Huit blogueuses, huit livres pour le 8 Mars

Pour ce 8 Mars, nous avions envie de donner la parole à des amies blogueuses pour qu’elles nous parlent de livres qui sont écrits par des femmes et qui invitent au voyage ou à la découverte d’autres cultures. Un 8 Mars en mode sororité. Voici donc un tour du monde littéraire au féminin qui nous emmène en Irlande, en Alaska, au Nigéria, en Crète, en Mésopotamie, au Québec, sur les routes de France et les pistes de l’ouest américain.

Bons voyages et belles lectures !

Ces enfants de ma vie, Gabrielle Roy

Par Annabelle, du blog Matante A

Née en 1909 à Saint-Boniface, petite communauté francophone du Manitoba, Gabrielle Roy est probablement la plus grande des écrivains franco-canadiens. D’abord institutrice dans des écoles rurales de sa région, elle s’envole pour Londres et Paris en 1937 faire des études en arts dramatiques. Pour une femme francophone issue d’un milieu humble, tout quitter pour l’Europe à cette époque, c’est un exploit remarquable. Elle revient s’établir à Montréal où elle publie son premier roman « Bonheur d’occasion », succès littéraire partout dans le monde et prix Femina en 1947.

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Mais c’est plutôt du titre « Ces enfants de ma vie » dont je veux vous parler, livre qui m’a fait aimer sa plume plus que toute autre. Recueil de nouvelles paru en 1977, il raconte les aventures de six enfants immigrants dans le Manitoba des années 30, inspirées de ses années d’enseignement. Avec ces portraits d’élèves, elle nous propose un tour du monde culturel et nous ouvre aux difficultés, aux émotions ou aux émerveillements auxquels sont confrontés ces jeunes expatriés. Empreintes d’humanité et de bienveillance, les histoires de Vincento, Demetrioff ou Médéric nous touchent et nous font percevoir leurs voyages au Canada différemment.

 

 

 

Le grand marin, Catherine Poulain

Par Audrey, du blog Arpenter le chemin

Lili quitte sa Provence et ses démons pour aller pêcher la morue en Alaska, et vivre l’aventure sur un bateau de pêche. Lili cherche la vie en se frottant à la mort, cherche à vivre en espérant se noyer.

La première partie frappe fort et dur dans la tempête et dans la tête des morues. La deuxième partie a les ailes qui traînent un peu par terre, alors que Lili s’engage dans une relation avec le « grand marin » titulaire. Le roman reprend son envol quand Lili reprend la mer, comme pour mieux montrer qu’elle n’est jamais aussi vivante que quand elle vit pour elle-même.

Un beau roman sur un thème insolite, mi roman de voyage, mi réflexion sur la vie. On vit, on tremble et on exulte avec Lili tout au long de ce roman écrit comme un grand cri de rage.

L’autrice Catherine Poulain a une vie aussi fascinante que son roman : elle a vécu sur plusieurs continents, baroudé ici et là et passé 10 ans à pêcher illégalement en Alaska. Elle nous entraîne sans détour dans ce récit d’une puissance insensée pour un premier roman.

Le Grand Marin - Arpenter le chemin

 

On s’est déjà vu quelque part ?, de Nuala O’FAOLAIN

Par Sabrina, du blog Tu Paris combien ?

Le patrimoine littéraire irlandais est d’une richesse infinie. Un musée de Dublin lui est d’ailleurs consacré. Beckett, James Joyce, Wilde, Yeats ou encore Stoker. D’illustres personnages, de grands hommes. Pour trouver une (grande) femme, il faut chercher. J’ai cherché et j’ai trouvé Nuala O’Faolain, jeune Dublinoise de cette Irlande d’un autre siècle où les femmes n’ont pas leur place, prisonnières, muselées par le patriarcat. Mais Nuala est libre.

 « J’étais l’Irlandaise type : une pas grand-chose, issue d’une longue lignée de pas grand-chose, de ceux qui ne laissent pas de traces. Dans un pays catholique conservateur qui avait peur de la sexualité et qui m’interdisait même d’avoir des informations sur mon corps, je pouvais m’attendre – en tant que fille, en tant que femme – à rencontrer des difficultés dans l’existence. Mais au moins – c’est ce qu’on disait alors – je n’aurais pas la lourde tâche de gagner ma vie. Un homme finirait bien par m’épouser et par me garder. »

Nuala O’Faolain est devenue une journaliste reconnue à l’Irish Time.

