Notre canal de l’Ourcq

[Article mis à jour en mai 2020]

En septembre 2017, le thème du RV interblogueurs #EnFranceAussi créé par Sylvie de Le coin voyageurs était précurseur de ce printemps 2020. En effet, Mitchka de Fish and child avait proposé le thème : « A 15 km de chez moi, il y a… » Un thème totalement post-confinement friendly ! En mai 2020, les mêmes Sylvie et Mitchka nous proposent le thème « Balades au bord de l’eau », qui est donc une occasion parfaite pour remettre à jour cet article sur le Canal de l’Ourcq avec de nouvelles photos et une sélection de bonnes adresses en fin d’article.

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Depuis nos premières balades en 2011 sur les portions du 19è arrondissement de Paris, puis de Pantin et Bobigny, nous entretenons une vraie histoire d’amour avec le canal de l’Ourcq. Lieu en perpétuelle évolution, riche d’histoire et se réinventant d’année en année, il nous émerveille à tel point qu’en 2014 nous avons emménagé tout près de lui. Aujourd’hui, à la veille du début du déconfinement, nous n’avons qu’une hâte : le retrouver.

Pour vous mettre dans l’ambiance, voici un diaporama de photos argentiques prises sur le canal de l’Ourcq avec mon vieux Nikkormat.

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Eau, street art et industrie

Le canal de l’Ourcq part de Bastille et va jusqu’à Mareuil-sur-Ourcq (Aisne) en traversant toute la Seine-Saint-Denis. C’est un axe qui a beaucoup changé ces dernières années.

Quand j’étais petite, mes parents avaient des amis qui habitaient dans le 19ème arrondissement pas très loin du canal, qui était alors un des endroits les plus glauques que vous pouviez imaginer. Mais petit à petit, il a changé, il s’est assagi tout en gardant cet esprit qui lui est propre, un mélange de douceur de vivre et d’ambiance (post)industrielle.

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Avant d’habiter là, nous y allions déjà de temps en temps pour nous balader. Un jour d’été en 2011, j’ai loué un vélo et Hélène a pris son skate et nous avons remonté le canal depuis Jaurès jusqu’à la limite Pantin-Bobigny. Les Magasins Généraux n’étaient pas encore en travaux, il y avait un campement de Roms qu’on a traversé l’air de rien en disant bonjour poliment, et peu de gens venaient se balader là un dimanche après-midi.

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Du skate, vraiment ? Sur cette photo, on pourrait croire qu’Hélène maitrise à fond l’art de la planche à roulettes. En vrai, comment dire ? Cette balade est l’une des trois fois où il a servi ces dix dernières années. Pour la petite histoire, j’en ai acheté un aussi, mais je ne l’ai pas plus utilisé ! Maintenant les deux skates sont côte à côte dans le salon, comme pour dire qu’un jour, on était cool.

Silhouette massive à l’endroit où le canal fait un léger coude, les Magasins Généraux sont un des lieux emblématiques du canal de l’Ourcq et de Pantin. Deux bâtiments, six étages de béton juste au bord de l’eau reliés par une passerelle métallique, des coursives et de grandes verrières. A l’origine, c’était un bâtiment utilisé pour stocker des marchandises à destination de Paris. Il est resté longtemps désaffecté – et donc, un lieu idéal pour le street art. C’est comme ça que nous l’avons découvert en 2011 : six étages délabrés aux vitres cassées couverts de graffitis de la tête aux pieds. Impressionnant.

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2011

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2014 / 2015 / 2017

Les Magasins Généraux ont eu droit à un sacré lifting depuis. La carcasse reste, béton brut gris clair, les graffs ont été nettoyés et les baies vitrées remplacées. C’est maintenant le siège d’une grande entreprise de publicité. Depuis quelques mois, un grand bar / food court a ouvert, le Dock B. On adore boire une bière sur la mezzanine ou en terrasse, manger des beignets de clams ou une pizza corse.

Avant (2011) / Après (2017)

Un énorme centre de maintenance SNCF est installé en face des Magasins Généraux. Les RER, TER ou TGV à destination de l’est passent à des vitesses variées. On n’entend plus les voitures, mais on a toujours le bruit des rails quelque part.

C’est ce mélange que j’aime bien : la part de reconversion et la part d’industrie qui reste. On compte deux cimenteries actives le long du canal dans Pantin ainsi qu’une immense blanchisserie. Des petites barges remontent toutes les choses bizarres qu’on trouve au fond du canal et se ravitaillent non loin de chez nous, en déposant leurs trouvailles, comme une belle collection de Vélib rouillés.

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L’écrivain Henri Calet a consacré un livre très singulier à ces quartiers du nord-est parisien qu’on adore : Huit quartiers de roture (1949). Voici son évocation de notre coin d’adoption.

