De l’art sous la terre picarde

Pour cette édition du RV interblogueur #EnFranceAussi, que vous connaissez bien désormais et que nous devons à l’illustre Sylvie du blog Le coin des voyageurs, c’est notre copine Sabrina de Tu Paris combien qui nous propose le thème « la France underground ». Un beau sujet, sur lequel il y a tant à dire ! On a choisi de prendre le mot « underground » dans ses deux sens et on vous emmène découvrir de l’art brut sous la terre de Picardie.

Ah oui, et il y a un cadeau à la fin !!

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L’ancêtre de Ruby, quelque part sous le Chemin des Dames

(Héhé, si vous trainez ici régulièrement, vous devez avoir une petite idée de ce qu’on va vous montrer…)

Oui, on ne se refait pas. Nos pérégrinations sur les routes de la Grande Guerre nous ont emmenées sur des sites étonnants dans l’Oise et dans l’Aisne où des hommes ont laissé de nombreuses traces de leur passage dans les réseaux souterrains du coin. Mais on va remonter dans le temps encore un peu plus loin que ça. En fait, la Picardie a fourni pendant très longtemps de la pierre calcaire destinée à la construction. Du bon calcaire d’une belle couleur blanche, idéal pour les bâtisseurs de toutes sortes. Connues depuis le Moyen-Age, les carrières picardes ont été particulièrement exploitées durant le 19ème siècle (quelque chose à voir avec un certain baron Haussmann, notamment…). Des édifices religieux de Soissons ou de Laon aux boulevards parisiens, le calcaire picard est partout !

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Les carrières de Montigny dans la brume…

A l’époque déjà, les carrières sont aussi un lieu de vie en plus d’être un lieu de travail. Très souvent, les carriers s’installent dans des habitations troglodytes qu’ils creusent et entretiennent eux-mêmes. Dans les carrières de Montigny, dans l’Oise, nous avons eu la chance de rencontrer la petite-fille d’un des derniers carriers. Bon, elle a dans les 80 ans et elle ne vit pas là, mais elle vient en journée pour garder le site et s’installe alors dans une des habitations troglodytes d’époque. C’est très touchant de rencontrer quelqu’un d’aussi attaché à l’histoire de ces lieux et qui a à cœur de la partager. Elle s’occupe des fleurs et fait partie de l’association qui a entièrement restauré la carrière. On estime d’ailleurs que les carrières de Montigny ont accueilli jusqu’à 200 habitants – un vrai petit village ! Dans l’Aisne, environ 860 carrières employaient près de 3 000 ouvriers au milieu du 19ème siècle.

 

Les carriers, à l’époque, n’avaient pas vraiment le loisir de laisser des traces derrière eux, si ce n’est un signe sur les blocs de calcaire pour être payés. Quand commence la Première Guerre, les carrières ferment. Elles sont trop près du front, et puis la main d’œuvre part au combat. Pourtant, durant ces quatre années, elles serviront aux troupes comme base arrière : lieux de cantonnement, de repos, de maigre loisir, infirmeries et hôpitaux. On ne compte plus le nombre de carrières qui ont été réquisitionnées alors et où ont vécu des hommes venant de France, d’Allemagne mais aussi des pays alliés ou des colonies.

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Aujourd’hui, il est possible d’en visiter certaines, comme les carrières de Montigny ou bien les nombreuses cavernes sous le Chemin des Dames. Sur leurs murs, on trouve des graffitis ou des bas-reliefs que les soldats ont faits dans ces périodes où ils n’étaient pas au combat.

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Figures allégoriques ou religieuses, simples noms de lieux, portraits de la femme aimée ou du copain de régiment, animaux et drapeaux…

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Aucun de ces artistes d’un jour n’espérait voir son œuvre finir au mur d’un musée. Leur geste semble aussi primitif (et fort) que celui de nos ancêtres de Lascaux : créer pour soi-même, résister à la peur, embellir son environnement, exprimer son amour, laisser une trace.

En cela, leur art s’apparente pour moi à de l’art brut, un art pur et impulsif qui ne cherche pas à plaire. Et bien sûr, il porte aujourd’hui la mémoire des événements historiques vus à hauteur d’homme.

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Certaines de ces carrières ont été restaurées et peuvent se visiter, souvent grâce à l’engagement d’associations ou de musées locaux. Certaines sont protégées, parfois pour éviter le pillage (les traces de cette époque valent cher), parfois pour protéger la faune fragile qui y vit désormais, et notamment les chauves-souris.