Ce qui devait être une introduction est devenu ce roman qui nous emmène en Irlande sur quelques décennies. Principalement à Dublin d’où est originaire l’auteure. Elle raconte avec simplicité et franchise son parcours de femme dans ce monde d’hommes, dans un environnement qui respire le catholicisme. Un personnage attachant qui rappelle Frank Mc Court. Ajoutez à la pauvreté, la condition des femmes où les plus instruites pouvaient espérer au mieux un poste d’assistante de directeur.

Avec ses souvenirs on (re) découvre l’Irlande et Dublin avec Trinity College et Grafton Street, mais aussi Galway ou le Connemara.

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L’île des oubliés, Victoria Hislop

Par Sophie, du blog Escapades amoureuses

Lorsque je pars en voyage, j’aime emporter avec moi un roman qui se déroule sur le lieu de mon séjour. J’aime retrouver les lieux décrits dans le livre, pouvoir les découvrir en vrai, même si le roman se passe à une autre époque.

Ce fut exactement le cas lors de mon voyage en Crète il y a quelques années. J’avais emporté avec moi le roman de Victoria Hislop : L’île des oubliés.

L’été s’achève à Plaka, un village sur la côte nord de la Crète. Alexis, une jeune Anglaise diplômée d’archéologie, a choisi de s’y rendre parce que c’est là que sa mère est née et a vécu jusqu’à ses dix-huit ans. Une terrible découverte attend Alexis qui ignore tout de l’histoire de sa famille : de 1903 à 1957, Spinalonga, l’île qui fait face à Plaka et ressemble tant à un animal alangui allongé sur le dos, était une colonie de lépreux… et son arrière-grand-mère y aurait péri.

Quels mystères effrayants recèle cette île que surplombent les ruines d’une forteresse vénitienne ? Pourquoi Sophia, la mère d’Alexis, a-t-elle si violemment rompu avec son passé ? La jeune femme est bien décidée à lever le voile sur la déchirante destinée de ses aïeules et sur leurs sombres secrets…

Non seulement j’ai été prise complètement par cette saga familiale remplie d’amours, de secrets, de souffrances, mais cette île de Spinalonga, cette île où furent isolés les lépreux au début du 20ème siècle, je l’ai visitée et j’ai pu me balader dans les ruines de ce village. La visite était guidée et à chaque arrêt du guide, je replongeais en même temps dans ce roman basé sur des faits réels.

L’île des oubliés est un roman facile à lire, l’écriture est simple, on se laisse vite emporter dans l’histoire et c’est aussi un merveilleux plaidoyer contre l’exclusion. Je le conseille aux personnes qui aiment voyager en lisant, qui ont une attirance pour la Crète ou la Grèce.

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L’hibiscus pourpre, de Chimamanda Ngozi Adichie

Par Tania, du blog Viver a vida is wonderful

Comment vous parler en quelques mots d’un roman qui m’a bouleversée en 2018 ? Le roman L’hibiscus pourpre de Chimamanda Ngozi Adichie m’a fait entrer dans une autre dimension. C’est la galaxie Chimamanda Ngozi Adichie. J’ai tout adoré de ce roman. C’est son premier roman et déjà elle montre tous ces talents. Elle a tout d’une très grande. Elle a une plume extraordinaire. C’est une conteuse hors pair qui vous emmène au Nigéria, son pays. Avec L’hibiscus pourpre, elle fera de votre lecture un délice avec des personnages que vous n’oublierez jamais tout comme cette histoire. Elle vous fera réfléchir.

L’hibiscus pourpre met en scène une famille de la bourgeoisie nigériane qui est en proie à des difficultés auxquelles aucun ne pourrait penser vu de l’extérieur. Deux adolescents vont grandir tout d’un coup sous nos yeux de lecteurs.  Cette histoire sera en vous très longtemps après sa lecture. D’ailleurs, vous serez triste en finissant ce roman car cela signifiera la fin d’une très belle aventure.