« Aux abords de la porte des Lilas, sur le boulevard de ceinture, on a un panorama imprévu d’une large portion de la périphérie. A vos pieds, s’étend une ville démesurée, inconnue, coupée de routes… Des usines, des chantiers, des forges, des fonderies, des réservoirs à gaz… C’est la zone, Le Pré-Saint-Gervais, Pantin, Les Lilas, Romainville, Aubervilliers, Saint-Denis, et, au lointain, la campagne, peut-être. (…)

J’ai lu dernièrement, dans un livre qui n’a pas cent ans, la description des mêmes espaces : devant soi, la campagne, les champs de seigle et de blé, entrecoupés de massifs de groseilliers et de cassis…

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Les Grands Moulins

Peu à peu, l’on distingue la basilique de Saint-Denis, le cimetière de Pantin, le canal de l’Ourcq qui s’en va, le chemin de fer (les trains ressemblent à des jouets), et une énorme forteresse médiévale (ce n’est que les Grands Moulins de Pantin). »

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Un peu plus loin, à Bobigny, le parc de la Bergerie longe toute une partie du canal de l’Ourcq. Sur les deux rives, vous pourrez admirer ces grands murs peints qui changent souvent de couleurs, une balade géniale pour les amateurs de street art. Le week-end, il n’est pas rare de voir les artistes à l’œuvre, parfois seuls, souvent en petit groupe.

Dans la nature… ou presque

Le nom de Bobigny vous évoque sûrement le pire de l’architecture sur dalle de l’après-guerre. Du béton, du béton, du béton. Impossible d’imaginer qu’il y a quelques décennies, Bobigny et Romainville approvisionnaient Paris en légumes frais.

Cette forte tradition de maraichage est en train de prendre sa revanche tout doucement. Ça se passe notamment à la Prairie du Canal, une initiative installée sur l’ancien site d’une usine MBK au bord du canal de l’Ourcq. C’est aujourd’hui un lieu d’agriculture urbaine, de musique et de détente, où l’on peut boire un coup dans un transat, dire coucou aux poules du poulailler et filer un coup de main au jardin. A découvrir et à soutenir !

Si l’on s’éloigne encore un peu de Paris, en vélo par exemple, on découvre le parc forestier de la Poudrerie à Vaujours. Il y a une piste cyclable tout du long depuis Paris. Et c’est impossible de se tromper, c’est tout droit ! Cette ancienne partie du bois de Bondy a abrité de 1873 à 1973 une fabrique de poudre, comme son nom l’indique.

Il reste quelques bâtiments de briques dans le parc, mais sinon c’est un endroit de balade vraiment sympa, avec ces hauts trucs verts qui font de l’ombre (des arbres, je crois), des parcours de santé, une ferme pédagogique, des murs d’escalade et même des bals les dimanches d’été. Bref, la dolce vita…

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Depuis quelques temps, il se passe un truc super bizarre autour du canal. Comme si les Parisiens et les Séquano-Dionysiens (habitants de Seine-Saint-Denis, ndlr) s’apercevaient que ce truc qui coule entre deux quais de béton était… de l’eau. De l’eau ! Vous savez, cette chose potentiellement plaisante et agréable (à défaut d’être turquoise et translucide), dans laquelle on peut pêcher, faire du canoë ou du SUP et même… se baigner ! Incroyable.

Comme quoi, les temps changent.

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Carnet d’adresses

Ecumer le canal de l’Ourcq et découvrir une à une toutes les adresses qui ouvrent est un de nos passe-temps favoris. Voici donc notre sélection culture et food.

Côté culture, il y a deux incontournables à Pantin pour les amateurs d’art contemporain et de danse. Tout d’abord, la galerie Thaddaeus Ropac, à quelques centaines de mètres du canal, est un superbe espace installé dans d’anciens locaux industriels. Ropac est un grand galeriste, avec des espaces à Paris, Salzburg et Londres, donc c’est un peu classe qu’il se soit installé à Pantin. Les expositions temporaires sont variées, suivez la programmation en ligne. Si vous aimez l’art contemporain, il y a aussi des expositions régulièrement aux Magasins Généraux grâce au CNEAI.

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Et ceux qui aiment la danse pourront assister à un spectacle au Centre national de la danse, bâtiment de béton emblématique du canal de l’Ourcq. L’endroit est vraiment chouette. Il y a aussi un restaurant, que nous n’avons pas encore testé, et parfois des apéros en rooftop… Il faut qu’on essaie ça !!

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Avouons-le, voir des expos n’est souvent qu’un prétexte entre deux bières. Outre le Dock B, on vous recommande le Barboteur, une péniche itinérante qui s’amarre souvent du vendredi au dimanche non loin des Magasins Généraux, pendant les beaux jours. Bière ou limonade, tapas, DJ set ou concert, transats et jeux pour enfants… On adore !

