Vest Pocket : behind the scenes

            Vous vous souvenez du Vest Pocket ? C’est THE appareil photo qui est lié à la Grande Guerre, celui qu’on trouve en vitrine dans tous les musées ou mémoriaux au rayon objets de la vie quotidienne du Poilu.

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Bon, un appareil photo en vitrine c’est sympa. Mais ça me démange, j’ai envie de l’avoir entre les mains et d’essayer de le faire marcher. C’est l’idée qui me prend comme ça au printemps et dont on a raconté le début lors de notre trip au Chemin des Dames. J’ai trouvé par chance un Vest Pocket en vente sur le Bon coin, puis de la pellicule format 127 en ligne et un endroit où la développer.

Ce premier essai s’était soldé par un échec : pellicule vierge. La honte ! Les Poilus arrivaient à faire marcher ce truc dans des conditions bien pires que les miennes. On les voit faire des tirages dans une cressonnière, certains d’entre eux sont arrivés à composer de superbes images, à faire preuve de style personnel. Et moi je galère.

Mais j’avoue que les indications données pour aider aux réglages ne m’aident pas. Pour la mise au point on a le choix entre « Nearview Portait », « Average view », « Distant view » et « Clouds Marine ». Pour la vitesse c’est entre « 25 Clear », « 50 Brilliant » et deux options manuelles. Débrouille-toi avec ça ! Le Nikkormat de ma mère, appareil culte des années 1960 et 1970, faisait déjà ses réglages tout seul, il fallait juste obéir et tourner des molettes ! Quant au cadrage, avec le petit viseur inversé et tout crade, c’est pas évident.

            Donc après cette première expérience ratée, je fais ce que j’aurais dû faire dès le départ : une pellicule test dans Paris. Miracle, ça donne quelque chose ! Mais si Négatif Plus développe encore le 127, ils ne le scannent ou ne le tirent pas. Me voilà donc avec un négatif approximatif où on reconnait la grande roue de la Concorde et la Seine en crue mais où je suis incapable d’évaluer vraiment le résultat. Il faut dire aussi qu’avec 8 images par rouleau, c’est pas beaucoup pour expérimenter. Bon, au moins mon Vest Pocket fonctionne, c’est déjà ça.

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Pendant les deux semaines en juin entre Verdun et les Vosges, j’en use avec parcimonie, le résultat n’étant pas assuré. Je décide de faire juste quelques clichés dans des lieux très symboliques, le plus souvent des mémoriaux.

Au retour, le film 127 sort avec des images dessus, ouais ! Mais il reste la dernière étape : les faire scanner ou tirer. Notre expert officiel, Anthony, me conseille d’aller à Central Dupon dans le 18ème. Je suis intimidée en y entrant, ça fait très pro et j’ose à peine montrer la pellicule au technicien qui descend voir de quoi il s’agit. Les images ne se découpent pas nettement et ça se voit que c’est mal exposé. Il se moque de moi gentiment, je fais la fille fraiche, j’explique le projet, j’essaie d’attirer sa sympathie, je joue l’humilité, je supplie : « Non non je ne suis pas pressée, pas du tout, faites vraiment ce que vous pouvez, la moindre chose que vous pourrez faire ça sera déjà génial ! » Il accepte de bricoler quelque chose, j’en remets une couche : « Merci monsieur, vous me sauvez la vie. » Hourra ! Il me demande une semaine de délai mais au bout de trois jours seulement j’ai un message qui m’informe que ma commande est prête. 85 € plus tard je peux enfin voir à quoi ressemblent mes quinze clichés, ceux de la pellicule test et du voyage. C’est cher, oui, mais il m’a fait un prix d’ami, ça aurait pu coûter dix fois plus.

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