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Son écriture faite de finesse vous séduira tout autant qu’elle m’a séduite avec son lot de rebondissements. C’est un roman à lire absolument une fois dans sa vie. C’est une très belle façon de découvrir cette littérature africaine si vivante, créative et intéressante. Il s’agit d’une littérature diverse et variée. J’ai découvert en 2018 cette littérature nigériane. Je suis tellement heureuse d’avoir enfin franchi ce pas. Je suis tellement plus riche aujourd’hui.

Chimamanda Ngozi Adichie est devenue une référence pour moi. Elle fait mouche à chaque fois. J’ai lu deux autres romans d’elle. Avec L’hibiscus pourpre, ce n’est que le début d’une longue histoire. Vous allez découvrir des personnages si forts, une histoire tellement bien écrite. C’est juste incroyable, un talent pareil. Je suis bluffée. J’ai lu ce roman en français et non pas dans sa langue originale (l’anglais) mais la traduction est très bien. L’hibiscus pourpre est un roman poignant, bouleversant que je suis heureuse d’avoir lu en 2018.

 

Sandre de lune, de Sandrine Baud

Par Amandine, du blog La lykorne illettrée

Premier livre de l’Ambilienne Sandrine Baud paru en juillet 2016, “Sandre de lune” constitue un hommage poignant à son grand père disparu.

Sandra ne trouve plus de sens à la vie qu’elle mène : elle décide donc de tout plaquer, d’acheter un camping car et d’emmener son grand-père coincé depuis des mois en maison de retraite pour faire un tour de France avec elle. Une façon de lui offrir un dernier voyage, d’arrêter le temps, de partager avec lui des moments de complicité et se remémorer des souvenirs…

On a tous eu envie deux ou trois… ou 18 fois de tout plaquer et de partir à l’autre bout de la planète. Je ne suis pas sûre finalement que le voyage en tant que tel soit le but du livre, ou le message à en retirer, mais c’est plutôt un prétexte. Le voyage peut en effet résider dans le fait d’acheter un camping car et de faire le tour de France (oui j’avoue j’en rêve…). Il permet de mettre le temps sur pause, de faire le bilan, se recentrer sur soi-même.

Mais au delà de tout ça, la vie en elle-même est un voyage, elle est fragile et elle n’est pas éternelle, alors ce livre nous rappelle à quel point il faut prendre le temps de profiter des gens qu’on aime (c’est un peu bateau dit comme ça mais c’est vraiment l’idée :D).

Une histoire racontée en toute simplicité…

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Un escalier vers le paradis, Sylvie Brunel

Par Alexandra, du blog Itinera Magica

Huit femmes, trois hommes. Ils partent tous pour un voyage à cheval aux États-Unis, une chevauchée aux allures épiques : trois semaines en compagnie des Mormons à explorer les immensités de l’Ouest, du Grand Canyon à Monument Valley en passant par les plaines épineuses où paissent les troupeaux.

Les héroïnes, ce sont les femmes. Mères divorcées, épouses trompées, éternelles célibataires, jeunes et belles naïves, elles sont toutes, d’une façon ou d’une autre, solitaires et en deuil d’une illusion. Elles s’envolent pour les Etats-Unis en quête d’un nouveau départ qui allégerait leurs vies. Mais tout est difficile : les conditions du voyage à la dure, la cohabitation entre elles, le rapport avec les Mormons, les légendes et la brutalité de cette terre aussi âpre que fascinante. Le voyage prend des allures de chemin de croix… ou d’odyssée initiatique.

Ce sont les femmes qui portent ce livre imprégné du grand ouest américain, les femmes et les chevaux qui donnent corps à un éternel rêve de liberté et d’affranchissement. Les légendes amérindiennes transfigurent le voyage, ouvrent des portes inattendues.

J’ai aimé ce livre pour les portraits de femmes complexes et attachantes qu’il sait dresser. Et parce que mon esprit, toujours, s’accroche à la crinière des mustangs dans ces grands espaces que je rêve d’arpenter encore et encore.

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La Romancière et l’archéologue, d’Agatha Christie

Par Hélène, du blog 1916 kilomètres

La Romancière et l’archéologue, c’est l’histoire d’Agatha, une Anglaise d’âge mûr qui part faire des fouilles en Irak et en Syrie, à Chagar Bazar pour ceux qui connaissent la région, avec son mari archéologue pendant l’entre-deux guerres.

