Dans les coulisses des Invalides

Pour le rendez-vous #EnFranceAussi (créé par Sylvie du Coin des voyageurs) de ce mois-ci, Solène du blog Solcito a choisi le thème « Dans les coulisses de ». Ça tombe bien, on avait envie depuis longtemps de faire un article sur le lieu de travail d’Hélène, le Musée de l’Armée, situé aux Invalides. Un lieu d’histoire s’il en est !

Petit rappel sur l’Hôtel des Invalides: d’abord, vous ne pouvez pas le rater, avec son dôme doré. Il est visible de loin et sa silhouette est marquante. Il est inauguré en 1674 par Louis XIV, et sa vocation première est d’accueillir les soldats invalides des armées (vous l’aviez sans doute deviné). Aujourd’hui encore, les Invalides abritent d’ailleurs un hôpital militaire. Avec le temps, plusieurs musées s’y sont installés, dont le Musée de l’Armée

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Au pied du Dôme, un bivouac napoléonien installé pour la Nuit des musées

Le Musée de l’Armée fait partie des musées les plus visités de France, notamment grâce au tombeau de Napoléon. Mais au-delà du tombeau de l’Empereur, les collections du musée sont vastes et variées : objets militaires bien sûr, mais aussi peintures, photographies, dessins et livres. Une partie des collections est exposée dans les espaces d’exposition. Le reste est gardé au chaud dans les réserves, et seuls quelques élus peuvent y accéder ! Ce sont eux qui nous parlent aujourd’hui de leur travail.

Pour évoquer les coulisses du Musée de l’Armée, Hélène a interviewé trois de ses collègues du Département des peintures, sculptures, estampes, dessins, photographies (oui, c’est un très long nom de département) et de la Bibliothèque et du centre documentaire. Merci à eux d’avoir pris le temps de nous répondre !

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Cherchez les lapins !

Laëtitia Desserrières, Assistante de conservation, Responsable des collections de dessins

Qu’est-ce que tu préfères dans ton travail ?

Mon travail est très varié : étude des œuvres, rencontre avec des chercheurs ou des professionnels de musées, acquisitions, travail sur des expositions… Ce que je préfère dans mon travail est lié aux problématiques de conservation. J’apprécie particulièrement la proximité avec les œuvres : nous pouvons les manipuler et prendre le temps de les regarder de manière privilégiée.

Je travaille surtout sur les collections de dessins et je m’intéresse à leur matérialité : pourquoi l’artiste a-t-il choisi tel ou tel type de papier plutôt qu’un autre, pourquoi a-t-il fait usage d’une technique particulière pour réaliser son œuvre ? J’aime aussi me poser les questions de restauration, de montage et d’encadrement de manière à mettre en valeur le mieux possible l’œuvre pour la présenter au public. Ces œuvres ont traversé le temps et nous devons aussi permettre aux générations futures de pouvoir les contempler, les apprécier et les étudier.

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La cour d’honneur des Invalides

Ça fait quoi, de travailler dans un lieu aussi chargé d’histoire ?

Travailler dans un lieu tel que le musée de l’Armée et les Invalides est à la fois impressionnant, passionnant et très enrichissant. On y trouve non seulement l’histoire passée, mais à travers les cérémonies qui se déroulent sur le site, c’est aussi l’histoire actuelle qui est bien présente. Ce lieu est aussi passionnant et enrichissant car les bâtiments, les grands personnages qui leur sont liés ne cessent d’avoir encore des choses à nous apprendre.

Quel/le est ton œuvre ou objet préféré dans les collections du Musée ? Où se trouve-t-il/elle dans le parcours ?

Parmi toutes les œuvres et les objets exposés, mon choix se porte sur une peinture du XVIIe siècle de Laurent de La Hyre intitulée La Défaite des Anglais en l’île de Ré par l’armée française le 8 novembre 1627. Ce tableau peint en 1627-1628 évoque un épisode de la lutte contre le protestantisme menée par Louis XIII et convoque les grands personnages que sont le duc de Richelieu et Gaston d’Orléans. Ce qui me plaît particulièrement, c’est le rendu donné par l’artiste : une vue topographique qui raconte le déroulé de la bataille depuis la marche des soldats et l’affrontement au premier et second plans jusqu’à la fuite des bateaux anglais à l’arrière plan de la toile.

Le tableau est visible dans le parcours permanent du musée dans la partie « De saint Louis à Louis XIV. Armes et armures anciennes. »

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Copyright Paris – Musée de l’Armée

Annabelle Mathias, Chargée d’études documentaires, Responsable du Centre documentaire et de la bibliothèque

Qu’est-ce que tu préfères dans ton travail ?

J’aime pouvoir répondre aux questions des chercheurs. Une grande partie du travail de documentaliste se fait dans l’ombre et est consacrée au tri, au classement, à l’indexation et au signalement des documents. Mais lorsque l’on parvient à trouver rapidement la réponse à une question posée par un chercheur, c’est la récompense de ce travail et la justification de sa pertinence et de son efficacité.

