Voyager végé #3 : fayot mon ami

Comme on l’a vu précédemment, ce n’est pas forcément difficile de manger végétarien ou vegan en van si l’on ne craint pas la monotonie ou si au contraire on est prêt à faire quelques expériences sauvages. Par contre un problème apparait lorsque l’on a une journée un peu compliquée à crapahuter dans une boue humide et collante au milieu de nulle part. A ce moment-là, on a non seulement envie de quelque chose qui remplit la panse mais aussi de quelque chose, n’importe quoi, qui recèle une dimension festive. Bien sûr on aurait pu se vider un pack de bière et s’enfiler un paquet de chips géant mais on n’a plus vingt ans, un estomac en tungstène et la certitude de vaincre glorieusement la gueule de bois après cinq heures d’un sommeil de plomb. Non madame, pour les vieilles dames délicates que nous sommes il faut des mets à la fois roboratifs et raffinés servis à table dans des assiettes. Sales bourgeoises.

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Perdues au milieu des allées d’un supermarché lui-même perdu au milieu d’une route déserte, nous sommes en quête de ce graal ultime lorsqu’une révélation me frappe comme une cartouche tirée par un chasseur saoul sur un vieux sanglier. Oui, ce qu’il nous faut ce sont des fayots !! Une belle boite de haricots blanc qui nous tendent les bras et qui descendront direct dans notre estomac pour ne plus en bouger et qui nous garantiront un sommeil de plomb. Mais oui ma bonne dame, me direz-vous, et en quoi c’est un plat raffiné ? Vous n’avez pas tort, les fayots à même la boite c’est de la nourriture de hobo mais nous hop nous trouvons la parade sous la forme de champignons séchés. Car il faut le savoir, sur le chemin du végétarisme le champignon devient un de tes meilleurs alliés. C’est lui qui enchante tes dimanches grâce un délicieux vol au vent aux morilles (big up à Calliste), c’est lui transforme tes pâtes à rien en pasta funghi et c’est lui qui fait de tes fayots une poêlée rustique forestière. Et mes amis, après une journée un peu rude, la poêlée forestière c’était du miel dans nos cœurs épuisés par la forêt, le silence, bref la nature avec un grand N, celle qui terrorise les petites citadines dans notre genre (surtout Paule-Elise car mes rudes années mayennaises m’ont forgé un mental d’acier).

Ce soir-là les fayots nous ont sauvé la vie. On a dormi comme deux angelottes repues et heureuses mais ça n’a pas été la seule fois du voyage que le proverbial haricot s’est révélé une véritable potion magique. Juste avant la dernière de nos grandes balades nous avons eu faim, très faim, et très marre de la sauce tomate quand soudain quand j’ai ouvert le garde-manger et qu’une boite de conserve s’est élevée vers le ciel enveloppée d’une auréole. Oui, des haricots rouges ! Cette apparition divine a réveillé la texane qui sommeille en moi (assez près de la surface car rappelez-vous je suis mayennaise). En un instant j’ai improvisé un plat couillu, des huevos rancheros : fayots, oignons, tomates, poivrons – le  Mexique jusque dans l’est. Par contre j’avoue, j’ai péché ce jour-là (les vegans ne sont pas obligés de lire la suite) en cassant deux œufs dans la mixture pour le goût. Ne nous en voulez pas! Encore une fois le chemin du veganisme est long et semé d’embûches. Mais quoi qu’il arrive, vegan, veggie ou même flexi, le fayot c’est la vie.

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Ce plat se mange obligatoirement avec Tabasco et chemise à carreaux