A première vue, le sujet est intéressant mais pointu, alors pourquoi faut-il absolument lire ce livre? Eh bien parce qu’Agatha, c’est Agatha Christie, la célèbre romancière et que ce récit est extrêmement bien écrit, vivant et rythméSurtout, ce livre est drôle ! Même si parfois, au fil des pages, on hausse un sourcil devant les généralités assénées avec l’assurance de l’Anglaise sûre de son bon droit sur les habitants de la région, il faut pardonner à Agatha parce que la personne dont elle se moque le plus, c’est elle-même.

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Elle ne se ménage pas. Elle assume son âge, son poids, son ignorance, avec une ironie que l’on retrouve aussi dans ses romans policiers. Si vous n’avez jamais lu les livres habituels d’Agatha Christie, lisez-le, ça n’est pas un roman policier, c’est un super récit de voyage. Si vous aimez Agatha Christie, lisez-le encore plus. Imaginez Agatha penchée sur sa petite table de travail, au milieu du désert, en train d’écrire certains de ses célèbres romans comme Meurtres en Mésopotamie, Rendez-vous à Bagdad et bien sûr le célèbre Crime de l’Orient Express. Un vrai régal.

Pendant ses séjours en Mésopotamie, Agatha Christie a également été photographe de la mission archéologique et vous pouvez découvrir quelques-unes de ses photos ici sur le site Archéologie du Ministère de la Culture.

Et vous, quels livres écrits par des femmes vous inspirent, vous donnent envie de partir à l’aventure ? Donnez-nous des idées de lecture en commentaire !

 

 

 

 

 

 

 

 


15 réflexions sur “Huit blogueuses, huit livres pour le 8 Mars

  1. Merci pour ce bel article ! Outre mon choix, j’ai lu et bien aimé Le Grand Marin et son ambiance rugueuse. En revanche, j’avoue ne pas avoir été séduite du tout par l’Ile des oubliés, je n’ai pas cru aux personnages.
    J’aime beaucoup Agatha Christie mais je n’ai pas lu celui là, tu me donnes très envie, je le commande illico !

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    1. Nous on a beaucoup aimé Le Grand Marin aussi et on est très contentes qu’il figure dans la sélection. Les autres livres, on ne les connaît pas et c’était un peu l’idée de ce post: aller chercher des autrices auxquelles on n’aurait pas pensé. Mission accomplie grâce à vous toutes! (Et le Agatha Christie est irrésistible)

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  2. Quelle belle liste de lecture ! Je suis particulièrement intriguée par Sandre de Lune et l’Hibiscus pourpre. Et je ne dis jamais non à un bon Agatha Christie.

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  3. Je n’ai lu que « le grand marin » de cette sélection, j’avais été happée par le début, puis déçue par la 2e partie.
    En tout cas, j’ai noté plein de titres qui me font envie, en commençant par Agatha Christie et Chimamanda Ngozi Adichie. D’ailleurs j’ai hésité à acheter un titre de cette dernière il y a quelques jours, mais il était trop lourd pour mon sac. à la place j’ai opté pour le récit de Delphine Minoui, les passeurs de livres de Daraya. Et si dans le livre il est surtout question d’hommes, j’y pense ici car j’ai découvert cette autrice-journaliste par son livre « les pintades de Téhéran », qui utilisait une présentation guide de voyage girly pour faire un portrait très sensible des femmes de Téhéran.
    Sinon j’ai été très touchée par « là où je continuerai d’être » de Linda Bortoletto.
    Et je suis un peu déçue de ne pas trouver dans cet article un titre d’Ella Maillart (ces livres étant sur la photo diffusée sur twitter avec l’article). Je n’ai lu qu’un seul de ses livres, mais je la trouve absolument incroyable.

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    1. Merci pour tes recommandations qui complètent très bien cette sélection ! Quant à Ella Maillart, elle est au sommet de notre panthéon, mais nous avons déjà fait 2 articles sur elle: un sur son livre « Ti puss » et dans notre article « traversée de la Suisse » on raconte notre passage à Chandolin, où elle a longtemps vécu et où un petit musée lui est consacré. On a donc voulu surprendre un peu notre lectorat en choisissant une autre autrice !

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  4. holà merci encore de m avoir demandé de participer à cet article collaboratif
    je découvre à mon tour d autres lectures possibles
    c est génial avec la lecture, il y a tant de possibiltés !!!!

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