Patrimoine industriel et Première Guerre

Que voilà un joyeux thème de début d’année, n’est-ce pas !! Non pas que les sujets sérieux nous fassent peur, vous le savez bien, mais cette fois ce n’est même pas nous qui avons choisi ! Et oui, cet article participe au RV mensuel interblogueurs #EnFranceAussi, créé par Sylvie du blog Le coin des voyageurs, et le thème de ce mois-ci est justement le patrimoine industriel, sur la judicieuse idée de Mathylde, alias la Mordue de voyages.

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La tour d’extraction du 11/19

Ce thème nous parle tout particulièrement, d’abord parce que nous habitons dans un département, la Seine-Saint-Denis, où le patrimoine industriel reste très présent (on vous en avait d’ailleurs parlé lors d’un autre article #EnFranceAussi sur le canal de l’Ourcq). Mais aussi parce que depuis le début de nos pérégrinations sur les traces de la Grande Guerre, nous avons eu l’occasion de nous balader dans des régions au riche passé industriel, que ce soit dans le Grand Est ou dans les Hauts-de-France.

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Les entrailles du monstre… U4, Uckange

Que le patrimoine industriel croise les lieux emblématiques de la Grande Guerre n’a en réalité rien d’étonnant : durant cette période, les sites industriels ont fait l’objet tantôt de convoitise, tantôt de destruction. C’est cette histoire qu’on vous raconte à travers deux endroits qui nous ont beaucoup marquées : U4 à Uckange en Moselle et les terrils du 11/19 à Loos-en-Gohelle dans le Pas-de-Calais. (En fait on a déjà écrit sur ces deux lieux, donc on vous fait un résumé ici et vous pourrez en lire plus si vous voulez, la chance !)

U4, un dinosaure à l’arrêt

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Non loin de Thionville se trouve la vallée de la Fensch, bien connue pour ses villes qui terminent en -ange : Florange, Hayange, Uckange. Comme tout le monde, on en avait entendu parler à la télé et ça nous démangeait d’aller voir sur place.

L’ancien site d’U4 se situe sur la commune d’Uckange, non loin de la Moselle (la rivière). Il nous rappelle qu’il fut une époque où la Moselle justement était l’un des départements les plus riches de France grâce à son industrie sidérurgique, à tel point qu’un certain voisin l’a annexée suite à la guerre de 1870. Pendant la Première Guerre, les usines de Moselle produisaient de l’acier qui servait ensuite à fabriquer l’armement ou les équipements pour les combats. Sa libération en 1918 était un enjeu économique crucial pour la France. (D’ailleurs dans la foulée, on a annexé à notre tour un petit bout de région industrielle allemande, sans rancune les gars).

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Les traces des luttes récentes des travailleurs ont été conservées en l’état.

En visitant l’ancien haut-fourneau d’U4, on est forcément impressionné par les dimensions du site et par son architecture. C’est imposant, massif, mystérieux. Mais on est aussi attristé de le voir aujourd’hui à l’abandon. On aimerait avoir un aperçu de la vie qu’il y avait là-dedans. Et surtout, on se dit : mais quel gâchis. Des gens se sont entre-tués pour prendre possession d’endroits comme ça et aujourd’hui, cent ans plus tard, il n’y a plus rien qu’un squelette de dinosaure bon pour le musée.

Lire l’article complet : Horizon d’acier

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Vue d’U4 au Kodak Vest Pocket

Les terrils jumeaux du 11/19

On part cette fois juste à côté de Lens. Nous venions visiter le mémorial canadien de Vimy, entre Arras et Lens, et ensuite nous avions prévu d’aller au bord de la mer. Et puis nous voilà, à côté d’une madone qui implore au-dessus de toute une plaine sur laquelle se découpent des cônes noirs. Tant pis pour la mer, on va aller voir ça de plus près.

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Vue des terrils du 11/19 depuis le mémorial de Vimy

En Moselle, les sites industriels sont relativement éloignés de l’ancienne ligne de front de la Première Guerre. Par contre ici dans l’Artois, tout se superpose : les combats avaient lieu au cœur des sites miniers et les Allemands avaient par exemple intégré à leur défense le réseau souterrain des mines (qu’ils ont d’ailleurs fait sauter avant de partir).

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Les deux cônes noirs sont les deux plus hauts terrils d’Europe, dits terrils du 11/19. Il y en a d’autres aux alentours, de hauteur et de forme différentes. Ils sont constitués de rebuts miniers, c’est à dire de trucs qu’on ne pouvait pas exploiter. Aujourd’hui, les terrils du 11/19 sont un lieu de promenade d’où l’on peut voir les environs et où pousse une flore totalement différente de celle de la région. Une flore du sud, en fait, qui s’est développée grâce à la chaleur du charbon. Comme quoi, la nature a toujours le dernier mot !

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Lire l’article complet : Nous et 40 000 fantômes (avec aussi une nuit dans l’endroit le plus insolite où on ait jamais dormi). 

Retrouvez plein d’autres articles sur le patrimoine industriel en France en suivant le #EnFranceAussi sur les réseaux sociaux !

 Photo ci-contre : à U4, on peut enfiler les anciennes tenues des ouvriers et prendre la pose. Ben je peux vous dire qu’il fait déjà une chaleur à crever rien qu’à les porter, alors j’ose pas imaginer avec la fournaise à côté. 


17 réflexions sur “Patrimoine industriel et Première Guerre

  1. Comme tu le dis c’est incroyable de considérer que tous ces sites pour lesquels des soldats se sont battus n’existent plus aujourd’hui ! L’U4 est un monstre de fer étonnant ! A bientôt et bonne année !

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    1. Merci Pierre pour ton commentaire ! Oui, quel site, U4, ça m’a vraiment marquée. Il y avait un ancien ouvrier qui faisait une visite à un groupe scolaire, c’était émouvant. A bientôt !

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  2. Si ce monstre doit être vraiment impressionnant « en vrai », me balader du côté des terrils me plairait bien. Je suis étonnée de lire que toute une flore particulière s’y est développée, comme quoi certaines choses s’en vont, et d’autres viennent à la place… Merci pour ces détails intéressants qui donnent envie d’en savoir plus, et bonne année 2018 !

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  3. Merci Sylvie pour ton commentaire ! Oui les terrils sont vraiment un lieu étonnant et il y a d’autres visites à faire tout proche (le Louvre-Lens est juste à côté, par exemple). Très bonne année à toi aussi !

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  4. L’Histoire n’en finit pas de nous impressionner et de nous emmener de découverte en découverte. Vous nous le montrer ici encore une fois. Cette flore qui se développe c’est vraiment dingue.
    Merci pour cet article bien instructif. .

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  5. U4 j’en ai tellement entendu parler, mon père est né à Thionville mais la famille a déménagé dans le sud après. Visiter ce monstre industriel doit être impressionnant et riche d’enseignement.

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