C’est l’heure du RV #EnFranceAussi, cette merveilleuse période du mois où les blogueurs parlent de notre beau pays (cocorico) sous la houlette (et non la hulotte) de Sylvie du blog Le Coin des voyageurs. Et en ce mois de mars, c’est Annabelle du blog Matante A qui a fixé le thème Ornithologie.
Il y a plein de beaux endroits en France où admirer les oiseaux. Malheureusement, Paris n’en fait pas vraiment partie. Mais heureusement, Hélène a une passion pour l’histoire des animaux. Ou les animaux dans l’histoire. Bref, le rôle qu’ont pu jouer les petites bestioles dans notre histoire très humano-centrée. Alors aujourd’hui elle a pris sa plus belle plume (rapport aux oiseaux, hihi) pour vous raconter l’histoire des pigeons qui ont presque sauvé Paris pendant la Guerre de 1870.
Non, ce n’est pas un sujet tiré par les cheveux. Ça se passe en France et il y a des oiseaux. C’est dans le thème, point.
Cette histoire se déroule donc dans notre belle capitale.
Cela peut arriver dans n’importe quelle rue, sur n’importe quel trottoir… Ils fondent sur vous dans un bruissement d’ailes inquiétant. Ils se jettent, tels des fauves, sur la moindre miette de votre repas. Ils lancent des projectiles toxiques sur vos têtes. Ils transmettent des maladies. Ils sont appelés rats volants. C’est l’un des pires fléaux que la terre n’ait jamais porté. Qui sont-ils ?
Ce sont LES PIGEONS PARISIENS.
Ils sont environ quatre-vingt mille dans la capitale, soit un pigeon pour vingt-cinq habitants. Il y en a trois espèces dans Paris. D’abord le bizet, c’est-à-dire le petit gris tout moche. Ensuite le ramier, qui est plus gros et assez joli quand il survole un champ à la campagne, mais qui a l’air de sortir d’une rave de trois jours sans s’être lavé quand il vit dans la capitale. Et le colombin, qui ressemble au ramier avec la même tronche destroy de trainard de Paname.
Si vous êtes sympa, vous leur filez un bout de pain au chocolat de temps en temps. Mais la plupart du temps, quand vous pique-niquez dans un square parisien sous les yeux inexpressifs de ces oiseaux crasseux qui se précipitent sur vous dès qu’il y a un truc qui tombe, vous mourrez d’envie de leur filer un coup de pied. Vous ne le faites pas car vous êtes une amie des bêtes.
Ce que les Parisiens ingrats ignorent, c’est qu’il y a plus d’un siècle, les pigeons ont sauvé les miches de leurs ancêtres. Je vous explique. Commençons par un petit saut dans le passé. Nous sommes en 1870. C’est la guerre ! Bismarck le Prussien et Napoléon III se font la guerre. Ça va mal pour les Français. Les Prussiens envahissent le pays puis assiègent Paris en septembre 1870.
Voilà les Parisiens encerclés. Il leur est impossible de se ravitailler et de communiquer avec l’extérieur. Tout espoir est perdu. Tout espoir ? Non, car une race d’irréductibles volatiles résiste encore et toujours à l’envahisseur. C’est le colombophile belgo-parisien Van Roosebeke qui a le premier l’idée de mettre des pigeons dans des ballons utilisés pour communiquer avec l’extérieur de la ville. Les oiseaux sont ensuite lâchés pour diffuser des infos sur le conflit et remonter le moral de la population française grâce aux messages qu’ils transportent. Bref, c’est du Facebook avant l’heure.
Les bestioles ont bien bossé. Plusieurs de ces pigeons faisaient des voyages de plus de douze heures sans pause, par tous les temps. Pas de répit pour ces pauvres bêtes qui sont emmenées en train avant d’être lâchées près des lignes allemandes. Outre leur rôle d’informateurs, les pigeons servent aussi à transmettre des mandats pour que les Parisiens puissent continuer à se nourrir malgré l’inflation galopante des prix dans la ville assiégée.
Plus que la fatigue et le temps, les pigeons ont comme principaux ennemis des faucons, spécialement dressés pour les attaquer par les Prussiens. A l’époque, la guerre des airs est sanglante. Le pigeon français est fidèle et patriote, si si. On raconte qu’un de ces oiseaux capturé par les Prussiens a vécu chez la mère du prince Frédéric-Guillaume. Il a attendu pendant quatre longues années derrière les barreaux avant de se faire la malle et de rejoindre sa Paname chérie. Trop mignon.
Malgré tout cela, les Français ont perdu mais ce n’était vraiment pas la faute des pigeons. Une fois la paix revenue, ces valeureux volatiles n’ont reçus ni fleurs ni médailles. Ils ont juste été vendus aux enchères.
Les faits d’armes des oiseaux en 1870 ont quand même fait réfléchir les Français, qui créent les premiers colombiers militaires en 1877. Pendant la Première Guerre, les pigeons n’ont pas démérité, mais ceci est une autre histoire.
Le mot de la fin s’adresse plus spécialement au Parisien de souche. Ne fronce pas le nez lorsque tu vois un de ces pigeons déplumés se diriger vers toi. Incline-toi plutôt devant lui et dis-lui merci, car son arrière-arrière-arrière-arrière-arrière etc… grand-père a peut-être sauvé ta ville bien-aimée.