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Sous le dôme, les colonnades baroques

Ça fait quoi, de travailler dans un lieu aussi chargé d’histoire ?

C’est une chance chaque matin de franchir la grille d’honneur et de traverser les différentes cours des Invalides. La beauté du lieu apporte une forme de sérénité. L’histoire liée au site invite les visiteurs et les lecteurs accueillis au centre de documentation à nous raconter leur(s) histoire(s), qu’il s’agisse de leur histoire familiale ou de leur parcours personnel. Ainsi chaque journée apporte son lot de nouveaux récits !

Quel/le est ton œuvre ou objet préféré dans les collections du Musée ?

Verdun de Félix Vallotton, 1917. Ce tableau est singulier dans la production de l’artiste et dans la collection du musée. Aucun humain n’y est représenté, mais uniquement le paysage de guerre traversé de lignes obliques colorées symbolisant les combats. La violence de la bataille et sa déshumanisation ont transformé la peinture et conduit les artistes à trouver de nouveaux modes de représentation.

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Copyright Paris – Musée de l’Armée

Anthony Petiteau, Chargé d’études documentaires principal, Adjoint au Conservateur, Responsable des collections de photographie

Qu’est-ce que tu préfères dans ton travail ?

La conduite de projets d’acquisitions pour les collections du musée. C’est l’occasion de s’interroger sur l’histoire des collections et d’y intégrer de nouvelles pièces, presque par touches impressionnistes ! Ce sont des dossiers complexes portés en équipe et qui mobilisent de nombreux interlocuteurs en interne, mais aussi à l’extérieur du musée : spécialistes, conservateurs, restaurateurs, étudiants, etc. Ce sont souvent des opérations au calendrier serré, en particulier les ventes publiques, pour lesquelles la réactivité est importante. C’est une lourde charge, car on engage le musée pour toute la durée de vie de l’œuvre.

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Le tombeau de Napoléon I

Ça fait quoi, de travailler dans un lieu aussi chargé d’histoire ?

Je n’aime pas trop évoquer la prétendue « âme des lieux », terme que l’on entend souvent et qui ne veut pas dire grand-chose. Pourtant aux Invalides, l’esprit qui a présidé à la construction du monument entre la fin du XVIIe et le début du XVIIIe siècles est toujours présent grâce à l’Institution nationale des Invalides. Plus que le monument – dont j’admire la sobriété toute classique pourtant – c’est la continuité de la reconnaissance de la nation envers les gens qui ont combattu pour elle qui me touche.

Quel/le est ton œuvre ou objet préféré dans les collections du Musée ?

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Copyright Paris – Musée de l’Armée

La bourguignotte dite de l’ensemble à la Chimère est un de mes objets préférés. Il s’agit à l’origine d’un casque, une défense de tête selon le vocabulaire spécialisé, faisant partie d’un jeu d’armes comprenant également une rondache (un bouclier) daté de la fin du XVIe siècle.

Cette bourguignotte est un objet d’apparat somptueusement décoré d’un bestiaire composé d’un crabe, d’animaux fantastiques, de chimères surmontée d’un dragon en ronde bosse. Ces motifs fantastiques de la Renaissance courants dans l’art de l’armure sont aujourd’hui plutôt véhiculés par l’imaginaire de la littérature ou du cinéma !

Et pour en savoir plus et organiser votre visite, RV sur le site du Musée de l’Armée.

 

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Hélène et Anthony pendant la Nuit des musées

 

#EnFranceAussi et les éditions Gallimard vous offrent un guide « Paris Secret » !

Comment ça marche ?

Il faut commenter avant le 15 du mois
– un des articles du rendez-vous,
– et la page Facebook des Rendez-vous #EnFranceAussi (en indiquant également quel blog vous avez commenté)

Bonne chance ! Et suivez le hashtag pour découvrir les coulisses d’autres lieux partout en France !


14 réflexions sur “Dans les coulisses des Invalides

  1. Merci de nous avoir fait entrer en coulisses ! Le tableau de Valloton est impressionnant, et ce casque… ! Et Hélène, quel est ton objet/oeuvre préférée dans les collections du musée ?

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    1. Merci Audrey ! Je dirais que mon oeuvre préférée est le portrait de Maria Walewska par François Gérard. C’est l’un des seuls portraits de femmes du Musée… et je suis partie à Varsovie avec elle 😃

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  2. Et je me rends compte face à la photo du tombeau que je n’y suis jamais entrée dans ce musée unique !
    Il faut vraiment que je prenne le temps de lui accorder une demi-journée (mais il y a tellement de belles choses à Paris)

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  3. Oh ça fait un bail que je ne suis pas allée aux Invalides ! Sympa la visite à travers le regard de collaborateurs et collaboratrices du musée, qui donne une touche personnelle et un regard différent sur les collections. La Nuit des musées, c’est vraiment top pour ça, pouvoir visiter les musées autrement.

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