En face, la Guinguette des Grandes Serres se la joue beach party, ambiance paillotte et pétanque. On valide complètement. Et si vous voulez boire la bière à la source, rendez-vous à la brasserie Demory, juste derrière le canal, ou à la brasserie Gallia, derrière l’église de Pantin, qui proposent des bières brassées sur place et de la restauration fort sympathique dans leurs biergartens. C’est so Berlin !

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Voilà, il y a de fortes chances que vous nous croisiez ici ou là, le canal de l’Ourcq est vraiment notre poumon bleu, notre spot de balade, notre respiration. On espère que vous aurez aussi envie de le découvrir si c’est dans vos 100 kilomètres réglementaires !

Pour en savoir plus sur le Canal de l’Ourcq, allez faire un tour sur le site de l’Office du tourisme de Seine-Saint-Denis. On y apprend des tas de choses !


43 réflexions sur “Notre canal de l’Ourcq

  1. Là je peux dire : je connais !! Surtout le quartier des Grands Moulins de Pantin, si proche du Parc de la Villette. Mais je pense que le parc forestier de Vaujours est de loin ma portion préférée du canal !

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  2. Encore une fois, la banlieue grise a bien des atouts cachés ! Je ne connais pas du tout ce coin de la périphérie parisienne. Bien souvent, les banlieues ne se mélangent pas :), on reste dans son territoire ! Il faudrait que je me bouge un peu pour aller découvrir de ce côté là!

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  3. Totale découverte pour moi… Je suis impressionnée par le lifting du bâtiment des Magasins Généraux ! Ça laisse de l’espoir pour tous ces bâtiments abandonnés qu’on peut trouver à droite à gauche en France… Bon forcément, je ne te cache pas que personnellement je suis plus attirée par la nature alors dès que tu abordes le côté verdure des choses et que tu évoques des arbres et de l’eau, là ça m’intéresse plus encore ! Et vraiment on est plein d’espérance pour l’avenir en te lisant, ça fait plaisir. Merci pour cet intéressant partage !

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  4. J’adore cet article. Au premier abord, le canal de l’Ourcq n’a rien de forcément beau, mais il est empreint de nostalgie, de poésie et d’une âme particulière. J’ai beaucoup aimé les photos « d’avant » (je ne suis à Pantin que depuis 2013). J’adore faire du vélo le long du canal en direction de la Poudrerie.Et je vais tâcher de me rappeler le nom de Sequano-Dionysiens 🙂

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  5. C’est marrant ces photos avant-après et surtout que vous ayez pris les photos des bâtiments délabrés à une époque oú l’Urbex et le street art n’étaient pas « tendance ». Vous êtes des pionnières. Joli article.

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    1. Merci! Je ne sais pas si on était des pionnières, mais en tout cas ça claquait vraiment ce bâtiment avec tous les graffs dessus. Je suis contente d’avoir pris des photos à l’époque (et de les avoir gardées et retrouvées!).

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    1. Merci Chacha! Oui, ils graffent en plein jour sans problème. En même temps ça égaie certains coins qui seraient bien gris autrement, et puis sur des murs qui n’appartiennent à personne, donc je pense qu’on leur fout la paix. Ca fait partie de l’identité du canal.

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  6. C’est un coin que j’ai redécouvert récemment, je n’y allais pas trop car le coin était craignos des fois avant. L’année dernière, je me suis baladé vers la partie du quai de la Marne principalement, j’avais dégoté plein de super street arts et j’en avais même fait un article ! 🙂
    J’ai bien aimé aussi, un peu plus bas, la brasserie Paname Brewing Company, même si elle est vite blindée. Je suis allée sur ce que j’ai trouvé à ce moment-là, mais vous qui êtes du quartier, vous avez des petites adresses secrètes ! 😀

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    1. Ah mais il faudra qu’on te fasse découvrir la partie au-delà du périf ! En été, il y a une vraie douceur de vivre. Hier on a pu refaire une grande balade et même si ce n’est pas tout à fait comme avant, ça nous a fait tellement de bien !

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      1. C’est avec plaisir et j’aime bien découvrir des coins pas à touristes ! 🙂 Il faudra voir pour s’organiser ça quand le virus circulera moins et surtout que je puisse prendre les transports en commun en mode safe parce que là c’est pas gagné ! 😀

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  7. Quelle bonne idée de remettre à jour cet article !
    Souvenir souvenir pour moi qui ait habité Pantin, travaillé aux Buttes Chaumont et donné naissance à mon fils aîné aux Lilas. Il faut absolument que je revienne y faire un tour car ça a tellement changé ces dernières années.

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