esprit très beat generation. Il traine toujours sur mon bureau.

(En parlant de beat generation, j’ai emprunté cet été à la bibliothèque une magnifique anthologie des « Femmes poètes de la beat generation », que je vous recommande chaudement si vous trouvez que la clique de Kerouac est sympa, mais quand même super macho.)

Et il y a aussi Patti Smith, dont les livres peuvent se lire comme de la littérature de voyage. La musicienne, chanteuse, photographe et poétesse cultive le sens de l’errance, l’anecdote faussement banale, l’amour du pèlerinage. J’aime particulièrement « M Train », qui est l’un de mes livres préférés du monde entier.

Dans ce récit autobiographique, Patti Smith part en Guyane sur les traces de Jean Genêt, se retrouve coincée dans un tournoi d’échecs improbable en Islande, fait la tournée des bars et des cimetières à Tokyo avec deux copains. On se laisse emporter d’une rêverie à une autre, peu importe le continent, seules comptent la poésie et la profondeur de l’instant.

J’ai une anecdote marrante sur Patti Smith. Pour mes 30 ans, j’ai reçu quatre fois son livre « Just kids », de la part d’amis et de proches qui ne s’étaient pas concertés. A l’époque, je connaissais à peine son œuvre, donc j’étais vraiment surprise de cette coïncidence. Evidemment, j’ai adoré ce livre. Puis j’ai écouté la musique de Patti Smith, je l’ai vue en concert et j’ai continué à lire ses autres livres. Voilà un rôle modèle magnifique. Et si vous ne deviez suivre qu’un seul compte sur Instagram, ça devrait être le sien ! (J’insiste, elle fait des poèmes tous les jours ou presque, parfois même sur des choux de Bruxelles).  

Cela nous fait une belle transition vers mes prochaines recommandations, qui vous attendent au rayon cuisine, où j’ai trouvé quelques autrices vraiment intéressantes. En fait, la cuisine est un prisme idéal pour parler de politique, de communautés, de partage – et de voyage évidemment.

Aux addicts du Japon, je recommande le recueil « Un sandwich à Ginza » de la journaliste et autrice culinaire Yôko Hiramatsu.

Cette série de chroniques nous plonge dans les atmosphères savoureuses de la cuisine populaire japonaise. Chaque chronique a un goût unique, avec des descriptions des plats, mais aussi des ambiances, des gestes, des rituels et des convives qui entourent le repas. On découvre aussi l’histoire des lieux qui doivent leur réputation à un met ou à un emplacement.

C’est bien écrit, plein d’esprit et clairement appétissant. On finit toujours par en relire des petits bouts, comme on grappillerait dans un paquet de bonbons. Hélène le connait quasiment par cœur.

Enfin, à Noël, j’ai reçu le très beau « Black sea » de Caroline Eden. Il se présente comme un livre de cuisine, avec des recettes et de belles photos, mais il est aussi un véritable récit de voyage très documenté entre Odessa, en Ukraine, et Trabzon, en Turquie.

C’est un format inédit qui me plait beaucoup. On découvre les traditions culinaires de l’aire culturelle de la Mer Noire, on croise des écrivains et des pêcheuses, on passe des frontières qui semblent artificielles tant les spécialités de l’un et l’autre pays se ressemblent.

Depuis que je l’ai reçu, j’ai tenté une version végétarienne du bigos, j’ai fait mes premiers boreks et j’ai même essayé la soupe de légumes au chou fermenté ! (Je vous jure que c’était bon, mais j’ai une passion bizarre pour le chou fermenté).

Alors, peut-être simplement que le récit de voyage tel que nous le connaissons est obsolète. J’aimerais juste que de nouvelles voix émergent sur les présentoirs des librairies, des voix de femmes gourmandes, des voix de poétesses qui préfèrent l’errance à la conquête et l’inclusion à l’exotisme. Je rêve trop, vous croyez ?