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Pourtant, ici et là, quelque chose me dit qu’il continue à s’y passer des trucs, à en juger par les traces de fumée au plafond et les graffitis à la bombe orange qui côtoient leurs ancêtres gravés dans la pierre. D’ailleurs en cherchant vite fait sur Internet pour faire cet article, j’ai vu que des raves ou des free parties s’y déroulent parfois. Comme quoi, les carrières picardes sont vraiment underground !

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Et mon cadeau alors ?

Vous avez de la chance, notre partenaire du mois, OUIBUS,  offre deux fois un aller/retour pour 2 personnes d’une valeur maximale de 160€. (Un pour un lecteur et un pour un blogueur.)

Ce concours est organisé par l’ensemble des participants au rendez-vous mensuel #EnFranceAussi en partenariat avec OUIBUS. Deux gagnants seront désignés : un parmi les lecteurs, un parmi les blogueurs.

Comment participer ?

Pour le lecteur :

  • Il suffit de commenter sur un des articles du rendez-vous entre le 1er et le 15 du mois de publication du post.
  • Et de commenter sur la page Facebook du rendez-vous, (en indiquant le blog sur lequel vous avez commenté).

Pour le blogueur :

  • Chaque blogueur ayant écrit et publié un article #EnFranceAussi le mois du concours a automatiquement une chance de remporter le lot.
  • Un blogueur peut être également lecteur.

Le tirage au sort aura lieu le 16 du mois.

Les gagnants seront prévenus sur le blog Le coin des voyageurs en édit de chaque billet concours, et sur la page Facebook #EnFranceAussi.

Bonne chance à tous !

Et suivez le #EnFranceAussi sur les réseaux sociaux pour plus de France underground !

 


41 réflexions sur “De l’art sous la terre picarde

  1. En effet, j’étais certaine que vous trouveriez de quoi alimenter le sujet parmi vos pérégrinations historiques .
    Merci pour toutes ces informations.

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  2. j’adore les carrières !! c’est beau de trouver autant d’oeuvres des hommes employés là … à chaque fois que j’en ai visité, en dehors de quelques chiffres je n’y ai pas vu grand chose !

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  3. C’est un lieu inattendu cela ne me viendrait jamais à l’idée d’aller visiter.
    Merci de cette découverte

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  4. Vous savez quoi les filles? Votre blog devrait être étudié à l’école. C’est juste passionnant et bien instructif de vous lire.
    J’étais loin d »imaginer trouver dans ces carrières toutes ces empruntes laissées par ces pauv’ gars.
    Ma grd-mère me disait souvent: « les murs parlent ». Un peu ouf ma grd-mère mais elle avait raison quand on y pense. Et là c »est ce que je me dis en lisant votre article. Les murs de ces carrières nous racontent tant de choses aussi surprenantes qu’émouvantes.
    J’aime voir qu’aujourd’hui dans un tout autre monde d’autre jeunes leur « réponde » avec leurs bombes oranges.
    Vous lire m’a vraiment émue. Tiens, je vais montrer votre article aux « Frères caca ».
    Carrément underground les carrières picardes.
    Des bisous.

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    1. Merci beaucoup Sabrina, et merci d’avoir proposé ce thème qui donne lieu à une très belle sélection d’articles ! Ta grand-mère avait vraiment raison, les murs parlent, en tout cas dans ces carrières. Contente que notre article t’ait plu. Gros bisous !

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  5. J’a-dore cet article. Une belle surprise que ces carrières et ces dessins taillés dans la roche. Très émouvant. C’est une promenade qui me tente énormément. Merci pour cette jolie découverte

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  6. Bravo d’avoir réussi à lié les deux aspects du thème underground.
    Une visite qui doit malgré tout être forte en émotion devant ses bribes de souvenirs de vies lointaines.

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  7. Super ! J’adore ! Je ne connaissais pas du tout l’existence de ces carrières et je trouve que c’est très fort (émotionnellement parlant) comme découverte ! Un grand merci pour ce très beau partage !

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  8. Elles sont magnifiques ces carrières tant elles regorgent de surprises ! Merci pour la découverte et surtout pour ces photos magnifiques ! 🙂

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  9. Impressionnant tous ces hommes ordinaires qui ont taillé des oeuvres dans la pierre. Car tous n’étaient pas des artistes et pourtant leurs oeuvres et les traces de l’Histoire et de leur histoire restent.

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