Si vous voulez en savoir plus sur le sujet des animaux dans la guerre, j’ai travaillé avec des collègues sur une exposition au Musée de l’Armée en 2017 qui s’appelait… « Les animaux et la guerre ». Elle est entièrement disponible en ligne sous forme de feuilleton ici. Le rôle des cafards, des autruches ou des dromadaires n’aura plus de secret pour vous !
Et pour les passionnés d’ornithologie, suivez le hashtag #EnFranceAussi sur les réseaux sociaux, vous devriez trouver votre bonheur !
On les regardera différemment, promis!
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Merci pour eux 😂
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Marier Histoire et ornithologie… j’adore! Coup de coeur pour votre article les filles et merci de cette participation si originale!
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Merci à toi d’avoir lancé ce thème… un beau défi !
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J’adore ce récit ! Pendant longtemps j’ai fait partie de ceux qui voulaient les frapper, ces oiseaux au regard si vide. Je me suis adoucie, je me dit qu’ils doivent participer à un écosystème urbain. Maintenant que je sais qu’ils ont joué un rôle pendant plusieurs guerres, j’ai presque envie de leur donner une médaille. Ce sont d’anciens combattants, en fait. On leur doit leur respect.
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Haha merci ! Dans le prochain épisode, Hélène parlera de Vaillant le pigeon médaillé. Vive les volatiles mal – aimés !
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merci pr cet article
je ne verrai plus ces volatiles de la même façon Hélène
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Ah oui, respect pour les pigeons ! 😉
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J’aurais voulu une prof d’histoire comme Hélène !! Au moins, je n’aurais pas détesté les cours.
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Roh merci ! Ben du coup on se rattrape avec le blog !
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Nous avons visite justement un chateau en Allemagne ou on elevait ces braves faucons pour chasser entre autre le pigeon. C’est un peu etrange de voir les deux cotes de cette guerre!
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Oui c’est clair qu’on n’y pense pas forcément !
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Très bon parti-pris et très intéressant ! Je ne suis pas très fan des pigeons, c’est vraiment que dans Paris, il y en a qui sont vraiment très sales et à moitié déplumés, ça me fait de la peine. A la campagne, ils sont nourris au grain, j’en vois qui font le double de ceux de la ville ! 🙂
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Merci ! C’est sûr que les pigeons des villes font pâle figure à côté de leurs cousins de la campagne, mais ils ont droit aussi à un peu de considération ! 😉
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Cet article est une pépite. On oublie trop souvent (même si on commence à en parler) le rôle des animaux pendant les conflits. Ces malheureux pigeons mal-aimés méritent tous les honneurs, je ne les verrai plus de la même manière, même le pigeon destroy qui semble complètement défoncé et crado. Merci pour ce super récit ❤
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Merci à toi ! Oui, c’est un sujet passionnant qui commence à être étudié. Hélène s’y intéresse beaucoup. A très bientôt on espère ! 😘
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Super méga respect pour cet article génial sur les pigeons parisiens ! Il fallait aller le chercher, tu l’as fait !
Par contre, on est d’accord que personne ne donne de pain au chocolat aux pigeons, par contre on leur donne souvent des bouts de chocolatine [emoji qui montre toutes ses dents]
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Tu sais quoi ? J’ai failli la faire !
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Merci en tout cas ! (La première réponse est partie toute seule)
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Super toutes ces infos, moi je n’en savais pas plus que ce que j’avais imaginé à travers « Vaillant, pigeon de combat » (chacun ses références…), alors merci pour cet écairage historique.
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J’ai toujours eu beaucoup trop de peine quand je les voyais en mauvaise santé ou à la recherche de nourriture dans les rues de notre capitale. Les pigeons, je les avais connu peu nombreux, sauvages et « en liberté » jusque là. À Paris, ils errent tels des fantômes. Peut-être qu’ils leur manquent justement un but, une mission comme celle de leurs ancêtres 😉
Belle histoire en tout cas, merci pour ce partage !
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J’aime bien ta réflexion ! Merci pour ce commentaire 😉
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Promis à présent je ne penserai plus « beurk » en voyant un pigeon mais plutôt « respect » . C’est fou ça, comment nous avons tendance à sous estimer les animaux, volatiles ou autres. Alors qu’ils nous donnent parfois de sacrées leçons d’humanité. Je pense aussi aux chevaux utilisés durant les guerres.
Big up pour cet article mesdames. Il fallait y penser, bravo!
Euh…sinon les pigeons parisiens bouffent aussi des frites. Quand je les vois avec les corneilles se servir dans les poubelles qui débordent de sac Mc do…là je peut dire « beurk » ?
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A reblogué ceci sur Tu PARIS combien ?et a ajouté:
Après cette lecture, vous ne verrez plus le pigeon parisien du même œil.
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A la maison j’ai un couple de pigeons qui viennent s’abreuver et manger les graines qu’on met l’hiver pour les oiseaux…. Mais je ne connaissais pas du tout le rôle qu’ils ont tenu pendant la guerre ! Bravo pour cette façon d’avoir traité le thème. Bien vu ! Merci beaucoup pour ce partage enrichissant !
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Merci beaucoup ! Ces pauvres pigeons méritent d’être mieux aimés en effet !
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