Il y a sûrement des références d’autrices de voyage contemporaines qui m’ont échappé, n’hésitez pas à partager vos coups de cœur en commentaires !


15 réflexions sur “La chronique livres du 8 Mars

  1. Bonjour Paule-Elise,
    bonne fête à vous et à Hélène et merci pour cette chronique de livres.
    Travaillant sur les femmes dans la Résistance, j’ai relu cette phrase d’Henri NOGUERES : »Il en fut des femmes dans la Résistance, comme il en est quotidiennement des femmes dans la vie. Elles y ont fait toutes ces choses qu’elles seules pouvaient faire – ou qu’elles pouvaient faire en tout cas, indiscutablement mieux que les hommes. Et elles y ont fait aussi, et tout aussi bien que les hommes, tout ce que les hommes faisaient ».
    Personnellement, lors de mon AVC et pendant toute la rééducation, ce sont des femmes qui m’ont aidé à vivre et à faire à nouveau les gestes de la vie quotidienne.
    Dans la vie, aujourd’hui, et en ces temps parfois de désespoir, je sais pouvoir compter sur mes deux meilleures amies : Delphine et Sylvie.
    Je vous embrasse toutes les deux. A bientôt.

    Amicalement.

    Philippe.

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  2. Merci pour ce super article et cette super chronique. J’ai ressenti la même chose que toi face aux récits de voyage de manière générale, les récits de voyage par des voyageuses ne dérogeant pas à la règle. Pourtant, ado, je ne lisais que ça. J’ai toujours une grande tendresse pour Isabella Bird (qu’il faudrait que je relise avec un prisme plus contemporain) et Agatha Christie, aussi, même si j’émets les mêmes critiques que toi, évidemment… Je n’ai jamais lu Wild, ayant pourtant beaucoup aimé le film, j’avais un peu peur du côté réflexions sur la vie et enfonçage de portes ouvertes, mais si tu le recommandes, je vais m’y mettre cette semaine, tiens !
    J’adore les voyages gastronomiques de Taniguchi, alors je vais sans hésiter lire celui de l’autrice que tu recommandes (et en plus je vois que c’est illustré par lui !).

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    1. On peut avoir de la tendresse et de la lucidité en même temps ! Moi aussi, j’ai toujours une place particulière dans mon coeur pour Ella Maillart, par exemple. Ce qui me questionne, ce ne sont pas tant les textes de ces femmes que la façon dont on les présente aujourd’hui. Je suis curieuse de savoir ce que tu penseras de « Wild » et d' »Un sandwich à Ginza » !

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  3. J’ai honte, je ne connais aucun des livres dont tu parles…. bon, ok, je connais Patti Smith tout de même! 🙂 et je l’adore. Je ne pensais pas du tout qu’elle avait un compte instagram!! j’irai voir.
    En fait, bizarrement, je ne lis aucun livre sur les voyages, je n’y arrive pas. Pourtant, j’aime lire les récits de voyage sur les blogs.

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  4. Très belle réflexion ! Je ne pardonne plus rien à Tesson et consorts, mais j’avais encore un peu d’indulgence pour les récits de voyageuses, tout en ayant l’intuition que ces femmes qui voyagent ET qui publient des livres, elles sont globalement très privilégiées. Je me souviens avoir refermé Nomade sur la voie d’Ella Maillart, d’Amandine Roche, avec une pointe de dégoût, me disant qu’à moins de connaître 17 ambassadeurs et consuls comme A. Roche, on ne risquait pas de pouvoir retracer son périple…

    Les blogs de voyage montrent des voyageuses « ordinaires » (parmi le microcosme des gens en mesure de voyager) et même si la qualité littéraire n’est pas forcément là, je les préfère actuellement aux récits littéraires qui me donnent invariablement un grand sentiment de découragement. J’apprécie que tu aies mentionné Cheryl Strayed, dont le récit est très accessible, et je me réjouis de découvrir tes autres suggestions.

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    1. C’est sûr qu’il y a vraiment une caste d’écrivain•e•s voyageurs•ses sponsorisé•e•s par le réseau des instituts français et des ambassades, comme d’ailleurs l’étaient Vita Sackville-West ou Agatha Christie à leur époque. Du coup… c’est chiant.
      Je trouve vraiment une plus grande richesse dans la blogosphère, c’est ça que j’aime car le fait de parler de voyage devrait aller de pair avec une plus grande ouverture et une plus grande honnêteté intellectuelles, finalement.

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  5. Re tentative ! 😀
    Je suis 1000% d’accord avec toi quant aux voyageuses old school ! Je ne lisais que ça, quand j’étais ado, des récits de voyage, et à l’époque je trouvais déjà difficilement des récits de voyageuses VS les récits de voyageurs, que je ne voyais quand même pas tout ça, tellement j’étais heureuse ! Je garde quand même une tendresse pour Isabella Bird et Agatha Christie, notamment. J’avais beaucoup aimé Wild (version film) mais jusque là je m’étais retenue de lire le livre, j’avais l’impression que j’allais tomber sur un récit avec 15 trucs spirituels par page, mais maintenant tu me donnes envie de l’emprunter ! Idem pour la balade culinaire japonaise (dont je vois en plus que c’est illustré par Taniguchi dont j’adore aussi les balades culinaires, tiens !). En tout cas merci pour ce super article ! 🙂

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  6. Sachant que j’ai beaucoup apprécié Wild (bon après un temps de maturation, car c’est plus intime que randonnée, donc j’ai commencé en étant surprise et déçue avant d’apprécié) et le grand marin. Que je n’ai pas aimé Sarah Marquis, simplement en raison de sa façon de parler des personnes qu’elle rencontre, je viens de noter consciencieusement tous les titres que tu suggères.
    J’attends aussi avec impatience la sortie du nouveau livre de Caroline Eden car il propose des recettes d’Asie Centrale (et que j’ai l’idée folle de réussir à faire un manuscrit correct de mon récit de voyage au Kirghizstan pour le présenter à des éditeurs, alors depuis que je travaille dessus, j’ai juste envie de remanger les plats de là-bas).
    De mon côté, j’ai un livre coup de coeur à te proposer (si je ne l’ai déjà fait) : Seule sur le transsibérien de Géraldine Dunbar.
    Je crois que l’intérêt principal de son récit vient du fait qu’elle parle russe et qu’elle semble aimer absolument toutes les personnes qu’elle rencontre. Elle les aime dans le sens où elle les écoute, tente de les comprendre et ne les juge pas. Du coup, c’est un portrait passionnant que j’avais dévoré.
    Un autre livre côté cuisine : My berlin Kitchen, par Luisa Weiss. C’est en anglais (je ne crois pas qu’il ait été traduit). C’est une histoire de nouveau départ, d’installation à Berlin, de différences culturelles. Ce n’était pas un coup de coeur, mais c’est une belle lecture avec également plein de recettes.
    La prochaine fois que je viens à Paris, on ne peut pas se faire un club lecture ? ça m’éviterait d’écrire des commentaires bien trop long pour un article de blog 😉

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    1. Merci à toi (et à ton amoureux) pour ces recommandations ! Je n’ai pas voulu m’étendre sur Sarah Marquis dans l’article, mais je partage complètement ton avis (et je trouve aussi que c’est très mal écrit). Je note tes conseils – en attendant qu’on fasse un club lecture autour d’un bon thé 😁🤓

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  7. Je viens de discuter de ton article avec mon amoureux qui tient absolument à ce que je te conseille L’espace d’un an de Becky Chambers (que je n’ai pas encore lu). Il y a du voyage même si c’est de la fiction (et surtout il aime les relations humaines qui sont dedans).

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